A la veille de l'examen en conseil des ministres du projet de loi " relatif aux salaires, au temps de travail et au développement de l'emploi ", Christian Baffy, président de la Fédération Française du Bâtiment a critiqué l'attitude, trop prudente, du gouvernement sur ce dossier.

Pour la rentrée sociale, la Fédération française du bâtiment, par la voix de son nouveau président Christian Baffy, a regretté la timidité du projet de décret sur l'assouplissement des 35 heures, estimant qu'il "n'est pas encore satisfaisant".

Christian Baffy déplore notamment que le décret sur les 180 heures supplémentaires ne soit pas pris de manière définitive (ndlr : ce décret sera limité à 18 mois).

"Il y a bien un assouplissement dans le sens que nous demandions, mais il est regrettable que le gouvernement n'ose pas briser, lui-même, une bonne fois pour toutes, le verrou du contingent légal (130 heures) et se retranche derrière les partenaires sociaux pour qu'ils achèvent le travail", a-t-il dit lors de sa première conférence de presse.

La FFB estime que le gouvernement veut faire de ce décret un enjeu de négociation paritaire. Mais pour Christian Baffy, les interrogations sont nombreuses. " Que se passera-t-il à l'issue de ce délai si la négociation n'aboutie pas. Et dans l'immédiat, comment nos accords de branche qui prévoient déjà un contingent de 180 heures vont-ils s'articuler avec le nouveau décret ? " s'interroge-t-il.

Concernant le projet de loi sur le SMIC et les allègements de charges, la Fédération est tout aussi sévère sur les intentions du gouvernement et se déclare déçue par rapport aux promesses électorales sur une baisse du coût de travail. " Les allégements de charges annoncés ne couvrent pas en totalité les augmentations salariales que vont entraîner les relèvements successifs du SMIC d'ici à 2005 " se plaignent les professionnels du bâtiment.

La FFB a également dénoncé "l'inégalité de traitement" entre les entreprises de 20 salariés et moins, qui ont des conditions plus avantageuses d'heures supplémentaires, et celles employant plus de 20 salariés. "Il faut arrêter de saucissonner les entreprises comme le fait actuellement. Ce n'est pas sain, car cela ne va pas dans une logique de développement " explique Christian Baffy.

Autre sujet d'inquiétude pour la FFB : la probable baisse des crédits du ministère du Logement dans le projet de budget 2003. Toutefois, Christian Baffy - qui a questionné Gilles de Robien sur ce point - se veut confiant, même s'il pas a reçu d'engagements fermes du ministre, les arbitrages n'étant visiblement pas encore clos.

Comme pour se rassurer, les professionnels du bâtiment ont rappelé " qu'afin d'éviter toute aggravation du repli de l'activité, il est indispensable de préserver l'environnement institutionnel ". Et Christian Baffy d'énumérer la pérennisation du dispositif de la TVA à 5,5%, un effort en faveur de l'ANAH, une restauration de l'efficacité du PTZ, un engagement réel du renouvellement urbain avec l'aide du 1% et une adaptation du régime fiscal de l'investissement locatif privé.

Des préoccupations dont la portée est d'autant plus grand que l'environnement économique est incertain. Même si le niveau des carnets de commandes reste bon - il est de 5,7 mois en juillet - le recul des permis de construire (et particulièrement dans le non résidentiel) n'augure rien de bon pour 2003.

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