En Australie, la firme Carnegie Wave Energy développe patiemment un système de récupération d'énergie des vagues grâce à des bouées captives, immergées sous la surface de l'océan et dont les mouvements de balancier activent des pompes. Trois machines ont été installées au large de Fremantle afin de les tester en conditions réelles.

Le mouvement perpétuel de la surface des océans est une source d'énergie potentielle infinie. De nombreux ingénieurs de par le monde cherchent à l'exploiter, dont les scientifiques australiens de Carnegie Wave Energy, qui planchent sur la question depuis 1999. Leur idée ? Immerger des bouées captives - ressemblant à des palets - et utiliser leurs déplacements verticaux, qui suivent ceux de la houle, pour activer des pompes. Ces dernières permettent de produire du courant électrique ou d'alimenter des usines de désalinisation d'eau de mer par osmose inverse, voire les deux à la fois.

 

Un premier prototype "CETO I" a permis de valider le concept, dès 2006, suivi d'une série de trois prototypes "CETO II", d'une puissance de 1 kW, en 2008. Depuis, l'échelle a encore progressé, avec l'immersion de trois machines de 80 kW et 7 mètres de diamètre, au large de Fremantle (ouest de l'Australie). Depuis 2011, Carnegie Wave Energy a poursuivi le développement de modèles toujours plus grands et plus puissants, dont la "CETO 5", de 240 kW et 11 mètres de diamètre. Là encore, trois engins ont été produits et sont actuellement exploités face à Garden Island, non loin de Perth. Reliés au réseau électrique depuis le début de 2015, ils ont affronté des conditions marines parfois difficiles, avec des vagues de tempête de près de 4 mètres, sans dommage.

Prochain objectif : le mégawatt

Houlomotrices
Houlomotrices © Carnegie Wave Energy
Cette étape préindustrielle est de bon augure pour Carnegie Wave Energy qui prévoit déjà la sortie de la bouée "CETO 6", d'une puissance unitaire de 1 MW. Trois d'entre elles devraient être produites d'ici à 2016 et immergées toujours plus loin des côtes où la houle est plus forte, pour entrer en production vers 2017. Leur taille leur permettra d'être plus résistantes et d'embarquer toute la machinerie (pompes, générateur, accumulateurs) qui était auparavant posée au fond de la mer. Une simplicité accrue facilitant également les opérations de mise en place et d'entretien. La centrale, de 3 MW, servira de démonstrateur avant que la société australienne ne propose des unités commerciales de 25 bouées, soit 25 MW la puissance d'un parc éolien terrestre, en 2018.

 

L'avantage de cette solution, relativement simple à mettre en place, est la flottabilité des bouées, plus faciles à mettre en place que des turbines hydroliennes, lourdes et complexes, et qui ne nécessite pas de coûteux travaux de fondations, contrairement aux éoliennes offshore. L'exploitation de l'énergie des vagues et de la houle présenterait également une singularité, dans le monde des renouvelables : une constance de production, jour et nuit, tout au long de l'année. Suite à la démonstration réussie des trois "CETO 5", plusieurs pays se seraient déclarés intéressés, dont l'Irlande (au large de la côte entre Galway et Limerick), le Canada et les Bermudes. En 2012, Lionel Lemoine, de l'Ifremer (Institut français de recherche pour l'exploration de la mer), soulignait dans le cadre d'une conférence que le houlomoteur semblait très prometteur mais que les coûts des technologies associées étaient encore élevés, du fait de l'absence d'une filière industrielle structurée. Trois ans plus tard, la société australienne Carnegie entend lever cette hypothèque et proposer une solution économiquement viable. Rappelons que le potentiel mondial houlomoteur exploitable est évalué entre 8.000 et 80.000 TWh/an.

 

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