Les enjeux ?

 

Si en 2010, au cours des dernières élections des CMA, les résultats avaient fait apparaître une "très grande stabilité, tant en nombre de votants que dans la répartition des sièges aux principales organisations professionnelles", la participation moyenne nationale n'avait pas dépassé les 20 %. Car souvent ce scrutin est caractérisé par un nombre important des bulletins non comptabilisés, faute de signature au dos des enveloppes.

 

C'est pourquoi les propositions des deux listes candidates, "L'artisanat, c'est nous" de l'Union professionnelle artisanale (UPA), portée par la Capeb dans le secteur du bâtiment, et la seconde, "Fiers d'être artisans" lancée par la CGPME et soutenue dans le secteur de la construction, par la Fédération française du bâtiment (FFB), sont d'ores-et-déjà relayées sur le terrain, voir sur les chantiers.

 

"Oublier de voter, c'est renier l'importance de détenir un outil dédié aux entreprises artisanales, nous explique Pierre Burban, secrétaire général de l'UPA, dont la liste "l'Artisanat, c'est nous" représente à ce jour, 19 septembre 2016, une centaine de listes, soit 3.500 candidats. C'est aussi semer le doute sur l'utilité de ces établissements publics et à terme affaiblir le secteur de l'artisanat. C'est la certitude aussi qu'une fois élus, nos candidats ne braderont pas les intérêts au profit des grandes entreprises." Rappelons que l'UPA représentée à ce jour, par 2.670 administrateurs de Chambres de Métiers et de l'Artisanat, se targue de ne pas représenter les "sous-catégories" comme les "donneurs d'ordres" et les "sous-traitants". Elle fédère plusieurs familles de l'artisanat : la CAPEB pour le bâtiment, la CNAMS pour les services et la fabrication, la CGAD pour l'alimentation, mais aussi la CNATP pour les travaux publics et le paysage.

 

En revanche, "Fiers d'être artisans", qui présente 70 listes, soit 2.500 candidats, pour la première fois, ensemble, la Confédération générale des petites et moyennes entreprises (CGPME), la FFB, le Conseil National des Entreprises de Coiffure (CNEC), le Conseil national des professions de l'automobile (CNPA) et la Fédération des entreprises de propreté (FEB).

 

"Forts de notre représentativité avec la FFB et la CGPME, nous présentons nous un programme articulé autour de cinq engagements (RSI ; la qualification artisanale ; le dialogue social ; l'efficacité des Chambres de métiers ; les règles abusives), nous souhaitons représenter les métiers du bâtiment et non seulement l'artisanat du bâtiment", nous explique Henry Brin, électricien à Aigues-Vives (Gard), président national de CGPME Artisanat et président du Conseil de l'Artisanat à la FFB. D'ailleurs, ce dernier, qui en a marre de la "pensée unique de l'UPA", se présente à la Chambre des Métiers et de l'Artisanat du Gard.

 

Quelles oppositions entre les deux listes ?


La compétitivité des entreprises

 

S'agissant des thématiques qui opposent fortement les deux listes, la compétitivité des entreprises en fait tout d'abord partie. La liste "L'artisanat, c'est nous" réclame l'obtention d'une baisse immédiate et définitive des charges qui pèsent sur les entreprises, décrypte le secrétaire général de l'UPA.

 

Avant d'ajouter : "Nous souhaitons l'embauche de salariés qualifiés et encourager l'investissement, la recherche et l'innovation des entreprises artisanales." Et Pierre Burban le répète : "Nous veillerons à ne pas accroître la charge des entreprises !"

 

De son côté, "Fiers d'être artisans", rappelle avant tout que la liste défend les intérêts de la filière du bâtiment : "Nous l'avons montré par la voie de la FFB au sujet du RGE ou sur la politique du logement."

