Quatre ministères et l'Association des régions de France viennent de signer le premier contrat de filière du Comité stratégique de la filière bois (CSF Bois), qui doit définir une stratégie à long terme pour la filière et ses acteurs. Ce contrat inédit n'est toutefois pas approuvé par tous. Explications.

Les représentants des ministères de l'Ecologie, de l'Agriculture, de l'Economie et du Logement, ainsi que l'Association des régions de France (ARF) ont signé, le 16 décembre 2014, le premier contrat de filière du Comité stratégique de la filière bois (CSF Bois). Ce contrat inédit intervient dans le cadre du Conseil National de l'Industrie (CNI), installé le 10 mars dernier, qui vise à élaborer une politique de filière engageant les pouvoirs publics et les professionnels.

Plan d'actions et défis à relever

Il marque également la volonté et l'engagement de l'Etat et des acteurs de développer la filière industrielle en valorisant la ressource forestière française, en renforçant sa compétitivité et la création d'emplois en France. Pour rappel, la filière bois représente 440.000 salariés, couvre un tiers de la surface du territoire, compense 20% des émissions de CO2 et contribue à 46% aux énergies renouvelables du pays. C'est également 60 milliards d'euros de chiffre d'affaires, mais un déficit commercial de plus de 5 milliards d'euros.

 

Les premières mesures devraient être mises en place dès 2015, autour de quatre grands défis : piloter une stratégie globale interministérielle et interprofessionnelle ; établir une synergie avec le développement régional ; sécuriser les approvisionnements, en favorisant la contractualisation, en investissant dans la mobilisation et le reboisement et en optimisant la ressource ; établir un nouveau plan "Bois Construction Rénovation Environnement" en faisant la promotion des qualités écologiques du bois, en soutenant la R&D, la formation, la promotion et la prescription, précise le CSF Bois, dans un communiqué.

Les raisons de la colère

Cependant, la mécanique de ce contrat qui semblait bien huilée a été grippée par le refus de la Fédération nationale du bois (FNB) d'apposer sa signature. Dans une lettre à Stéphane Le Foll, ministre de l'Agriculture, son nouveau président, Philippe Siat, s'insurge : "(…) La FNB ne peut cautionner ce contrat qui ne va pas dans le sens d'une filière française du bois forte. Et, comment le gouvernement peut-il signer aujourd'hui un contrat de filière sans la FNB [1.750 entreprises représentées, ndlr] ?". Et d'expliquer ses motivations : d'abord, les exportations massives de bois ou grumes vers l'Asie, qui représente un manque à gagner de 800 M€ de valeur ajoutée rien qu'en 2013, estime-t-il. Un problème qu'avait déjà soulevé, en juillet dernier, la FNB en interpellant le ministre. Deuxième raison du mécontentement : l'investissement, la FNB déplorant qu'aucun dispositif de provision pour investissements n'ait été retenu par le gouvernement dans le comité stratégique de filière. Dernier point d'achoppement : le manque de bois. "Il manque à ce jour 3 à 5 millions de m3 pour servir tous les industriels hexagonaux. Développer la demande en bois sans résoudre préalablement et durablement le problème de la mobilisation forestière constitue à nos yeux une menace sérieuse pour l'industrie française", détaille Philippe Siat dans son courrier. Toutefois, la Fédération dit "rester ouverte aux aménagements utiles pour que ce contrat emporte le consensus attendu par tous"…

actionclactionfp