INTERVIEW. « BIM et construction bois : quels changements pour les professionnels ? ». C'est le thème du débat organisé par BoisLim, qui a rassemblé un grand nombre d'acteurs de la filière autour des enjeux et des avantages à tirer du BIM. Hugues Petit-Etienne, prescripteur bois construction, nous dresse le bilan de ces échanges.

Batiactu : Pourquoi avoir organisé cette rencontre sur le thème « BIM & construction bois » ? La filière se démarque-t-elle tant de celles dites « traditionnelles » ?
Hugues Petit-Etienne :
En effet, c'était un des enjeux premiers : montrer que la filière bois-construction se démarque des autres secteurs. Car nous avons fait le constat suivant : notre filière est déjà pas mal numérisée, par rapport au béton ou à la pierre, et ce grâce aux méthodes de travail qui nous sont propres.

 

Ainsi, une grande partie des acteurs est positionnée sur de la préfabrication, qui requiert d'intégrer les outils liés au numérique dès l'amont. Sans compter tous les métiers de l'ossature bois qui sont prêts depuis longtemps… L'idée était donc de rebondir sur cette avance, de ne pas prendre de retard par rapport aux évolutions du BIM. Ce qui nous intéressait, c'était de pouvoir regrouper les acteurs de la filière (entreprises de construction, maîtres d'œuvre, fabricants, artisans…) et montrer qu'ensemble, on pouvait faire avancer les choses. Nous avons la chance d'avoir un maillage plus serré et plus local que d'autres filières,

 

Batiactu : Les industriels de la filière sont-ils prêts ?
H. P.-E. :
Il y a un travail mené par le FCBA, qui fait qu'au lieu que chacun travaille de son côté, il y a une mutualisation des données dans une base commune, limitant ainsi les investissements individuels. Mais ne nous leurrons pas : le BIM n'est pas un outil miracle ! La solution viendra de l'humain, car cela nécessite du temps pour coordonner les projets, et bien sûr de l'argent.

 

Batiactu : Quels avantages le BIM peut-il vous apporter ?
H. P.-E. :
C'est là le hic. Nous comprenons bien l'intérêt pour le maître d'ouvrage en termes de gestion de patrimoine, mais pour les professionnels, ce n'est pas encore évident. Notamment à cause de ces questions de temps et d'argent. Car utiliser le BIM, je le répète, nécessite beaucoup de travail de formation, de coordination. Ce surcoût doit être pris en charge par le maître d'œuvre, dans ce cas-là, ce serait rentable pour les entreprises.
Aujourd'hui, c'est donc perçu comme une contrainte de plus, même si l'on est conscient de l'enjeu que cela représente pour demain. Mais à l'heure où l'on parle de faire des économies, la prestation doit-elle devenir plus chère à cause du BIM ?

 

Batiactu : Est-ce à dire que c'est un obstacle que vous ne souhaitez pas surmonter ?
H. P.-E. :
Au contraire, nous avons bel et bien un pied dedans ! Nous avons les structures et les méthodes de travail pour. Nous n'avons pas de frein majeur, si ce n'est, encore une fois, le temps et le financement.

 

Sans compter que le BIM sera un véritable coup de pouce pour recruter des jeunes dans nos entreprises. Une aubaine !

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