Quatre jours après le dépôt des offres pour le rachat des autoroutes françaises (le 21 août dernier), pratiquement tous les candidats étaient déjà connus, avec une forte présence de fonds d'investissements, pour une opération qui pourrait rapporter à l'Etat entre 10 et 14 milliards d'euros.

Le ministère des Finances avait annoncé lundi 21 août sans plus de détails que 18 investisseurs français et étrangers s'étaient déclarés candidats pour la vente des Autoroutes du sud de la France (ASF), de la Société des autoroutes du Nord et de l'Est de la France (Sanef) et d'Autoroutes Paris-Rhin-Rhône (APRR).

La liste de repreneurs donnés partants était déjà longue lundi 21 août, les français Vinci et Eiffage, les espagnols Abertis, Itinere et Fomento de Construcciones y Contratas (FCC), l'italien Autostrade et le fonds d'investissement australien Macquarie Infrastructure Group ayant préalablement manifesté leur intérêt.
L'espagnol Cintra, qui s'était auparavant déclaré intéressé, refusait lundi d'indiquer s'il avait déposé une offre.
Depuis, les autres candidats se sont pratiquement tous dévoilés, tandis que les offres de certains groupes se sont précisées. La désignation définitive des lauréats est prévue pour l'automne.
Selon une source proche du dossier, Abertis aurait abandonné le dossier ASF -- mais pas les autres -- faute d'avoir trouvé un partenaire investisseur solide et devant la pression exercée par Vinci sur cette société, qu'il détient déjà à hauteur de 23%. Abertis pourrait craindre aussi la polémique sur le rachat d'ASF par un étranger.
La Caisse des dépôts a annoncé mardi s'être portée candidate pour reprendre une participation dans la Sanef, à hauteur de 25%, et dans APRR, une offre pour laquelle elle s'est associée à Autostrade et à un consortium d'investisseurs institutionnels français.
Dans ce montage, la Caisse des dépôts détient 30% tout comme Autostrade, le consortium d'investisseurs (les assureurs Axa, AGF et Predica, filiale d'assurance vie du Crédit Agricole) participant à hauteur de 40%.
Le fonds d'investissement européen PAI Partners et le fonds britannique de LBO Terra Firma ont en outre déposé des offres dans le cadre de ce processus de privatisation, selon Les Echos de mercredi.
PAI Partners serait candidat à une tranche d'environ 25% chez Sanef et LBO Terra Firma se serait porté candidat sur un ou plusieurs des dossiers de privatisation.
Le fonds australien Macquarie Infrastructure Group (MIG) a confirmé jeudi avoir déposé conjointement avec Eiffage des offres sur la Sanef et APRR. MIG n'a pas précisé si les offres concernaient la totalité ou non du capital restant à privatiser des deux sociétés autoroutières. Eiffage n'a pas fait de commentaire. La presse évoque aussi la candidature de trois fonds canadiens.
Au total, 11 candidats sur 18 se sont désormais dévoilés et cinq autres ont été mentionnés par la presse. Plus de la moitié de ces candidats sont des fonds d'investissement.
Reste à savoir si Vinci sera le seul candidat en lice pour reprendre les ASF, premier concessionnaire français.
Le ministre des Finances, Thierry Breton, a indiqué jeudi s'attendre à récolter entre 10 et 14 milliards d'euros, qui seront consacrés prioritairement à la réduction de la dette.
Le ministre a aussi souhaité «réinvestir immédiatement» pour avoir «plus de moyens sur les infrastructures de routes ou ferroviaires, plus de moyens dans l'industrie dans le cadre de l'agence de l'innovation et pour (...) les grands travaux d'infrastructures».
Les organisations syndicales des sociétés d'autoroutes ont réaffirmé mardi leur opposition à la privatisation totale des sociétés d'autoroutes, «décision unilatérale du gouvernement». L'ensemble de la classe politique s'est émue cet été de la privatisation en cours.

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