Le spécialiste mondial de l'assurance-crédit pointe du doigt les difficultés et les perspectives maussades rencontrées en France dans le secteur de la construction. D'après l'assureur-crédit, qui vient de publier son bilan 2013, l'activité pourrait à nouveau se contracter en volume de -1,5% dès cette année. Enfin, il préconise des mesures de "soutien ciblées et appropriées à la complexité du secteur."

Le spécialiste mondial de l'assurance-crédit, Euler Hermes, tire la sonnette d'alarme dans le secteur de la construction en France. Dans son rapport dévoilé le mercredi 16 avril, qui analyse les difficultés de l'activité en 2013, l'assureur-crédit estime que "les potentialités de croissance auraient des conséquences bénéfiques pour l'économie française à la condition d'être soutenues par des mesures adaptées."

 

Les dernières statistiques n'augurent pas, d'après lui, d'un redressement au premier semestre 2014. Chiffres à l'appui : Euler Hermes observe une dégringolade de 5 % des mises en chantier en glissement annuel en 2013 (318.748 contre 336.277 fin 2012), une forte baisse de 11,7 % des permis de construire et enfin un repli du non-résidentiel de 3 % ainsi qu'une diminution de 4 % du domaine des travaux publics. Au final l'activité de la construction en France pourrait à nouveau se limiter à 1,5% en volume. Et "on est loin de l'objectif de 500.000 mises en chantier" souhaité en début d'année par le chef de l'Etat.

 

La France en "zone rouge"
Concrètement, la France est en 2013 en "zone rouge", c'est-à-dire en dessous du seuil de 350.000 qui est le niveau minimum pour répondre aux besoins annuels correspondant à l'évolution sociologique et démographique de la France, complète Didier Moizo, conseiller sectoriel pour Euler Hermes. "Les mises en chantier continuent de baisser, bien qu'à un rythme moins soutenu", affirme-t-il.

 

Par conséquent, le nombre de défaillances dans la construction demeure très élevé : 15.500 en 2013, autant qu'en 2012, signe d'une fragilité structurelle. "Elles représentent 25% de l'ensemble des défaillances, ce qui est disproportionné en comparaison du poids économique du secteur, indique aussi Sophie Allégot, responsable de l'arbitrage des risques dans le secteur de la construction pour Euler Hermes France. Pour autant, face aux difficultés particulièrement difficiles et tenaces, la construction manifeste une certaine résilience et on constate une stabilisation des défaillances."

 

Quelles mesures pour relancer les grands projets de travaux publics ?
Pour répondre à ces perspectives maussades en 2014, l'assureur-crédit préconise, tout d'abord, la relance de grands projets de travaux publics. "Dans le domaine des infrastructures, les retards pris dans l'entretien et la modernisation des routes et des voies ferrées pour des raisons budgétaires, encore amplifiés par la suspension de l'écotaxe, représentent plusieurs centaines de millions d'euros de chiffre d'affaires, observe le rapport. Certaines de ces dépenses vont progressivement devenir incontournables. Les grands chantiers de lignes LGV, aujourd'hui mis en retrait, auraient pu dynamiser le secteur des travaux publics."

 

Ensuite, le segment du second œuvre, "où l'on retrouve beaucoup de petites entreprises, paye un lourd tribu", estime-t-il. Des réformes spécifiques, pourraient d'après lui, leur donner de l'oxygène, tel que le taux de TVA à 5% dans la rénovation thermique. Des mesures incitatives à l'accession d'un logement neuf et l'octroi à taux zéro permettraient de redynamiser le marché.

 

Renforcer le climat de confiance
Enfin, des mesures adaptées contribueraient à renforcer le climat de confiance dans la construction. En effet, l'indice de confiance du secteur de la construction en février 2014 chute vertigineusement (-31), comparé à la valeur affichée en septembre 2007 (+29), pour une valeur moyenne proche de -7. "A défaut, la sortie de crise sera plus longue et plus incertaine", juge Euler Hermes.

 

Le spécialiste de l'assurance-crédit compte finalement s'appuyer sur des "acquis non négligeables" du secteur de la construction, c'est-à-dire sur ses 5 % du PIB et ses 25 % de l'investissement. A suivre.

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