UN PROJET/UNE PARTICULARITE. Le groupe de construction japonais Shimizu a dévoilé un projet digne d'un film d'anticipation : une ville pensée comme une bouteille à la mer où des sphères flottantes abritent des espaces de vie, d'activité et de loisirs. Une planche de salut pour l'Humanité face à la montée des océans ?

Développer une nouvelle interface entre l'Homme et l'Océan. Telle est la mission que se sont fixé les ingénieurs japonais de Shimizu, qui n'en sont pas à leur coup d'essai. Tournés vers l'avenir, ils ont déjà imaginé un hôtel lunaire et récidivent avec "Ocean Spiral", une ville aquatique en eau profonde. Leur concept vise à relier l'atmosphère, la surface et les profondeurs grâce à une immense structure semi-flottante. Selon ses promoteurs, la solution permettrait de s'affranchir des contraintes de place sur des côtes surpeuplées, tout en exploitant les ressources "infinies" des mers du globe, en termes d'énergie, d'eau ou de nourriture.

 

Structurellement, la ville est nichée au cœur d'une sphère de 500 mètres de diamètre qui affleure la surface de l'océan. Dans cette zone, dite "euphotique", la lumière solaire permet de faire pousser algues et plantes réalisant la photosynthèse qui capture du gaz carbonique et relâche de l'oxygène. En dessous de cette sphère, se trouve un collier de perles plus petites, chargées de stabiliser l'ensemble grâce à du ballast, ajusté en fonction de la profondeur souhaitée. Si, lors des périodes de beau temps, la ville reste semi-immergée, elle est ramenée vers le fond lors des événements climatiques violents - tempêtes ou typhons - où la masse de l'océan absorbe la force des éléments. A l'inverse, lors des opérations de maintenance, la ville peut-être émergée de façon plus complète en vidant totalement ces réservoirs de ballast et en les remplissant d'air.

 

Découvrez les autres secrets de la ville sous-marine en images.

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Perles

Ocean Spiral
Ocean Spiral © Shimizu Corporation
Mais les sphères recèlent d'autres fonctions, notamment d'élevage de microorganismes marins à une certaine température, afin de fournir une source d'alimentation à des fermes piscicoles. L'ensemble de la structure est reliée au fond de l'océan, situé 3.000 mètres plus bas, par des câbles ainsi que par une immense spirale qui permet également de faire le lien avec les installations techniques posées sur le plateau océanique. Outre l'injection de CO2 dans le sous-sol et l'exploitation d'éventuelles ressources gazières, les ingénieurs insistent sur une mission de surveillance de l'activité sismique sous-marine. Car pour les concepteurs nippons de l'Ocean Spiral, la ville doit être plus sûre que les cités côtières, à la merci de tremblements de terre et de tsunamis dévastateurs. Une préoccupation de premier plan au Japon depuis la catastrophe de Fukushima.

Coût pharaonique

Ocean Spiral
Ocean Spiral © Shimizu Corporation
Pour la construction proprement dite, Shimizu imagine l'emploi, à très grande échelle, de l'impression 3D pour le béton et les résines formant la gigantesque sphère. L'ensemble de la cité lacustre sera, par ailleurs, entourée par une muraille brise-lame flottante, servant également de débarcadère à des navires de croisière faisant escale dans cet îlot artificiel et avant-gardiste. Le groupe japonais estime que la qualité de vie, à bord de l'Ocean Spiral, sera particulièrement bien préservée, notamment grâce à une température idéale tout au long de l'année et à des apports lumineux bien contrôlés. Reste une inconnue de taille : le coût de construction d'une de ces Atlantide… Le chiffre de 20 Mrds € est avancé pour une date de réalisation en 2030.

Fiche technique

Ocean Spiral
Ocean Spiral © Shimizu Corporation

Structure : sphère géodésique de 500 mètres de diamètre en béton
Habillage : panneaux d'acrylique de 3 mm + fibre de verre renforcée de plastique
Climatisation : circulation naturelle de l'air par convection
Chauffage : conversion de l'énergie thermique des océans
Source d'énergie : production de méthane à partir de CO2
Revenus : exploitation de ressources minérales et métalliques

Programmation

Ocean Spiral
Ocean Spiral © Shimizu Corporation
Les étages supérieurs de la structure interne seront réservés aux hôtels et espaces de conférence. Suivront verticalement les habitations, les zones de travail, d'autres logements puis enfin les laboratoires et installations de recherches scientifiques. Diverses promenades seront aménagées afin de relier les espaces entre eux.

Blue garden

Ocean Spiral
Ocean Spiral © Shimizu Corporation
L'une de ces promenades se nommera "Blue garden" : elle se situera à l'équateur de la sphère principale. Elle se développera donc sur un peu plus d'un kilomètre et demi, de quoi satisfaire les adeptes du jogging ou de la marche sportive.

Central plaza

Ocean Spiral
Ocean Spiral © Shimizu Corporation
Les concepteurs imaginent également des espaces de travail et d'échange aux alentours de Central plaza, le cœur de la cité aquatique.

Réseau mondial

Ocean Spiral
Ocean Spiral © Shimizu Corporation
Shimizu envisage que des réseaux de villes sous-marines soient créés dans tous les océans du globe, au large du Japon et des Etats-Unis dans le Pacifique, en Australie et Nouvelle-Zélande vers la mer de Corail, sur le pourtour de l'océan Indien et dans l'Atlantique, aussi bien nord (Gibraltar, Floride, Cuba) que sud (Brésil, Argentine). Ils ont identifié plus d'une vingtaine de sites propices à travers le monde.

Surface

Ocean Spiral
Ocean Spiral © Shimizu Corporation
La partie émergée de la ville rappelle presque Atlantis, la base sous-marine secrète de Stromberg, milliardaire fou, ennemi de James Bond dans "L'espion qui m'aimait". La cité submersible est munie d'une barrière flottante anti-vagues et d'un terminal pour le débarquement de passagers des paquebots.

Circulation d'air

Ocean Spiral
Ocean Spiral © Shimizu Corporation
Le rafraîchissement de l'air sera réalisé par convection naturelle tandis que l'éventuel réchauffement proviendra d'une exploitation du potentiel thermique de l'eau environnante. On note que l'épaisseur de la coque va grandissante de haut en bas, 500 mètres séparant le haut du bas de la structure.