Après le passage de trois ministres sur la scène de son Congrès, la Capeb risque bien de ne retenir qu'un nom : celui de François Rebsamen. Le ministre du Travail n'est en effet pas venu les mains vides, annonçant des avancées significatives en matière de pénibilité et de travail illégal. Détails.

En entendant la longue tirade de sujets qui l'attendaient en ce jeudi matin, lors du Congrès annuel de la Confédération artisanale des petites entreprises du bâtiment, le ministre du Travail aurait pu prendre ses jambes à son cou. Que nenni, il a répondu point par point aux invectives du président Patrick Liébus, non sans humour mais aussi avec des annonces concrètes. Pour le plus grand plaisir des adhérents présents dans la salle.

 

Le bâtiment traverse une crise sans précédent, a rappelé le président de la Capeb, évoquant en outre le moral au plus bas des chefs d'entreprises de plus en plus enclins sujets à la dépression, voire pire parfois. "L'urgence est de ne plus revivre cela", a-t-il martelé, en introduction de la seconde journée du Congrès de son organisation. Puis, il a interpellé le ministre du Travail, présent ce jeudi matin, sur les sujets qui préoccupent les entreprises.

Comment mesurer des postures ?

En premier lieu, la pénibilité. "C'est une absurdité, a-t-il osé lancer. Comment voulez-vous que l'on mesure telle ou telle posture ?". Rires et applaudissement de l'auditoire et même de... François Rebsamen. "C'est un dispositif totalement inapplicable dans nos entreprises, il faut qu'il soit abrogé ou revu de fond en comble", a-t-il aussi demandé. Le ministre du Travail a renchéri : "Pénibilité ? Qui a trouvé ce nom ? On devrait plutôt parler de bonus pour les travailleurs ! En tout cas, ce n'est pas notre Gouvernement, ça vient de plus loin", s'est-il amusé. Il s'est alors dit conscient de la complexité du système et de ce qu'elle représente pour les petites entreprises, il s'est indigné, à son tour : "Comment ont-ils pu imaginer qu'on puisse mesurer ces dix facteurs ? Je n'en reviens pas". Rappelant les deux missions qui ont été dépêchées pour trouver des solutions à l'application de ce compte pénibilité, et pris dans son élan, il a déclaré : "Il n'y aura pas de fiche individuelle à remplir pour les petites entreprises à partir du mois de juin. Et s'il faut supprimer des critères inapplicables, on les supprimera ! Il vous faut de la simplicité". Ovation du public.

Le décret "liste noire" publié avant l'été

Sur sa lancée, le ministre du Travail a rebondi sur le sujet du travail détaché illégal, "vrai fléau et séisme pour nos entreprises", a rappelé Patrick Liébus. "Il est inacceptable que vos entreprises perdent des marchés parce que d'autres abaissent leurs coûts en employant une main-d'œuvre moins chère", a clamé François Rebsamen. Il a ainsi égrené les récentes mesures prises par ses équipes, ainsi que le décret du 30 mars sur la loi Savary, pour finalement s'engager à publier "avant l'été", le dernier décret relatif à la liste noire d'entreprises identifiées comme ayant des pratiques illégales afin de les exclure des commandes publiques. Une demande pressante de la Capeb.

 

Interrogé à l'issue du discours du ministre, Patrick Liébus nous a confié : "Le rendez-vous avec le Président de la République a porté ses fruits. Les choses bougent. Hier, c'était la prolongation du CITE et le renforcement du budget de l'Anah, aujourd'hui, on remet en cause le compte pénibilité et le ministre du Travail déclare soutenir la TVA minorée… On ne lâchera rien". Reste à savoir si ces promesses seront réalisables...

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