En 2050, la France produira 100% de son électricité à partir d'énergies renouvelables. La conclusion d'un rapport de l'Ademe indique que le territoire aurait la capacité technique et le potentiel pour produire une électricité verte et se retirer ainsi progressivement du nucléaire. Détails.

"40 % d'électricité renouvelable en 2050 : la France est-elle prête ?" Il s'agit de l'intitulé du colloque organisé les 14 et 15 avril prochains par l'Ademe. Fruit de 14 mois de travail, un rapport de l'Agence de l'environnement devait toutefois présenter un tout autre scénario, un brin radical, celui de l'utilisation de 100% d'énergies renouvelables dans la production d'électricité en 2050. Hydraulique, éolien, photovoltaïque, géothermie, méthanisation, énergies marines... L'ensemble de la filière serait concerné.
Mais la publication de l'étude a été repoussée à l'automne prochain, comme l'a indiqué son directeur général délégué, Fabrice Boissier, lors d'une conférence de presse. "Cette étude exploratoire avait été annoncée, mais des travaux complémentaires sur certains points doivent être menés, afin de consolider l'étude", a expliqué l'Ademe au site Mediapart. Le rapport de 119 pages, récupéré par les journalistes du site indépendant, explique la faisabilité du 100 % renouvelable en 2050 et ce malgré des conditions météorologiques défavorables. La France bénéficie en effet d'un potentiel renouvelable considérable. Sa production pourrait atteindre 1268 TWh, soit trois fois la demande d'électricité escomptée (422 TWh).

 

La filière éolienne en pointe


Les auteurs ont établi plusieurs mix possibles afin de répondre à la demande à tout moment du jour et de la nuit. La production se décomposerait entre 63% d'éolien, 17% de solaire, 13% d'hydraulique et 7% de thermique renouvelable. Ce scénario nécessiterait l'installation d'une capacité de 196 GW, soit une hausse de plus de 55% par rapport au parc actuel.
Problème : l'adéquation entre production et demande n'est pas toujours garantie, ajoute l'étude. Des calculs à chaque heure de l'année ont donc été effectués pour dresser une carte des régions en fonction de leur besoin en énergie renouvelable. On y observe la part importante de l'éolien terrestre en Bourgogne, tandis que l'Ile-de-France, région très urbanisée, aurait largement recours à des panneaux photovoltaïques au sol ou sur toitures.
Le rapport démontre entre autres la place importante attribuée à la filière éolienne qui pourra s'appuyer sur une nouvelle génération de machines, adaptées à des régions où les vents sont plus faibles. L'éolien, qui ne sera pas toujours accepté dans certaines régions, pourra être compensé par la présence de panneaux solaires et celle de l'énergie houlomotrice (l'énergie des vagues).

Sujet sensible

Au total, le modèle exposé par les chercheurs de l'Ademe coûterait environ 30% plus cher, soit 119 euros par MWh, contre 91 actuellement. Et il serait à peine plus cher qu'un scénario à 40 % d'énergies renouvelables (117 euros MWh). "L'Ademe est tout à fait consciente que cette étude n'est qu'une première pierre à un édifice qu'il sera nécessaire de continuer de construire les années prochaines. Les résultats engendrent de nouvelles questions, que de futures études pourront très certainement traiter".
D'ici là, le Parlement devra statuer sur la réduction ou non de la part du nucléaire (75% aujourd'hui), sujet sensible en cours d'examen dans le cadre de la loi sur la transition énergétique.
Pour la ministre de l'Ecologie, Ségolène Royal, l'intérêt de cette étude n'est pas d'atteindre les 100% d'énergies renouvelables mais "quel est, quand on se projette des scénarios extrêmes, le coût de chacune des énergies, quelles sont les modalités de déploiement des sources de production et l'impact sur le réseau électrique", a-t-elle précisé à l'AFP.

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