JUSTICE. Une ex-DRH du cimentier français a été mise en examen pour "mise en danger de la vie d'autrui", dans le cadre de l'enquête sur les activités de la société en Syrie.

Une ancienne DRH du groupe Lafarge a été mise en examen pour "mise en danger de la vie d'autrui", échappant à des poursuites pour financement du terrorisme dans l'enquête sur les activités du cimentier en Syrie, a-t-on appris samedi de sources concordantes. Occupant ce poste de septembre 2013 à juillet 2015 au sein du groupe, elle avait été convoquée le 27 mars par les juges d'instruction en vue d'une mise en examen pour ces deux qualifications, selon une source proche du dossier.

 

Les magistrats ont au final décidé d'une mise en examen sur le seul chef de "mise en danger délibérée de la vie d'autrui", en lui accordant le statut intermédiaire de témoin assisté pour ce qui concerne le "financement d'une entreprise terroriste", a indiqué une source judiciaire. "Cette décision confirme que ma cliente est parfaitement étrangère aux faits allégués de financement d'une organisation terroriste", a réagi Me Benjamin Grundler, l'avocat de l'ancienne DRH, joint par l'AFP.

 

Six cadres et dirigeants mis en examen

 

Elle a été placée sous contrôle judiciaire, comprenant notamment le versement d'une caution. Concernant les soupçons de financement du terrorisme, elle est le seul responsable de Lafarge à bénéficier de ce statut de témoin assisté, intermédiaire entre le simple témoin et la mise en examen. Dans cette enquête, six cadres et dirigeants du cimentier et de sa branche syrienne ont déjà été mis en examen - dont l'ex-PDG Bruno Lafont et Christian Herrault, ancien directeur général adjoint chargé notamment de la Syrie -, pour "financement d'une entreprise terroriste" et "mise en danger de la vie d'autrui".

 

Le groupe français Lafarge, qui a fusionné en 2015 avec le suisse Holcim, est mis en cause pour avoir financé des factions armées en Syrie - dont le groupe État islamique (EI) - afin de continuer à faire tourner sa cimenterie malgré la guerre, mettant en péril la sécurité de ses employés syriens. Ces derniers étaient restés seuls au départ de la direction de l'usine, à l'été 2012.

 

Des versements de 5,6 millions de dollars

 

De juillet 2012 à septembre 2014, la filiale syrienne du groupe a versé environ 5,6 millions de dollars à diverses factions armées via un intermédiaire, dont plus de 500.000 dollars aux jihadistes de l'EI, d'après un rapport du cabinet américain Baker McKenzie missionné par Lafarge. Les enquêteurs tentent de déterminer si la direction à Paris et le Quai d'Orsay étaient au courant de ces pratiques. Entre les différents protagonistes entendus, les contradictions sont nombreuses.

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