Qu'ils soient avec les clients ou les fournisseurs, les délais de paiement sont en croissance. Ce qui, inexorablement, a alourdi le besoin en fonds de roulement des entreprises, et ce depuis quatre années. Détails avec la quatrième étude du Codinf (groupement associatif spécialisé dans la maîtrise du risque client).

En France, les délais de paiement des clients s'est accrue ces deux dernières années, constate le 4e baromètre sectoriel du Codinf sur l'évolution des délais de paiement. Ainsi, d'année en année, la proportion des entreprises qui voient baisser leurs délai client s'amenuise, tandis que celle, plus étoffée, qui voit ce délai croître a augmenté de près de la moitié en 2013 et 2014. Dans le secteur du BTP, on note une perception d'une augmentation de la part de 47% des entreprises ayant répondu à l'enquête, et un chiffre quasi équivalent de sociétés qui constatent une stabilité des délais (48%).

 

Dans le secteur du bois, ils sont plus nombreux à constater une stabilité (88%), contre 12% qui voient une augmentation. Quant à l'évolution des retards clients, entre 2010 et 2014, la part des clients payant en retard est en augmentation de 30%, un taux record en 2014. Dans le BTP, ce chiffre représente un tiers des réponses (33%), dans le bois, 17%. Au final, conclut l'enquête, les entreprises ont noté, en 2014, des hausses simultanées du nombre, de la durée et du montant des retards.

L'Etat et les collectivités, toujours mauvais payeurs

Par catégories de clients, la proportion des grands comptes qui ne respectent pas les délais plafonds légaux a crû en trois ans, de 36 à 45%, soit +25%. Ce sont les distributeurs qui subissent le plus fortement ce non-respect (49%). Dans le secteur du BTP, 41% des clients grands compte paient entre 31 et 60 jours, et 22% ) plus de 90 jours. Dans le bois, ils sont 69% à payer entre 31 et 60 jours, seulement 1% à plus de 90 jours. Du côté des collectivités territoriales, 95% d'entre elles ne respectent pas le plafond légal de 30 jours. Elles représentent 65% dans le secteur du BTP, qui paient entre 31 et 60 jours, 29% entre 61 et 90 jours et 6% au-delà de 90 jours. Dans le bois, 70% paient entre 31 et 60 jours, 10% au-delà de 90 jours. Enfin, troisième catégorie de client, l'Etat et les administrations centrales. Globalement, le délai plafond légal de 30 jours est respecté dans moins d'un cas sur dix, et les délais de paiement sont supérieurs à 90 jours dans près d'un cas sur huit. En détail, dans le BTP, 52% des clients paient entre 31 et 60 jours, 9% au-delà de 90 jours. Dans le bois, ils sont respectivement de 50% et 15%.

 

D'ailleurs, concernant l'encaissement des intérêts moratoires dans le secteur public, il s'avère que l'Etat les verse moins spontanément que les collectivités : 2.28% contre 2.94%. A l'inverse, note le Codinf, le taux d'efficacité des réclamations est de 62% pour l'Etat alors qu'il n'est que de 58% pour les collectivités. Dans le BTP, le taux d'efficacité est de 70%, contre 20% dans le bois.

Des fournisseurs bienveillants

Du côté des fournisseurs, là encore, les délais sont en augmentation. "Cela illustre à la fois les tensions de trésorerie des entreprises et la bienveillance apparente de leurs fournisseurs pour les soutenir dans cette passe difficile", souligne le Codinf. L'augmentation est constatée chez 12% des fournisseurs du BTP comme du bois. Quant à l'évolution des délais de paiement entre 2010 et 2014, 82% des entreprises du BTP paient leurs fournisseurs entre 31 et 60 jours (62% dans le bois) et aucune à plus de 90 jours.

 

Au final, "l'effet de ciseaux entre les délais de paiement clients et fournisseurs a inexorablement alourdi leur besoin en fonds de roulement de façon récurrente depuis quatre ans… Cela confirme, puisque leurs clients ne sont pas des particuliers, que la trésorerie qui fait défait à ces PME, a été principalement accaparée par le secteur public ou par des structures privées plus grandes qu'elles-mêmes", conclut l'enquête.

 


Ce qu'il faudrait faire en 2015… selon le Codinf
- opter pour des pénalités de retard rédhibitoires et les réclamer au fur et à mesure ou les totaliser afin de les négocier annuellement
- pérenniser les actions de la Médiation des relations inter-entreprises
- la DGCCRF doit utiliser la nouvelle arme des amendes administratives pour réprimer les abus
- faire la lumière sur le décalage systématique et persistant entre le discours officiel relatif au délai de paiement public et le constat fait par les entreprises
- comme l'Etat prévoit de réduire ses délais de paiement sur le quinquennat "afin de parvenir à un délai de paiement de 20 jours en 2017", les méthodes de calcul des délais mesurés de part et d'autre doivent être harmonisées
- que ce chantier soir à l'ordre du jour du rapport 2015 de l'Observatoire des délais de paiement

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