Les EnR ont couvert près de 19 % de la consommation électrique nationale, grâce à une augmentation du parc éolien et photovoltaïque installé. Bémol : le secteur de la chaleur (biomasse, géothermie) a été impacté par la baisse du cours des énergies fossiles. Le Syndicat des énergies renouvelables, réuni en colloque, fait un tour d'horizon des forces et faiblesses des filiales françaises.

En 2015, les énergies renouvelables ont représenté une part toujours plus importante du mix énergétique français. Ensemble, elles ont couvert précisément 18,7 % de la consommation électrique. Le Syndicat des énergies renouvelables (SER), explique : "Toutes filières confondues, la croissance du parc renouvelable est de 2.000 MW, ce qui porte sa puissance à plus de 43.600 MW au 31 décembre 2015". Solaire et éolien, les deux principales sources en progression, cumulent à elles seules 16.500 MW de capacité, soit 37,8 % des renouvelables françaises.

 

Elles demeurent devancées par le parc hydroélectrique, qui atteint les 25.421 MW, une valeur stable, l'ensemble des grands projets ayant été achevés. Les barrages français ont ainsi produit 53,9 TWh, un chiffre en fort recul par rapport à 2014 (-14 %) en raison d'un déficit pluviométrique impactant le niveau des réservoirs. En 2015, l'électricité d'origine hydraulique a représenté 11,4 % de la consommation totale. Le parc éolien, en forte progression (999 MW supplémentaires soit +10,7 %), atteint les 10.312 MW installés. Sa production de 21,1 TWh (+23 %) a permis de couvrir 4,5 % de la consommation électrique française. Les installations solaires photovoltaïques atteignent, fin 2015, les 6.191 MW cumulés grâce à 895 MW nouvellement raccordés (+17 %). Elles ont généré 7,4 TWh (+25 %), représentant environ 1,6 % de la consommation électrique. Enfin, la filière bioénergies électriques (cogénération avec des déchets ménagers ou des biocombustibles), dispose d'un parc de 1.703 MW. Sa production s'est élevée à 5,9 TWh (+8 %), soit 1,3 % de la consommation de courant du pays. Le SER précise : "Pour ce qui est des énergies renouvelables électriques, même si leur compétitivité croît considérablement, leur développement pourrait être freiné par le prix du marché de gros de l'électricité européen. Ce dernier est tiré vers le bas par les moyens de production les plus carbonés, et obère tout investissement dans n'importe quelle infrastructure de production".


La chaleur impactée par le faible prix des énergies fossiles

 

Et l'électricité n'est pas la seule énergie impactée, loin de là. Bruno Lechevin, président de l'Ademe, s'exprimant dans le cadre d'une table ronde lors du colloque du SER, précise : "La chaleur, dont on parle trop peu, représente 40 % des besoins en France. Il faut évaluer les ressources locales, car elles ne se transportent pas bien sur de grandes distances". Le responsable souligne que le Fonds Chaleur a obtenu de bons résultats en distribuant l'ensemble de ses fonds (220 M€). Environ 380 nouvelles installations ont été inaugurées et 175 km de réseaux de chaleur ont été construits. Bruno Lechevin estime que les prochains défis seront ceux de la récupération de chaleur fatale industrielle, la question de la géothermie profonde et celle des grandes installations solaires thermiques. "Cependant, le contexte est difficile vu le prix bas du gaz. L'intérêt des EnR décroît donc un peu, mais c'est là une vision à court terme", avertit-il. Le président de l'Ademe souhaite un rééquilibrage de la fiscalité des énergies, notamment grâce à la taxe carbone.

 

Le SER plaide donc pour un prix du carbone européen qui orienterait les investissements vers les énergies renouvelables dans les domaines de la chaleur, de l'électricité et des transports. Le président du syndicat, Jean-Louis Bal, rappelle que les professionnels des filières renouvelables attendent toujours le décret fixant la Programmation pluriannuelle de l'énergie, qui permettra aux différents secteurs de connaître leur charge de travail. Il souhaite également que certaines énergies émergentes (marines, biogaz) soient davantage sollicitées. Enfin, concernant les zones non interconnectées (ZNI), le président du SER estime que les ambitions sont trop limitées et qu'elles ne permettront pas d'atteindre les objectifs fixés pour 2020 (50 % d'EnR dans ces zones) et 2030 (100 %).

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