A l'issue de l'Energivie Summit de Strasbourg, organisé les 3, 4 et 5 novembre derniers, le panel d'experts internationaux réuni pour l'occasion a posé les bases d'un manifeste comprenant une quarantaine de recommandations pour le bâtiment dans le cadre de la transition énergétique. Objectif : peser lors des grands rendez-vous internationaux de 2015.

Deux jours à peine après la publication du dernier rapport du GIEC, l'urgence de l'action était dans toutes les têtes. Le bâtiment a en effet les capacités d'agir le plus fortement sur l'environnement et c'était tout l'enjeu de ce rendez-vous international proposé par le Pôle Energivie Alsace à Strasbourg, début novembre. Cette première édition de l'Energivie Summit a ainsi montré l'engagement de la filière bâtiment dans la transition énergétique, en accueillant près de 1.000 participants autour de tables rondes, débats, ateliers, rendez-vous d'affaires et visites de bâtiment.

 

Vingt-deux experts internationaux des cinq continents réunis pour l'occasion, ont également élaboré les bases d'un Manifeste - dont la vocation est de devenir une plateforme collaborative - comprenant d'ores et déjà une quarantaine de recommandations en vue des grands rendez-vous que sont Paris Climat 2015 et Habitat III, organisé par les Nations Unies, en 2016.

 

Leurs travaux se sont déroulés sur les bases de plusieurs approches rappelées lors de la session de clôture du congrès : "tirer les leçons du passé ; combiner les différentes approches des parties prenantes (publique, privée, civile, société, ONG, etc.) ; reconnaître l'innovation à tous les niveaux (de la conception du bâti à son intégration dans son environnement en passant par l'industrie, ou encore le financement) ; travailler sur l'universalité du Manifeste en mettant en avant les solutions à l'échelle locale ; consolider les bases d'informations pour faire face à leur abondance ; reconnaître le besoin de réglementations et de politiques à mettre en œuvre, des normes applicables qui puissent évoluer dans le temps, etc."

 

Parmi les propositions émises, seules quatre ont été pour l'instant rendues publiques par le Pôle, comme l'amélioration du processus de construction durable ou encore, la valorisation de la gestion de la demande d'énergie autant que l'offre, en mettant les usagers au cœur de la réflexion (voir encadré). Toutes "feront l'objet d'un travail spécifique en 2015 dans des commissions de travail afin de les préciser et les enrichir", précise le Pôle Energivie. Ces groupes regroupent quatre thèmes : "Place-Making", le bâtiment lui-même et son environnement, quartier, ville, etc. ; "Technology" avec, notamment, l'apport des nouvelles technologies ; "Finance" : créer de la valeur pour les investisseurs publics et privés ; et enfin, "Education et Formation", prévues à tous les niveaux.

Enjeux et perspectives pour le bâtiment

Pour le président du Pôle Energivie, Pierre-Etienne Bindschedler (Soprema), interrogé par Batiactu, cette première édition a été très riche d'enseignements : "Il n'y a pas de solution unique pour lutter contre le changement climatique, tout le monde est d'accord sur ce constat, la question est comment pouvons-nous faire pour accélérer la transition, faire face à l'urgence ? (…) Le bâtiment est comme une start-up, il existe un énorme axe de recherches, une vraie dynamique dont il faut s'emparer. Il faut des objectifs et avoir le courage d'oser, chacun à sa mesure, pour accélérer le changement." L'appel de Strasbourg est lancé.

 

Parmi la quarantaine de propositions émises pour le Manifeste Energivie, seules quatre ont été pour l'instant rendues publiques :

 

- "Une amélioration du processus de construction durable en trois étapes clés :
1/ Commencer par améliorer les normes et réglementations applicables à la construction de bâtiments écologiques ;
2/ établir progressivement des réglementations contraignantes ;
3/ appliquer des bonus, des malus ou des interdictions dans les processus de conception et de construction ;
- Valoriser la gestion de la demande d'énergie autant que l'offre et mettre les utilisateurs au cœur de la réflexion
- Recourir autant que faire se peut, à la technologie et aux produits au niveau local afin d'éviter le "CO2 gris" des bâtiments, lié au transport des matériaux, etc..
- Mieux mettre en relation les mesures d'efficacité énergétiques et les technologies relatives aux énergies renouvelables, d'une part avec l'évolution des modes de vie et des comportements, d'autre part." (source Pôle Energivie Alsace)

 

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