Lors du sommet de Rio, en 1992, les participants s'étaient engagés en faveur de l'accès universel à l'eau potable, dont manquent toujours aujourd'hui plus d'un milliard d'individus... 10 ans après, le problème de l'eau est toujours au coeur des débats, mais la question porte plutôt sur sa privatisation.

Lors du sommet de Rio, en 1992, les participants s'étaient engagés en faveur de l'accès universel à l'eau potable, dont manquent toujours aujourd'hui plus d'un milliard d'individus... 10 ans après, le problème de l'eau est toujours au coeur des débats, mais la question porte plutôt sur sa privatisation.

L'eau est-elle une marchandise? La question est plus que jamais d'actualité et fera sans doute l'objet de débats passionnés au Sommet mondial sur le développement durable des Nations unies à Johannesburg.

L'enjeu est considérable car la demande double tous les 21 ans. D'ici 2025, la population de ceux qui auront soif est estimée à huit milliards d'humains.

Dans cette bataille, les français ont un rôle prépondérant. Suez et Vivendi Environnement, approvisionnent aujourd'hui quelque 230 millions de personnes dans le monde et les deux groupes s'attendent à connaître une croissance annuelle à deux chiffres pour leurs activités liées à l'eau.

Mais voilà : des voix commencent à se faire entendre pour protester contre de développement du secteur privé dans ce secteur, même si les entreprises ont seulement le droit de commercialiser l'eau et n'ont pas la propriété de l'eau elle-même.

Des experts craignent que l'expansion du secteur privé n'échappe au contrôle des pouvoirs publics. "La privatisation a un potentiel de croissance énorme en raison des besoins criants en eau dans les pays en développement, mais l'eau est trop importante pour être laissée uniquement entre des mains privées", met en garde Peter Gleick de l'Institut pacifique à Berkeley en Californie cité par Associated Press.

Plus virulente, la militante canadienne Maude Barlow, auteur du livre "Blue Gold" (L'or bleu), exprime son point de vue dès le sous-titre de son ouvrage: "Le combat pour arrêter le vol de l'eau mondiale par les entreprises".

Si elle reconnaît que le secteur privé a un rôle à jouer, elle souligne que l'eau doit rester fermement entre les mains des autorités et qu'il ne doit pas y avoir de confusion entre droit humain et produit commercial.

Autre inquiétude pour ces militants écologistes : en privatisant l'eau, les entreprises risquent fort d'être tentées d'en vendre le plus possible au lieu de contribuer à conserver cette maigre ressource.

Enfin, il n'est pas sûr que le recours au secteur privé soit bénéfique pour les populations les plus pauvres. Les entreprises privées saisiront les opportunités, à savoir "les systèmes municipaux déjà en opération mais manquant de savoir-faire et d'argent, qui desservent les classes moyennes et supérieures", souligne M. Gleick. "Les pauvres continueront à être laissés de côté."

Toute ces raisons font l'avenir à long terme risque d'être moins riant pour les entreprises privées. Déjà, de grandes villes américaines avec de bons réseaux municipaux réfléchissent à deux fois avant une éventuelle privatisation.

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