COMPTE RENDU. La première édition d'EnerJmeeting a attiré près de 1.500 professionnels du bâtiment ce jeudi au Palais Brongniart. Un journée sous le signe de la future réglementation 2020 et l'engagement dans l'expérimentation E+C-.

Dès l'ouverture d'EnerJmeeting, de nombreux professionnels étaient déjà présents pour assister à cette première journée consacrée à l'efficacité énergétique et environnementale du bâtiment. Signe que les acteurs de la construction ont besoin d'informations sur la nouvelle expérimentation, comme le révèle d'ailleurs l'enquête Batiactu, publiée la veille.

 

C'est donc devant une salle comble que les conférences ont débuté. Philippe Pelletier, Président du Plan Bâtiment Durable, a ouvert la première des conférences sur le thème des "Bâtiments désirables 2020-2050". "Il faut du temps pour expérimenter et définir une réglementation", a-t-il déclaré estimant que le "législateur est ambitieux pour 2020". Alain Maugard, Co-pilote du groupe RBR 2020, est ensuite intervenu pour présenter la réglementation construction 2020, avant de laisser place aux autres conférences et tables dont il fera la synthèse en fin de journée.

 


 

Jean-Christope Visier, Directeur Energie et Environnement au CSTB, a, quant à lui, évoqué le Cycle de vie des bâtiments bas carbone (Lire notre article ). Pour accompagner et aider les acteurs du bâtiment dans cette nouvelle expérimentation, le CSTB propose une série de vidéos (Lire notre article https://www.batiactu.com/edito/e-cinq-videos-accompagner-acteurs-construction-48147.php).

 

Co-financement de l'Ademe

 

Une table ronde avec un responsable de l'Ademe et les directrices des organismes de certification BBCA et HQE-GBC s'est ensuite tenue. Nicolas Doré, chef de service bâtiment de l'Ademe, a déclaré : "Le rôle des labels est d'aller plus loin". "Vous êtes des précurseurs, a-t-il lancé aux organismes de certifications présents. Ce nouveau label E+C- n'est pas en concurrence avec les labels de certification, a-t-il assuré parlant plutôt de "complémentarité". Nicolas Doré s'est aussi adressé aux acteurs de la construction : "le message que nous voulons faire passer, c'est n'attendez pas la mise en place de la nouvelle réglementation environnementale". "Nous vous encourageons à participer à cette expérimentation, car l'objectif est d'être prêt le jour où elle sera obligatoire. Etre acteur, c'est faire évoluer la réglementation". Il a profité de cette table ronde pour annoncer le programme mis en place par l'Ademe : OBEC qui permet le cofinancement des frais d'études par les agences régionales de l'Ademe en contrepartie d'un enrichissement de la base de données nationale qui servira à fixer les seuils de la future réglementation.

 

Retours d'expériences

 

L'après-midi a été consacrée pour une grande partie aux retours d'expériences. L'architecte Jean-Paul Viguier a commencé en présentant sa vision de l'architecture bois et son projet de tour grande hauteur à Bordeaux. "Le bois est au même titre que la pierre ou la chaux un des matériaux les plus anciens de construction », a-t-il constaté ajoutant que "son utilisation était devenue marginale dans l'architecture contemporaine du fait du développement de matériaux issus de l'industrie, comme le béton, l'acier, le verre etc...". Pourtant, "De nombreux architectes de par le monde ont entrepris l'exploration de l'usage du bois en associant l'industrie aux problématiques nouvelles auxquelles le bois avait à faire face, comme sa tenue dans le temps et sa résistance aux intempéries, sa tenue aux efforts et aux charges, la continuité de son approvisionnement dans des gammes de qualité données, sa tenue au feu et aux risques courants dont on doit assurer la prévention dans la construction, ses qualités esthétiques". Il a également indiqué que "des bâtiments remarquables faisant appel à l'usage du bois ont vu le jour démontrant avec le temps et l'acquisition d'un savoir-faire que l'on pouvait passer d'une étape expérimentale à celle d'un usage courant du bois".

 

« La courbe d'apprentissage commence aujourd'hui ! », Alain Maugard

 

A l'issue des conférences et tables rondes, Alain Maugard Co-pilote du groupe RBR 2020 a fait la synthèse de cette journée bénéfique pour l'ensemble des acteurs de la construction qui ont pu échanger et confronter leurs expériences et savoir-faire.
Alain Maugard a insisté sur l'opportunité que présente l'arrivée d'une nouvelle réglementation, en termes de réponses : "Il existe de multiples solutions pour répondre à 'Energie plus' et de multiples solutions pour répondre à 'Carbone moins'. Tout le monde aura sa chance, tous les matériaux, même si ceux qui sont des puits carbone partent avec une longueur d'avance. Celui qui est aujourd'hui le président d'honneur de Qualibat insiste sur la créativité des architectes et concepteurs pour imaginer des solutions adaptées aux usages et aux zones climatiques où seront implantés les bâtiments. Il prône également une grande réactivité concernant l'expérimentation en cours, afin que la réglementation ne soit pas figée mais qu'au contraire, elle s'adapte aux évolutions technologiques.

 

La ministre du Logement salue le succès de cette journée et la mobilisation des acteurs

 

Pour clôturer cette journée, riche en partage d'informations, Emmanuelle Cosse, ministre du Logement et de l'habitat durable, est venue remettre le "Trophées Start-up Construction 2020-2050" à la société Openergy (voir notre article), tandis que le président du jury, Alain Maugard, a remis une mention spéciale à Syrthea. La ministre a salué "le succès de cette journée" et la "mobilisation des acteurs".
Emmanuelle Cosse a déclaré : "Les ambitions paraissent très élevées mais vous êtes là pour y répondre. Il faut avancer sur la performance énergétique si on veut lutter contre le réchauffement climatique. Et il faut changer de façon de construire. Il est temps de donner une impulsion au niveau national pour se mettre en action". Selon la responsable, cette nouvelle réglementation sera l'occasion de démontrer les capacités d'innovation pour les entreprises françaises, "très attendues à l'étranger". Concernant les prix start-up, elle déclare : "Les deux répondent à des questions bloquantes : l'industrialisation d'un côté, et la garantie de performance de l'autre". S'exprimant sur l'expérimentation « E+C- », la ministre fait valoir : "Elle repose sur l'expérience des labels précédents. Nous travaillons sur un cadre exigeant en nous laissant le temps de voir les niveaux des seuils et en laissant le temps aux maîtres d'ouvrage de les tester. Il faudra sans doute augmenter l'ambition sur certains niveaux et l'ajuster sur d'autres. Mais le but est de s'inscrire dans la stratégie nationale bas carbone".

 

Découvrez la vidéo de la clôture avec l'intervention de la ministre Emmanuelle Cosse

 


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