RENOVATION. Chargé d'agrandir l'une des maisons individuelles de la Cité expérimentale de Merlan, à Noisy-le-Sec, en région parisienne, l'architecte Nicolas Geus a osé proposer une extension au look résolument moderne : zinc noir en façade et excroissances acidulées en guise d'ouvertures. Retour en détails sur cet audacieux projet.

La cité de Merlan, à Noisy-le-Sec (Seine-Saint-Denis), est une référence en termes d'architecture. Et pour cause : construite au lendemain de la Seconde guerre mondiale, dans un contexte de reconstruction, elle regroupe des pavillons édifiés selon les systèmes constructifs innovants de l'époque. Ils ont été testés grandeur nature par le ministère de la Reconstruction et de l'Urbanisme de manière à éventuellement pouvoir être réemployés ailleurs à plus grande échelle.

 

Sur les 56 pavillons construits à l'origine, il n'en reste aujourd'hui plus que 45 qui sont protégés au titre des monuments historiques. Inutile donc de dire que toute intervention architecturale sur eux est scrupuleusement observée. Un contexte délicat qui n'empêche cependant pas les architectes de les moderniser, parfois même en faisant preuve d'une certaine audace. Comme l'est le projet de l'architecte Nicolas Geus, fondateur de l'agence Alternatives Architecture, que nous vous invitons à découvrir en détails en pages suivantes.

 

Rendez-vous en page suivante pour lire la suite de l'article et découvrir les étapes importantes du chantier.

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Une extension réalisée dans le respect de l'existant

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Alternatives Architecture © Alternatives Architecture
La demande des propriétaires était simple : bénéficier d'une chambre en plus à l'étage. Une requête à laquelle Nicolas Geus a répondu en proposant une extension de 40 m2 accolée au bâtiment existant. Elle reprend strictement ses proportions et s'inscrit dans son parfait alignement. "Nous avons respecté l'existant mais avons tout de même tenu à lui apporter une touche de modernité", explique l'architecte.

 

Une chambre en plus et, en prime, une pièce à vivre

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Déployée sur deux niveaux, comme la maison, l'extension abrite une pièce à vivre au rez-de-chaussée, accessible par un passage depuis la cuisine, et la fameuse chambre manquante à l'étage qui est connectée à la partie nuit du logement. Plutôt que "d'une chambre" mieux vaut-il d'ailleurs parler de suite parentale car elle est agrémentée d'une salle de bains et d'un dressing. "En créant ce nouvel espace à vivre, nous avons été plus loin que la demande initiale mais cela nous a permis d'optimiser au mieux l'espace disponible sur la parcelle et d'ouvrir la maison sur le jardin", commente Nicolas Geus.

 

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Réorganisation R+1 existant

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Quelques travaux qui n'étaient pas au départ prévus au programme ont donc été entrepris, notamment le remaniement du R+1 existant : "La salle de bains d'origine a été supprimée et remplacée par un coin bureau sur le palier et une salle de douche a été créée dans l'ancien dressing, proche des chambres des 3 enfants".

 

Ci-contre, la maison côté rue avant l'ajout de l'extension.

Plan façade Nord-Ouest

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Deux petites ouvertures ont été créées côté rue. Elles sont réalisées en profilés aluminium et double vitrage à isolation renforcée.

Plan façade Sud-Est

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Côté jardin, une baie vitrée en accordéon a été installée au rez-de-chaussée de manière à ouvrir la pièce à vivre sur l'extérieur. Les propriétaires peuvent ainsi mieux profiter de leur jardin.

Un chantier sec donc rapide

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Par respect de l'existant, Nicolas Geus a également choisi un procédé constructif très similaire à celui d'origine. Il s'agit de profilés de tôle d'acier pliés et boulonnés qui ont été assemblés pour former une gigantesque ossature métallique.

Une structure sandwich

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Elle a été complétée à l'intérieur avec des carreaux de plâtre, des panneaux de fibre de bois à l'extérieur et, au milieu, de la ouate de cellulose insufflée. "La structure étant arrivée sur le terrain pré-fabriquée et étant réalisée entièrement en filière sèche, le travail des équipes sur place a été beaucoup simplifié", note l'architecte.

Deux ouvertures pour relier l'extension à la maison

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La création des ouvertures pour connecter l'extension à la maison a, quant à elle, été plus délicate. Il a en effet fallu sonder les murs existants pour trouver les bons emplacements où percer sans risquer de mettre en péril la solidité du bâtiment existant.

Une réalisation audacieuse sur le plan esthétique

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Bien qu'elle soit accolée à la maison, l'extension conserve ainsi son autonomie. Autonomie structurelle déjà, puisque la structure est autoporteuse et également fonctionnelle dans la mesure où les nouvelles pièces viennent ajouter de nouvelles fonctionnalités au logement. "L'idée était que l'extension perturbe le moins possible l'organisation interne", précise notre interlocuteur.

Jonction parfaite

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Alternatives Architecture © Alternatives Architecture
L'extension vient s'inscrire dans le strict prolongement de la construction existante.

Un étonnant contraste parfaitement assumé

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Au final, le plus grand changement reste esthétique. L'architecte a en effet osé bousculer les codes en vigueur dans la cité de Merlan en proposant un bardage en zinc noir agrémenté excroissances acidulées en guise d'ouvertures. Une façade résolument contemporaine qui tranche radicalement avec celle de la maison d'origine mais qui a été acceptée par les propriétaires et, bonne surprise, également par le service des monuments historiques.

Fiche technique

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Alternatives Architecture © Alternatives Architecture
Fiche technique :

 

Localisation : Noisy-le-Sec (93)
Maître d'œuvre : Nicolas Geus, agence Alternatives Architecture
Programme : Extension d'une maison individuelle
Surface gagnée : 40 m2
Système constructif Stiltech ® : profilés de tôle d'acier pliés et boulonnés
Montant des travaux: 110 000 euros HT
Livraison : Juin 2012