 

Mêmes points de convergences : la généralisation du haut débit internet et la promotion des opportunités offertes par le numérique. Toutefois, la liste "Fiers d'être artisans", qui se félicite d'avoir défendu les titres de qualification à travers la Loi Sapin II. Sur "l'Uberisation", "c'est un état de fait, il faut observer et regarder et désormais se préparer à l'essor de plateformes numériques et collaboratives", signale Henry Brin. Avant de reconnaître : "Nous n'avons pas prévu de solutions à ce jour."

 

La formation et l'apprentissage

 

Sur l'apprentissage, un sujet à la peine dans le bâtiment, la liste "L'artisanat, c'est nous", compte relancer durablement l'apprentissage par des financements pérennes notamment avec l'organisme spécifique dans le bâtiment, le CCCA-BTP.

 

"Nous souhaitons donc organiser une orientation efficace et positive en fonction des besoins réels des métiers et promouvoir la qualification et valoriser les compétences professionnelles, ADN de nos métiers", signale Pierre Burban, le secrétaire général de l'UPA.

 

En revanche, Henry Brin, porte-parole de la liste "Fiers d'être artisans" croit beaucoup au vivier de l'apprentissage dans le bâtiment à condition que la période d'essai soit améliorée. "Nous sommes favorables à une période de six mois", ajoute-t-il. Tout en rappelant qu'à l'âge de 16 ans, un apprenti est encore jeune pour démarrer dans un secteur difficile comme celui du bâtiment.

 

Concurrence déloyale

 

"Imposer la règle : mêmes charges et mêmes obligations pour tous ceux qui exercent une même activité", rappelle Pierre Burban, à l'UPA. Autre combat mené par l'UPA sur le terrain : "les règles actuelles et les dérives du travail détaché, l'encadrement des ventes directes et les plateformes collaboratives, et la limitation du développement des grandes surfaces." "Nous comptons aussi faciliter l'accès des artisans à la commande publique (travaux, cantines scolaires, blanchisseries, transport de personnes", complète la liste "L'artisanat, c'est nous".

 

La liste "Fiers d'être artisans" s'oppose également aux dérives du détachement en France et souhaite encourager de nouveau le "made in France" dans le secteur du bâtiment.

 

Dialogue social et trésorerie des entreprises

 

La liste UPA "L'artisanat, c'est nous", compte mettre enfin, en place un "service du RSI efficace" et exiger des banques qu'elles jouent leur vrai rôle de partenaire de l'entreprise.

 

A contrario, son opposante, "Fiers d'être artisans" demande clairement une "remise à plat du RSI." "Les organismes suggèrent de réformer le fonctionnement du RSI notamment en limitant l'assiette des cotisations aux seuls revenus du chef d'entreprise et en supprimant les cotisations sur les dividendes", explique Henry Brin.

 

Avant de pointer du doigt l'organisme : "On a un organisme qui est très coquin sur la gestion de crise. Je demande à ce que tous les ressortissants du RSI soient logés à la même enseigne. C'est pourquoi, nos futurs élus veilleront à ce que chaque cotisant soit défendu au même niveau !"

 

De plus, "la FFB et Fiers d'être artisans demandent la suppression des commissions paritaires régionales interprofessionnelles."

 

Enfin, un sujet épineux, qui oppose les deux listes, la fusion des chambres consulaires. Si l'UPA refuse la fusion des chambres de métiers avec celles des chambres de commerces, "Fiers d'être artisans" prône pour une mutualisation des chambres y compris celles de l'Agriculture. Cela se traduira par le "renforcement du service de proximité aux artisans et de la mutualisation des services consulaires", indique Henry Brin. Et de conclure : "Nous avons un Gouvernement qui égrène nos financements, il va falloir faire autant mais avec des moyens limités."

 

Enfin, la suppression immédiate de l'"usine à gaz du compte pénibilité", demeure l'un des seuls sujets de convergence des deux listes à quelques jours du premier vote par correspondance. Aux artisans maintenant de choisir.

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