Si ces JO d'hiver sont les plus chers et certainement les plus modernes de l'histoire olympique, la ville de Sotchi ne recevra pas la médaille en matière de conditions de travail des 70.000 ouvriers présents sur les chantiers dont 30.000 étaient migrants originaires d'Asie, Bulgarie, d'Arménie du Kirghiszstan, de Serbie, du Tadjikistan, d'Ukraine ou encore d'Ouzbékistan. "Sur les chantiers, ils construisent 25 heures sur 24 !", ironisaient de nombreux experts des JO d'Hiver.

 

L'ONG, Human Rights Watch (HRW), a d'abord dénoncé des expropriations d'habitants, dévoilant "des situations où les habitants n'ont tout simplement pas reçu d'indemnisation pour le terrain qu'ils ont perdu", avant de révéler plusieurs situations d'exploitation de travailleurs.

 

La bouche cousue d'un ouvrier du Caucase
Journées de travail à rallonge, rémunération incertaine, voire chantage au visa : les sociétés à qui le gouvernement a confié les travaux sont montrées du doigt dans ce rapport de HRW, qui a pu rencontrer 66 ouvriers sur le chantier. Le geste de cet ouvrier venu du Caucase, se cousant la bouche en signe de protestation reste, en effet, dans tous les esprits nous rapporte Radidoma, site d'information "jumeau" de Batiactu en Russie.

 

"Les conditions de travail qu'ils décrivent sont effrayantes, nous confie Jean-Marie Fardeau, directeur du bureau français de Human Rights Watch.Pour un salaire mensuel moyen compris entre 318 et 436 euros, les ouvriers travaillent douze heures par jour 'avec une heure de pause pour prendre les repas et changer de tenue et seulement un jour de congé toutes les deux semaines."

 

Du moins, quand ils sont payés. Car quand certains reçoivent leur paiement avec des mois de retard, d'autres n'en voient jamais la couleur. "Même si la Fédération de Russie vient d'affirmer ces jours-ci qu'elle rémunèrera l'ensemble des ouvriers concernés par cette situation, il est à craindre que les autorités ne retrouvent jamais, par exemple, un ouvrier d'Ouzbékistan reparti dans son pays d'origine…", ajoute-t-il.

 

 

Au final, "lorsque Jean-Claude Killy, membre du CIO affirme que 250 à 350 ouvriers ont été maltraités par les entreprises pendant la préparation des JO, il devrait relire notre enquête accablante", peste Jean-Marie Fardeau. Le CIO a d'ailleurs publiquement répondu aux informations contenues dans le rapport, indique l' association. "Il était donc parfaitement au courant de la situation", glisse-t-elle. Interrogé par l'AFP, l'an dernier, le ministre russe des Sports avait éludé la question, estimant qu'"un tel problème n'existe pas".

 

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