MONDIAL DU BATIMENT. Un an après son lancement par Récylum, la démarche collective Démoclès s'apprête à publier ses conclusions sur les opportunités de la gestion des déchets de second œuvre, récoltés lors des opérations de réhabilitation ou de démolition. Fabienne Landeroin, la coordinatrice du projet, nous en dit plus.

L'initiative Démoclès, coordonnée par Récylum (qui souhaite améliorer la collecte de déchets électriques issus de chantiers de déconstruction), a été lancée voilà un an. Rassemblant à l'origine 28 participants (entreprises, bailleurs, collectivités…), elle en regroupe aujourd'hui 40, souhaitant tous mettre en place un système optimisé de récupération des déchets du bâtiment. « Il y a une offre importante de recyclage pour le verre, le plâtre, le PVC, les moquettes ou les sols souples. Pourtant, souvent, les déchets finissent à la benne », nous raconte Fabienne Landeroin, la coordinatrice du projet Démoclès. Le verre plat, par exemple, ne doit pas être mélangé à d'autres déchets du bâtiment, sous peine d'être empoussiéré et pollué, empêchant tout recyclage. « Nous avons fait une proposition de mise en commun du travail sur les déchets du second œuvre, avec une gouvernance collégiale assurée par un comité de pilotage qui associe des acteurs de l'ensemble de la chaîne : Untec, Association des Maires de France, Syndicat national des entreprises de la démolition, fédérations… ». Trois groupes de travail ont été constitués, sur la maîtrise d'œuvre et maîtrise d'ouvrage, sur la valorisation et sur la dépose sélective.

 

Cette concertation s'est doublée d'un volet opérationnel, avec la réalisation de six chantiers tests. « Ils ont eu pour but d'analyser le gisement de déchets, avec leur poids et leurs caractéristiques, et de mesurer le temps de dépose sélective ainsi que le temps de conditionnement de ces matériaux », nous précise la spécialiste. Il apparaît que la responsabilité des matériaux issus d'une déconstruction se perd entre les différents acteurs d'un projet, maîtrise d'œuvre, maîtrise d'ouvrage, entreprise de travaux et gestionnaire des déchets. « Il est nécessaire de fluidifier l'information et de procéder à des formations », admet Fabienne Landeroin. L'Ademe, qui financera à hauteur de 50 % les études réalisées sur les chantiers tests, estime à 10 millions de tonnes, le volume annuel de déchets du second œuvre en France. « Mais, en fait, nous n'avons aucune idée de tout ce qui est démoli et réhabilité chaque année. Dans le tertiaire et le secteur hôtelier, par exemple, il n'y a pas de permis de démolir pour rénover les aménagements intérieurs. Et ce sont des interventions courantes. Les données sont donc incomplètes », raconte-t-elle.

 

Un rapport définitif au début de 2016

 

L'échantillon étudié, six chantiers, est faible pour tirer des conclusions générales. « Mais ils ont suscité une réflexion chez les acteurs afin de mieux appréhender la problématique de la gestion des déchets. Démoclès a mis en marche une dynamique de dialogue », assure Fabienne Landeroin. Les PME se montreraient d'ailleurs plus réactives que les grands groupes, où malgré la présence de départements dédiés au développement durable et de directions adaptées, les processus décisionnels seraient beaucoup plus longs. « Il nous reste à déterminer le besoin en information selon chaque type d'interlocuteur : on ne s'adressera pas de la même façon à un gestionnaire de PME qu'à un chef de service au sein d'une major », nous explique la coordinatrice. Le rapport final sera remis au début de 2016 et répondra à plusieurs questions majeures : comment se traduit la responsabilité du déchet tout au long du chantier ? Quels sont les enjeux volumiques ? Est-il préférable de trier sur place ou hors chantier ? Quel conditionnement utiliser pour permettre une valorisation efficace ? Et enfin, quelle est la pertinence des outils de traçabilité existants ? Des réponses qui auront un véritable impact économique et social.

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