TENDANCE. Le mouvement de féminisation se poursuit au sein des professionnels de l'architecture, constate l'étude Archigraphie2 du CNOA. Quelles sont les raisons de ce phénomène ? Quels sont leurs revenus, quel statut privilégient-elles ?

Poursuivons notre série sur la profession d'architecte avec une tendance qui se confirme : celle de la féminisation des architectes. L'étude Archigraphie2 du CNOA révèle que les femmes représentent désormais plus du quart des effectifs (27%). Un phénomène encore plus marqué chez les moins de 34 ans, puisqu'elles représentent en 2015, 46,2% des effectifs de la profession. En guise de comparaison, l'étude rappelle que les femmes représentaient seulement 7,5% des inscrits à l'Ordre en 1982.

 

"C'est un rattrapage logique", réagit Marine de la Guerrande, vice-présidente de l'Ordre des architectes d'Île-de-France. "Cette tendance se constate depuis plusieurs années et c'est un juste retour des choses", nous a-t-elle confiés. Cette féminisation "permet de mieux répondre aux attentes de la société", ajoute-t-elle.

 

Dans quel type d'activité sont-elles les plus présentes ?

 

Les chiffres sur l'évolution des proportions des types d'activité des inscrits montrent que les associés et les libéraux représentent 90% des effectifs des architectes. Or, l'étude pointe aussi que la part des femmes dans ces catégories d'activité tourne autour de 25 et 26% en 2015. Pour Marine de la Guerrande, "cette étude confirme que les femmes ont des modes d'exercice plus diversifiés, hors du champ de la simple maîtrise d'oeuvre".

 

Toujours selon l'étude, la féminisation des architectes est plus rapide dans la fonction publique. Cette part a même été multipliée par deux entre 2000 et 2015, passant de 21 à 43% de femmes. Concernant les architectes salariés, les femmes poursuivent leur progression. En 2015, quatre architectes salariés sur dix sont des femmes, contre 29% en 2000.

 

Deux fois plus de jeunes femmes architectes au chômage

 

Si les femmes cherchent des moyens différents d'exercer, il faut se reporter aux chiffres du chômage chez architectes. Certes, l'étude indique qu'il y a désormais autant d'hommes que de femmes parmi les architectes inscrits au chômage (2.290 femmes et 2.410 hommes en 2016). Mais si on regarde la répartition par tranche d'âge, on constate que les femmes de moins de 25 ans (donc les jeunes diplômées) sont deux fois plus nombreuses (6%) que leurs collègues du même âge (3%). Il y a encore des craintes à embaucher des jeunes femmes au sein des cabinets. "Lorsqu'elles rencontrent des difficultés à être embauchées, elles vont être plus enclines à s'orienter vers d'autres champs, d'autres modes d'exercice", estime la Vice-présidente de l'Ordre des architectes d'Île-de-France.

 

Cela peut aussi expliquer que le statut d'auto-entrepreneur séduise de plus en plus de jeunes (Voir notre article sur les statuts). Rappelons qu'en 2014, les architectes âgés de moins de 35 ans, exerçant leur activité en auto-entrepreneur, représentent 65 % des architectes pour cette tranche d'âge.

 

Quels revenus ?

 

Comme nous l'évoquions dans l'article sur les revenus des architectes, les femmes ont des revenus plus faibles que leurs homologues masculins. Selon les données de l'étude, en 2014 les revenus moyens des hommes est de 47.469 € et de 26.924 € pour les femmes. Le graphique montre que plus l'âge augmente et plus l'écart se creuse entre hommes et femmes.

 

 

Cette situation concourt notamment au rééquilibrage de la rémunération même s'il reste du chemin à parcourir

 

Mais la lecture de certains éléments de cette étude est "un instantané", tient à nous préciser Marine de la Guerrande. "Les jeunes sont davantage formées et sensibilisées à ces questions de rémunération et donc plus aptes à y faire face aujourd'hui ", souligne-t-elle. L'architecte francilienne se veut encourageante et estime que "ces écarts devraient se réduire avec la nouvelle génération". Elle ajoute aussi que de nos jours "il est rare d'être la seule femme dans une agence, contrairement à il y a trente ans. Elles sont de fait moins isolées. Aujourd'hui les jeunes femmes architectes ont plus de chances d'avoir des interlocuteurs femmes. Cette situation concourt notamment au rééquilibrage de la rémunération même s'il reste du chemin à parcourir."

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