L'Observatoire de la qualité de l'air intérieur vient de faire le point sur l'assainissement par photocatalyse. Peintures additivées de pigment titane et appareils dynamiques ont été testés lors de différentes études pour connaître leur réelle efficacité. Découvrez l'analyse et la synthèse de l'Observatoire.

Longtemps réservée au traitement de l'eau, la photocatalyse est apparue au début des années 2000 sur le marché de l'épuration de l'air intérieur des lieux clos. Cette solution présente de nombreux atouts comparée aux autres techniques (filtration, charbon actif) car elle est capable de dégrader des composés chimiques et des micro-organismes, dans des conditions normales de température et de pression. Divers produits sont désormais disponibles sous formes d'appareils dynamiques (qui recyclent l'air intérieur grâce à des ventilateurs ou souffleries) et de systèmes reposant sur l'utilisation de matériaux photoactifs (peintures additivées de pigment type dioxyde de titane). Les experts de l'Observatoire de la qualité de l'air intérieur (OQAI) ont donc décidé de vérifier l'efficacité et l'innocuité de tels dispositifs dans un milieu intérieur lors d'un colloque qui s'est tenu au mois d'avril 2012.

 

« Il apparaît tout d'abord que leur efficacité serait discutable dans les environnements intérieurs », expose Patrice Blondeau, maître de conférence et chercheur sur la qualité de l'air intérieur à l'université de La Rochelle. Elle dépendrait à la fois des polluants concernés, mais également de la puissance et du spectre lumineux des lampes d'activation, de la géométrie et de la surface d'échange du réacteur… En outre, le maintien de la performance dans le temps susciterait également des interrogations. Plusieurs études mentionneraient une diminution progressive de l'efficacité de conversion pouvant atteindre la désactivation complète du photocatalyseur. L'encrassement par des sous-produits peu volatils, l'accumulation de poussière ou la photopolymérisation de certaines espèces chimiques en seraient les causes.

 

Une innocuité non démontrée
Outre cette relative inefficacité in situ, l'innocuité même des dispositifs serait également mise en doute. «Le processus de dégradation des composés organiques volatils par photocatalyse génère parfois des intermédiaires réactionnels dangereux pour la santé : formaldéhyde, composés carbonylés, endotoxines, phosgène…», explique le scientifique. Les particules de dioxyde de titane, le photocatalyseur même, pourraient présenter un risque biologique pour l'Homme, risque déjà avéré chez le rat où le TiO2 nanométrique pourrait provoquer des cancers du poumon.

 

Considérant ces éléments, l'OQAI a dressé le bilan de la technologie d'assainissement de l'air intérieur par photocatalyse. Il en ressort qu'elle présenterait effectivement une efficacité sur les COV comme sur les gaz inorganiques de l'air ou les micro-organismes. Mais cet avantage serait contrebalancé par la non-optimisation des systèmes et matériaux pour un usage en intérieur dans les lieux de vie. Les produits commercialisés ne sont notamment pas certifiés. Et l'impact énergétique de certains systèmes intégrés aux CVC (climatisation-ventilation-chauffage) pourrait être important, surtout dans le cadre de réduction générale de consommation électrique de la nouvelle RT 2012. Enfin, des risques sanitaires pourraient exister à cause des sous-produits et de l'utilisation de nanoparticules.

 

Lisez les préconisations de l'OQAI en page 2.

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