Les organisateurs du salon Interclima+elec qui se tient au mois de février prochain, ont organisé une table ronde portant sur «L'efficacité énergétique des bâtiments et ses enjeux : compétitivité et pouvoir d'achat». L'occasion pour plusieurs industriels - futurs exposants - de livrer leur point de vue mitigé sur la stratégie et les plans d'actions destinés à réduire les dépenses énergétiques en France.

A l'occasion d'une table ronde liée au salon «Interclima+elec» (du 7 au 10 février 2012 à la porte de Versailles, Paris), des industriels du génie climatique, du génie électrique et de la gestion technique du bâtiment se sont penchés sur l'efficacité énergétique des bâtiments et ses enjeux. Car le bâtiment représente 43 % des dépenses énergétiques en France, démontrant un manque d'efficacité. « La France est en retard, même par rapport à la feuille de marche du Grenelle de l'Environnement », souligne Florian Perrois, (directeur Energy Efficiency chez Siemens). Diverses initiatives ont été lancées afin de réduire ces dépenses : nouvelle réglementation thermique (RT 2012), Certificats de performance énergétique (CPE), etc.

 

Tous les industriels se sont accordés pour dire que la RT 2012, si elle était une grande opportunité et un nouvel élan, était également décevante : imparfaite et longue à mettre en application. Ainsi, pour Florian Perrois, «la RT 2012 ne va pas assez loin ; elle se confond trop avec le seul coût de la construction. Il n'y a pas de suivi du maintien des performances énergétiques dans le temps, ni du coût d'usage du bâtiment». Daniel Baudoin (directeur France d'Aldes et vice-président d'Uniclima) rajoute : «La réglementation thermique est encore incomplète. Elle pénalise certaines solutions innovantes qui ne sont pas intégrées à son moteur de calcul». L'industriel pense à certaines technologies telles que le rooftop (équipement de climatisation utilisé notamment sur les galeries commerciales), la ventilation double-flux individuelle dans les immeubles collectifs, certaines pompes à chaleur, etc. Un recours avait été déposé par Uniclima (syndicat des industries thermiques, aérauliques et frigorifiques) devant le Conseil d'Etat puis retiré. Des réunions de discussion avec la DHUP (Direction de l'habitat, de l'urbanisme et des paysages) sont programmées afin d'exposer le bien-fondé des demandes d'Uniclima et de discuter d'une incorporation de certaines technologies et de certains équipements dans le moteur de calcul de la RT.

 

Le CPE : trop lourd et trop complexe
Quant aux Contrats de performance énergétique, Thierry Djahel (directeur du développement et de la prospective chez Schneider Electric - division Buildings) déclare : «Le Gimelec (fournisseurs de solutions électriques et d'automatismes)n'y trouve tout simplement pas son compte ». Florian Perrois précise : «Les CPE ne sont pas suffisamment utilisés en France, malgré les preuves de son efficacité à l'étranger. Pourtant il s'agit d'un business-model intéressant qui offre zéro risque et qui assure la réalisation d'une économie ». Les contrats ne démarreraient pas en France, sauf dans le privé. Ils seraient trop lourds et trop complexes pour le logement individuel.

 

De nombreux travaux resteraient donc encore à mener afin d'améliorer l'efficacité énergétique des bâtiments. Dans le tertiaire par exemple, si le mouvement de récupération d'énergie est lancé, il commence tout juste à apparaître dans le logement individuel et il est encore absent du logement collectif. Il subsiste donc plusieurs gisements d'économies d'énergie potentiels. « Mais s'il n'y a pas de volonté politique, la France n'arrivera pas aux objectifs », conclut Florian Perrois.

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