CONJONCTURE. Si les chiffres prouvent que la reprise est bien là dans le bâtiment, en revanche la Fédération Française du Bâtiment montre une certaine inquiétude pour l'avenir.

Les années de crise sont bien terminées dans le bâtiment. 2016 marque la reprise du secteur. Un redressement qui se confirme et se poursuit cette année. 2017 devrait même être meilleure que prévue. Lors d'une conférence de presse de la FFB ce mercredi 13 septembre 2017, Jacques Chanut, son président, a annoncé que les chiffres du premier semestre et les prévisions du second laissent présager une croissance de l'activité dépassant les 4% soit plus que prévu initialement (+3,6% annoncé fin 2016). Le dynamisme dans le neuf se démontre dans tous les segments et explique cette croissance.

 

L'activité amélioration et entretien semble également plus dynamique que prévu. "De fait, pour la première fois depuis 2011, l'opinion des chefs d'entreprise sur le marché et sur ses perspectives se redresse y compris chez les artisans", note le président de la FFB qui souligne cependant que l'on "reste loin des promesses du Grenelle de l'environnement" et que les travaux entre deux locations dans le privé "descendent aux abîmes depuis 2014". Autres bonnes nouvelles pour le secteur : l'emploi se redresse avec 15.900 postes créés depuis 2017 et la situation des entreprises s'améliore grâce à des carnets de commandes qui se regarnissent. Ainsi, on constate un recul des défaillances de 14,4%, en glissement annuel sur les 5 premiers mois de l'année.

 

Des inquiétudes apparaissent

 

Cependant, malgré ces bons chiffres, Jacques Chanut se montre inquiet et craint une "inflexion dans les mois à venir". Certes, les chiffres dans le neuf sont bons mais il faut noter que sur un an les ventes de logements ont "décroché au second trimestre dans l'individuel comme dans le collectif".

 

Ajouté à cela, le futur plan Logement que le Gouvernement doit présenter ce 22 septembre. Car cette nouvelle stratégie pour le logement inquiète la FFB : "plusieurs prises de parole officielle dénotent un véritable changement de ton à l'égard de l'immobilier au sens large", confie Jacques Chanut. Et les sujets d'inquiétude sont multiples. Il y a d'abord le projet d'Impôt sur la fortune immobilière (Ifi) qui constituerait "une nouvelle négation du rôle économique des investisseurs". La FFB réclame donc sa suppression. Et puis, il y a le devenir de dispositifs Pinel et PTZ dont Jacques Chanut craint "une dénaturation", ce qui l'inquiète grandement. Quant à la simplification des normes, la fédération y est favorable mais estime qu'il y a un problème de calendrier. Faire un nouveau référentiel prend du temps. Et alors qu'un nouveau plan doit être mis en place, il risque d'y avoir un télescopage entre les réformes.

 

 

Favoriser l'appretissage

 

Enfin, interrogé sur le plafonnement du chiffre d'affaires des micro-entrepreneurs, Jacques Chanut juge inacceptable qu'il y ait des différences de traitement. Il observe même que de plus en plus d'artisans s'interrogent pour changer de statut. Mais il tire la sonnette d'alarme : "avec ce statut, on ne prend pas d'apprentis", rappelle-t-il. Une incohérence selon lui alors qu'il faudrait au contraire "un choc pour sensibiliser les jeunes". Si pendant des années, il y avait plus d'apprentis que d'entreprises, en raison de la crise, la tendance s'inverse. En 2008, il y avait environ 100.000 apprentis. Ils ne sont plus que 70.000, déplore Jacques Chanut même s'il note que ce chiffre se stabilise. Avec la reprise, les entreprises ont désormais du mal à trouver des apprentis. Il faut donc aider l'apprentissage en faisant comprendre aux jeunes le potentiel de cette filière. "Nos métiers sont éternels", conclut le président de la FFB qui en profite pour vanter "les belles carrières" qu'offre le bâtiment.

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