SOLUTION TECHNIQUE - Les souffleries sportives sont généralement installées dans des bâtiments dédiés. Mais comment faire pour en installer une, de grandes dimensions, au cœur d'une galerie commerciale déjà existante ? Eléments de réponse avec Lionel Lacombe, dirigeant fondateur de Build Up, architecte et maître d'œuvre d'exécution.

Les simulateurs de chute libre indoor se multiplient dans le monde : ils permettent de vivre les sensations du parachutisme… au niveau du sol, et en toute sécurité. Le paysage mondial de cette activité est dominé par la société texane iFly International, qui détient plus de la moitié des parts de marché. Lionel Lacombe, architecte et fondateur de Build Up, une société d'architecture française, nous explique : "Dans le cadre de Vill'Up nous avons eu la maîtrise d'œuvre entre la fin de 2012 et la mi-2015. Apsys nous a confié la mission de conception d'une soufflerie pour la chute libre pour laquelle nous avons travaillé avec iFly, le leader de la discipline, sur ce projet particulier pour eux. D'habitude les bâtiments qui abritent ces équipements sont 'stand alone' et ils peuvent prendre des formes variées bien que l'aspect architectural soit généralement basique". Le maître d'œuvre poursuit : "Mais là, c'était une première mondiale, puisque la soufflerie devait être installée dans un bâtiment préexistant, et pas n'importe lequel, celui de la Cité des Sciences".

 

Une structure de plus de 25 mètres de haut

 

Soufflerie sportive
Soufflerie sportive © Barriquand

L'architecte évoque le défi à relever pour faire rentrer cette machinerie volumineuse dans la quatrième travée de l'édifice, tout en respectant l'existant. "Les problématiques à résoudre étaient liées aux vibrations et au bruit, pour ne pas perturber les salles de cinéma situées à proximité", nous raconte-t-il. "Nous avons opté pour une structure totalement indépendante, afin d'éviter la transmission des vibrations. Elle dispose donc sur ses propres fondations, des micropieux, sur lesquels vient reposer le plénum, la boîte de béton qui contient des installations techniques dans sa partie basse", poursuit Lionel Lacombe. Le process consiste ensuite à créer un circuit d'air fermé, accéléré par quatre ventilateurs géants, situés en partie haute, et dont le flux est canalisé par des gaines métalliques ("return air towers") vers le plénum puis un entonnoir ("inlet contractor") où sa vitesse est encore accrue. "Puis l'air est diffusé dans un tube vitré de 14 mètres de haut, plus du double de la normale. Ce tube a été fabriqué en Chine et a nécessité un ATex. C'est vraiment un équipement exceptionnel, de dimensions spectaculaires qui créé l'événement dans l'atrium de Vill'Up", nous confie l'architecte.

 

Les "chuteurs" pénètrent dans la veine d'air grâce à une chambre de pré-vol, sorte de sas latéral au niveau 0. Il est possible, grâce aux proportions de la soufflerie, de faire "voler" six personnes en même temps. Le flux d'air est ensuite ralenti dans un diffuseur à la forme évasée, surplombé par un "service deck" où sont localisées des installations techniques et électriques. "La structure métallique fait 25 mètres de haut en tout. La charpente a été conçue par ICM, et tout a été gruté par le haut, au travers d'un trou de 8 mètres par 20, un espace minuscule en réalité", relate le maître d'œuvre. Pour l'insonorisation des lieux, outre un matériau posé sur les parois opaques, un travail a été fait sur les amortisseurs placés sous les ventilateurs géants. "Tout a été étudié, recherché, testé, pour passer des standards américains aux normes françaises, qu'il s'agisse de matériaux, de désenfumage… tous ces aspects ont été vus", nous raconte Lionel Lacombe.

 

Soufflerie sportive
Soufflerie sportive © iFly

 

Un projet "exceptionnel" en développement à Doha

 

 

L'aspect architectural n'a pas été oublié, avec la création d'un espace commercial attenant de 450 m², où iFly a développé un nouveau concept de boutique, à l'image plus qualitative que dans ses autres antennes. "C'est véritablement leur flagship mondial", assure l'architecte, qui évoque un budget de 14 M€ HT pour toute l'opération. Un record que pourrait faire tomber un autre projet dont Build Up a aussi la charge, qui doit se faire à Doha (Qatar). Il nous en dit plus : "Ce sera un équipement destiné à l'entraînement des troupes qui aura également une vocation commerciale, implanté dans Aspire Zone, la cité des sports de Doha. La proposition de notre cabinet mêle la soufflerie et un ensemble de loisirs dans un bâtiment de 4.000 m² qui aura la particularité d'avoir une grande vitrine offrant une vue vers l'extérieur très attractive". L'étude de faisabilité a été rendue et le projet est en cours de développement, avec une date d'ouverture estimée à fin 2018. "Ce projet aura une visibilité exceptionnelle, et l'aspect architectural en fera un élément singulier. Tous les ingrédients d'un succès sont réunis, notre premier à l'export", conclue-t-il, satisfait. Une réussite qui pourrait amener d'autres contrats dans cette région du monde et ouvrir une nouvelle ère pour le cabinet.

 

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