« Ni nucléaire, ni effet de serre » Organiser la sortie du nucléaire en 20 ans ou créer un pôle d'excellence industrielle en matière de gestion des déchets et de démantèlement des centrales, pour maintenir ainsi les emplois dans la filière. Tels sont les grands programmes phares d'EELV.

-Nucléaire et transition énergétique : La candidate Eva Joly plaide pour un système énergétique français presque totalement décarboné malgré un arrêt maîtrisé et cohérent de toute production d'électricité nucléaire en 2033, c'est-à-dire dans 22 ans.
« L'effacement progressif de la production d'électricité nucléaire au fur et à mesure de la montée en puissance des renouvelables permet d'envisager à terme un abandon complet de cette énergie qui représente en 2010 plus de 75 % de la production d'électricité française », nous précise Thomas Matagne, responsable de la commission Energie d'EELV.

 

En clair, le scénario négaWatt envisagé applique dans cette perspective une logique très pragmatique : Il s'agit, dès que le développement des alternatives par une combinaison sobriété‐efficacité‐renouvelables le permet, de fermer les réacteurs sans les remplacer, selon un rythme prenant en compte à la fois les enjeux de sûreté et l'évolution des besoins énergétiques.

 

-Réduction de 30% des émissions de gaz à effet de serre d'ici à 2020 : il convient de réduire de 30 % par rapport à 1990, pour limiter le réchauffement de la planète sous les 2°C. Engager tous les territoires et les secteurs d'activités, en commençant par l'agriculture, à anticiper et à s'adapter dès à présent aux changement climatiques.

 

-Créer un pôle d'excellence industrielle : En matière de gestion des déchets et de démantèlement des centrales, pour maintenir ainsi les emplois dans la filière.

 

-Energies renouvelables : Faire de la France un leader industriel des énergies renouvelables, en produisant 40% de notre énergie par des sources renouvelables dès 2020 (hors carburant).

 


« Vers la voie d'un mix énergétique »
Batiactu : comment vous y prenez pour sortir du nucléaire ?
Thomas Matagne:
Nous devons être mis à l'abri des risques nucléaire et climatique. Malgré l'accumulation des évidences du dérèglement du climat, la France s'est détournée de l'urgence climatique en ne prenant plus aucune initiative européenne et internationale d'envergure.
Malgré Tchernoybyl et Fukushima, notre classe politique persiste dans son aveuglement vis-à- vis du nucléaire, alors même que les mythes s'effondrent : les mythes du nucléaire sûr, de l'indépendance énergétique, du nucléaire bon marché. Pour protéger les Françaises et les Français, de la hausse des prix de l'électricité nucléaire, du pétrole, ou du gaz, il faut leur permettre de réduire leur consommation d'énergie, dans l'habitat comme dans les transports. Il faut engager notre pays sur la voie d'un mix énergétique 100% renouvelable, en démultipliant ce que les élus écologistes font déjà sur le terrain, et en faisant des territoires et des PME les fers de lance de la transition énergétique.

 

Batiactu : Qu'en est-il d'une reconversion progressive de la filière nucléaire ?
Thomas Matagne :
Elle causerait la perte de 70.000 emplois directs et indirects. L'industrie nucléaire et ses 240.000 emplois directs et indirects ne vont pas disparaître brutalement. Le démantèlement du parc nucléaire et le renforcement du niveau de sécurité des centrales en activité exigeront de maintenir une partie importante de l'emploi. D'ici à 2020, les destructions d'emplois devraient principalement se concentrer dans les centrales qui fermeront (37 réacteurs, soit 63% du parc installé) ou verront leurs chantiers arrêtés à l'image de l'EPR de Flamanville. Justement, l'arrêt de la construction de cet EPR et une réduction progressive des activités d'enrichissement et de retraitement entraîneront d'après nos estimations la perte de 20.000 emplois directs. En revanche, le développement d'un savoir-faire en matière de démantèlement sera susceptible de créer une nouvelle filière dont les emplois ne sont pas encore comptabilisés.

 

Batiactu : Février dernier, les sages de la Rue Cambon ont estimé le coût courant économique du parc nucléaire français à 49,50 € le mégawattheure. Ce rapport de la Cour des comptes remet-il en question le mythe du nucléaire « bon marché » ?
Thomas Matagne :
Nous pouvons crier victoire. Depuis des années, nous avons affirmé que le nucléaire coûtait plus cher que ce qui était affiché, et que de nombreuses incertitudes pesaient sur les chiffres avancés par la filière. En effet, dans le dernier rapport publié en février, sur la filière électronucléaire qui prend en compte tous les coûts liés à l'atome (de la fabrication d'une centrale à son démantèlement en passant par le retraitement des déchets), la Cour des comptes nous donne en partie raison.

 

Selon elle, le coût courant économique du parc nucléaire, qui n'est pas celui retenu pour le calcul des tarifs, mais « permet des comparaisons entre modes d'énergie », s'élève à 49,50 € le mégawattheure (MWh). Un chiffre plus élevé que ceux qui circulaient jusqu'à présent. Ce rapport met donc en pièce le mythe du nucléaire bon marché.

 

Lire l'article consacré au programme de la candidate en cliquant ici.

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