Il n'y a pas que l'électricité dans le mix français : la chaleur est une autre source primordiale d'énergie pour l'Hexagone. Le Syndicat des Energies Renouvelables (SER) a consacré un colloque aux bioénergies et à la chaleur de récupération. Jean-Louis Bal, son président, fait un état des lieux des différentes filières.

En 2016, la chaleur renouvelable et de récupération - c'est-à-dire la biomasse, le biogaz, le chauffage au bois, la géothermie, le solaire thermique et la valorisation de déchets - a représenté plus de 20 % de la consommation française de chaleur (+3,5 %) soit 142.400 GWh (voir encadré). Un bon chiffre qui reste cependant encore très en-deçà de l'objectif de 33 % à atteindre dès 2020 puis 38 % dix ans plus tard. Le SER a donc organisé une journée d'échanges autour des différentes problématiques rencontrées par les filières pour parvenir à faire des progrès en la matière. Le syndicat explique : "Pour rattraper le retard pris (…) il est indispensable de renforcer les mesures et soutiens existants en préservent les règles actuelles afin de poursuivre la dynamique de développement de toutes ces filières de production".

 

 

Jean-Louis Bal, le président du SER, fait valoir : "Le contexte est favorable, avec la loi de Transition énergétique et la Programmation pluriannuelle de l'énergie (PPE). Mais les prix très bas des combustibles fossiles - pétrole et gaz - nous est défavorable. Jusqu'à quand cette situation peut-elle perdurer ?". Il voit dans la contribution carbone un signal très positif qui améliorera la rentabilité des énergies renouvelables… sauf celles soumises à cette contribution comme les biocarburants et le biométhane. Une taxation qui entrerait donc en contradiction avec son objectif de réduction des importations et de valorisation de ressources locales. Le président du SER se dit même inquiet pour les biocarburants de 1re génération (issus de cultures vivrières) dont le plafond d'incorporation serait ramené de 7 % actuellement à seulement 3,8 % en 2030 par décision européenne. Une décision qui impacterait lourdement les emplois du secteur. D'autant qu'en parallèle, d'autres décisions de Bruxelles ouvrent la porte au biodiesel argentin et à l'éthanol brésilien, deux biocarburants très peu taxés et donc particulièrement compétitifs face aux productions locales.

 

Besoin d'un soutien ferme pendant plusieurs années

 

Les professionnels représentant les différentes industries sont unanimes : ils ont besoin de stabilité et de lisibilité à moyen et long terme pour sécuriser les projets et investissements. Jean-Louis Bal note que des annonces ont été faites par le gouvernement dans le cadre de la loi de finances pour 2018, et que le bois énergie serait bien maintenu dans le dispositif du Crédit d'impôt transition énergétique (Cite). Il se réjouit également de l'annonce faite de l'encouragement au passage d'une chaudière au fioul à un système de chauffage au bois. Mais le président se dit préoccupé par plusieurs autres mesures : "Le gros point d'interrogation est le doublement du Fond chaleur ; il ne serait que légèrement augmenté en 2018. Or nous pensons qu'il faut le multiplier par deux car ce dispositif est très efficace et nécessaire pour atteindre les objectifs de la PPE. Et l'Ademe a en portefeuille plus de projets que le Fond chaleur ne peut en financer ! En 2016, ce sont 70 M€ qui ont manqué". Des moyens trop limités qui risquent d'entraîner des abandons de projets selon lui.

 

 

Le Syndicat estime que depuis la création du Fond en 2009, 1,57 milliard d'euros a été investi amenant une économie annuelle de 700 M€ en importation de combustibles fossiles. "Le temps de retour sur investissement est donc de moins de trois ans !", s'exclame Jean-Louis Bal, qui insiste sur l'impact très positif de ces investissements sur la balance commerciale et sur l'emploi. En tout état de cause, toutes les filières espèrent des soutiens accrus pour retrouver la compétitivité qui leur manque encore face aux énergies non renouvelables.

 

La production de chaleur renouvelable en France (2016) :
Chauffage bois domestique : 77.800 GWh
Pompes à chaleur : 26.300 GWh
Chaufferies biomasse collectives : 23.300 GWh
Valorisation énergétique des déchets : 9.675 GWh
Biogaz : 2.053 GWh
Solaire thermique : 1.941 GWh
Géothermie directe : 1.300 GWh
TOTAL : 142.400 GWh

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