Une ONG française assimile les futurs parcs éoliens en mer à des EPR, réacteurs nucléaires de nouvelle génération, dont la construction en France ou en Finlande, connaissent de multiples retards et un dramatique surcoût. L'association Robin des Bois, qui ne se déclare pas opposée à l'énergie éolienne, estime néanmoins que les risques et impacts ne sont pas assez pris en compte.

Selon l'association écologiste Robin des Bois, le projet de parc éolien de Saint-Nazaire (Loire-Atlantique), remporté par EDF-Dong-Alstom, "comme les autres de la même catégorie (Courseulles-sur-Mer et Fécamp, NdlR), sera un EPR de l'éolien". L'ONG dénonce pêle-mêle des coûts sous-estimés, des délais annoncés intenables ou des risques mal évalués.

 

 

Les militants estiment par exemple que la provision de 24 millions d'euros, exigée pour le démantèlement du parc au terme de ses 25 ans d'exploitation et pour la remise en état du site, serait "dérisoire". "A ce jour, le recyclage des pales en matériaux composites est impossible", assurent-ils. De même, ils déclarent que les enquêtes publiques dans les zones industrielles éoliennes "se déroulent dans des conditions hétéroclites et incohérentes (…) étant donné la complexité, la nouveauté, la difficulté de reconstituer les effets cumulés des trois projets sur les oiseaux, les poissons et les mammifères marins et les inégalités d'information, voire les contradictions entre chacun des trois dossiers". Dans un communiqué datant du 20 août 2015, Robin des Bois demandait déjà aux autorités compétentes de rallonger la période d'enquête publique qui se terminera le 25 septembre pour le parc de Saint-Nazaire, le 8 octobre pour celui de Fécamp et le 10 octobre pour celui de Courseulles-sur-Mer. L'association écologiste redoutait "l'industrialisation de la mer, l'appauvrissement volontaire de ses richesses et ressources biologiques, et l'expropriation des pêcheurs et autres usagers". Ils soulignent aujourd'hui un "arrosage financier", destiné à neutraliser "des oppositions éventuelles" et pensent que l'implantation d'éoliennes au large est "un cheval de Troie de l'installation progressive d'autres activités industrielles sur le compartiment marin".

 

Des inquiétudes nombreuses et contradictoires ?

 

Déjà, au mois de mars 2015, l'ONG avait adressé au gouvernement une lettre exigeant le gel des subventions à l'éolien offshore, en remettant en cause "les fondements financiers et économiques de cette option énergétique". Mais les activistes semblent avoir légèrement modifié leur point de vue puisque Jacky Bonnemains, leur porte-parole, déclare à l'AFP : "On n'est pas opposés à cet axe éolien, mais on trouve que ça va trop vite et que certains risques ne sont pas assez pris en considération". Même le choix des machines Haliade 150 pour les parcs, semble ne pas convenir aux écologistes, puisqu'elles souffriraient d'un "retour d'expérience insuffisant".

 

 

 

Pourtant, le premier parc offshore au monde a été inauguré au Danemark en 1991, permettant de bénéficier de près de 25 ans d'expérience. Certaines études tendent à démontrer que, paradoxalement, les zones d'exploitation de l'éolien marin constitueraient des refuges pour la flore et la faune (notamment les moules et les homards du fait de l'interdiction de la pêche, justement pour des raisons de sécurité maritime. Là encore, Robin des Bois s'inquiète : "Le chapitre sécurité maritime du dossier 'enquête publique' est le plus indigent, et, d'une certaine manière, le plus inquiétant". L'association brandit le risque d'une catastrophe maritime dans la zone proche du port de Saint-Nazaire, très actif. Cependant, en mer du Nord, où des turbines sont implantées depuis longtemps, aucun accident n'a été enregistré, malgré la proximité de Rotterdam, premier port européen… Il n'est pas certain que les arguments avancés par l'ONG trouvent un quelconque écho au Ministère de l'Ecologie, lancé en pleine transition énergétique. D'autant qu'aucune piste alternative n'est proposée.

 

Composition et démantèlement d'une éolienne :
Une éolienne (onshore) typique est principalement constituée d'acier (89 %) pour le mât et la turbine, de fibre de verre (6 %) pour les pales, de cuivre (1,6 %) dans la génératrice ou les câbles, et de béton (1,3 %) pour ses fondations. Ces matériaux sont donc recyclables dans leur très grande majorité (à 100 % pour l'acier et le cuivre notamment). Pour les pales, les composants de fibre de verre sont incinérés avec récupération de chaleur et mise en décharge des résidus.

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