EMPLOI. Le manque de main d'œuvre se fait sentir dans bon nombre de métiers du bâtiment. Le secteur de l'échaudage peine lui aussi à recruter. Pour y remédier, le groupe Layher compte bien mettre les atouts du métier en avant.

La crise dans le monde du bâtiment est désormais terminée ou du moins la reprise est là. Mais qui dit reprise dit besoin de main d'œuvre. Or, bon nombre de métiers et d'entreprises peinent à recruter. C'est notamment le cas dans les entreprises d'échafaudage. Eric Limasset, président de Layher, le constate : "il est difficile d'attirer les jeunes dans nos métiers". Car il reconnaît que "pour les gens qui ne connaissent pas ce métier, ce n'est pas très glamour". "C'est un métier qui semble dure", poursuit-il avant de faire valoir "qu'il y a une valeur-ajouté à ces métiers".

 

S'il est difficile de trouver des jeunes qui ont envie, il est aussi compliqué de les garder. "Aujourd'hui, c'est un métier physique et si l'entreprise ne fait pas des efforts pour motoriser ses équipements, pour former ses collaborateurs, les jeunes restent pas", constate le président de Layher.

 

Valoriser l'évolution de carrière

 

Alors comment faire pour changer la donne et revaloriser la filière ? "Depuis plusieurs années, nous avons entrepris des démarches pour moderniser nos entreprises afin que les métiers soient moins pénibles. Nous proposons aussi beaucoup de formations internes pour que les jeunes puissent évoluer et passer chef d'équipe ou conducteur de travaux", explique Eric Limasset qui estime "les jeunes ont besoin de se projeter". "Aujourd'hui, nous essayons de leur proposer plusieurs voies possibles du métier et de leur présenter les évolutions de carrière pour les attirer. Car nous avons aussi besoin de jeune qui progressent. Le métier de l'échafaudage, qui était très manuel il y a 20 ans, demande aujourd'hui d'autres compétences comme de savoir lire des plans, faire des comptes-rendus, de parler avec les clients qu'ils soient architecte ou artisans pierreux. Ils ont besoin d'avoir plus de compétences qu'il y a 30 ans", souligne-t-il.

 

Comment attirer ces jeunes ? Eric Limasset tient à valoriser le métier et mettre en avant ses atouts. Au-delà des possibilités d'évolutions de carrières, il rappelle que "c'est un métier qui recrute et qui paie pas mal par rapport à d'autres métiers". Pour le président de Layher "c'est un boulot passionnant". Il évoque en effet des chantiers "souvent prestigieux" sur lesquels ces échafaudeurs sont amenés à intervenir. "Nous allons dans des endroits où peu de personne vont". Il prend l'exemple d'un de ses alternants qui monte régulièrement sur la Tour Eiffel. "Il se régale et fait quelque chose que personne ne fait. Il se sent donc privilégié. C'est une sorte d'acrobate", raconte le dirigeant.

 

Une filière dédiée à l'échafaudage

 

Mais alors où peut-on trouver ces jeunes ? Depuis 5-6 ans, le groupe Layher travaille avec des professeurs du lycée professionnel de la Rochette de Melun. Ces derniers devant enseigner les bases de l'échafaudage à leurs étudiants se sont tourner vers Layher. De là est née l'idée de créer une filière échafaudage afin de combler les manques de compétences chez les monteurs par exemple mais aussi chez les conducteurs de travaux et chefs de chantiers. Les équipes enseignantes ont donc élaboré, avec le responsable formation de Layher, le programme de cette filière. Pendant cette année d'enseignement, les étudiants en alternance abordent ainsi différentes matières telles que "la résistance des matériaux, la conception sur Autocad, sans oublier le sport pour se muscler le dos", cite en exemple Eric Limasset. "Le principe c'est qu'un jeune qui sorte de cette année puisse rentrer dans l'échafaudage en choisissant le secteur qui lui convient : bureaux d'études, sécurité, le montage…", ajoute-il. Après cette première expérimentation, "nous avons remis cela au syndicat de l'échafaudage pour que toute la profession puisse en tirer profit", précise le président de Layher.

 

Les premiers bilans sont encourageants puisque le spécialiste de l'échafaudage recrute deux étudiants chaque année. "Et si nous pouvions nous en prendrions plus", nous confie Eric Limasset. Mais pour cela, il milite pour qu'il y ait davantage de filières comme celles de la Rochette. "Sur notre filiale montage, nous pourrions recruter facilement une vingtaine de personnes", estime le dirigeant. Et son entreprise n'est pas la seule dans ce cas puisque "toutes les entreprises d'échafaudage" qu'il connaît manquent de personnel. "Notre difficulté c'est d'avoir du personnel qualifié pour faire nos chantiers". Le développement de cette filière dans d'autres lycées serait une solution à ce manque de main d'œuvre. "Avant on avait besoin de bras, aujourd'hui on a besoin de cerveaux et de bras", conclut-il.

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