A quelques jours de la conférence environnementale, le SER fait le constat d'une situation grave dans un certain nombre de secteurs des énergies renouvelables. Jean-François Bal, son président, demande que des décisions soient prises rapidement, sans même attendre le vote d'une hypothétique loi de Transition énergétique. Le syndicat propose un ensemble de mesures à court et moyen terme. Détails.

"Il est temps de prendre des décisions ! Et ne pas attendre le vote d'une loi de Transition énergétique", voilà le message que martèle Jean-François Bal, le président du Syndicat des Energies Renouvelables (SER) qui s'inquiète de la tournure que prennent les événements. Car à quelques jours de la grande conférence environnementale (voir l'encadré), le gouvernement annonce que la loi de Transition énergétique, initialement attendue pour l'automne 2013, sera repoussée au second trimestre 2014. "Il y a un ralentissement masqué par les chiffres officiels", relate le responsable du SER, "car si en 2012, les énergies renouvelables ont représenté 13,7 % du mix énergétique français, tout près de l'objectif des 14 % fixé pour cette échéance, le marché est dégradé depuis 2 ou 3 ans. Nous constatons ainsi un retard dans la filière éolienne, terrestre ou offshore, et dans le photovoltaïque où le ralentissement est dramatique". Pour le président du syndicat, la situation est claire : la France n'atteindra pas ses objectifs pour 2020. "Au rythme actuel, les projections nous emmènent à 17 % et non 23 %", prévient-il.

 

Un Plan de Relance des énergies renouvelables
Les conséquences seraient dommageables pour la France, estime le SER, posant un problème pour les entreprises du pays et donc, pour l'emploi. "En 2010, le secteur comptait 98.000 employés. En 2012, ce chiffre est tombé en dessous de 70.000", déclare Jean-Louis Bal. La cause ? Un ensemble de complications conjoncturelles et structurelles. "Il y a des difficultés juridiques et réglementaires avec une complexité et une instabilité qui entraînent des longueurs dans l'instruction des dossiers. Il y a des lacunes comme autour de l'autoconsommation. Il règne une insécurité du cadre tarifaire avec l'abrogation probable du tarif éolien par le Conseil d'Etat. Il devient donc très difficile de trouver des financements bancaires", détaille le président du syndicat. Ce dernier évoque également une surcapacité de production électrique en Europe - liée à la baisse de la demande et à l'effondrement des prix du charbon - une inflation des coûts de raccordement et la réduction des enveloppes budgétaires, notamment pour le Fonds chaleur, "performant mais trop limité". Enfin, des questions techniques poseraient encore problème, notamment les interférences des éoliennes avec la détection radar qui bloqueraient environ 3 GW de projets.

 

"Nous proposons donc un Plan de Relance volontariste, avec des mesures de court et moyen terme, afin d'atteindre les objectifs de 2020", annonce Jean-Louis Bal. "C'est une fusée à deux étages", explique le secrétaire général du SER, Damien Mathon. "Les mesures à court terme sont à prendre dans les six mois qui viennent. Elles portent sur l'amélioration du pilotage - en fixant des objectifs précis et ambitieux - grâce à des concertations pour la définition de zones propices au développement des EnR et à un effort de planification. Le SER propose également un choc de simplification administrative, une sécurisation économique des projets par les tarifs d'achat, un renforcement de la fiscalité écologique en allégeant ce qui pèse sur les renouvelables plutôt qu'en alourdissant les autres". Pour les mesures de moyen terme, le syndicat réclame une anticipation des évolutions du cadre réglementaire, un financement efficace des projets et investissements, l'amorce de nouveaux programmes en mettant l'accent sur la R&D, l'amélioration des exigences environnementales des nouveaux projets, l'accélération du développement industriel et la définition d'un plan spécifique pour les DOM-COM.

 

Le secteur maritime au côté du SER
"On accuse souvent les EnR de peser sur la CSPE, mais l'augmentation du prix des carburants fossiles y est aussi pour quelque chose, notamment dans les départements d'outre-mer", soutient Jean-Louis Bal qui est notamment soutenu par le président du Cluster Maritime français, Francis Vallat. Ce dernier déclare : "Notre préoccupation, c'est l'hydrolien et l'éolien offshore. Nous pensons qu'il faut absolument les rendre possibles. Or les autorités ont un mal fou à se décider et les décisions sont continuellement repoussées. Tous les dossiers restent ouverts, personne ne tranche. L'urgence est là ! Faute de quoi, en 2020, nous nous retrouverons à devoir importer des énergies renouvelables de nos voisins qui, eux, auront su développer le secteur et y créer des emplois…"

 

Le programme de la Conférence environnementale :
Cinq tables rondes se réuniront, en parallèle, ce vendredi 20 septembre après-midi, après le discours d'ouverture du Président de la République. Elles porteront sur l'économie circulaire, l'emploi et la transition écologique, la politique de l'eau, la biodiversité marine, et enfin sur l'éducation à l'environnement et au développement durable. Tous les ministres concernés (Ecologie, Egalité du territoire, Travail et Emploi, Enseignement supérieur et Recherche, Outre-Mer, Education nationale, etc.) seront présents à ces différents rendez-vous. Les travaux s'achèveront samedi dans la journée avant la prononciation d'un discours de clôture par le Premier ministre.

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