Selon une étude Altares-D&B, les entreprises affichent de meilleurs comportements de paiement au premier semestre 2014 par rapport à la même période de 2013. Une tendance timide mais réelle. Sur l'ensemble des secteurs, le bâtiment signe les améliorations les plus sensibles. Détail en chiffres.

Au premier semestre 2014, l'étude Altares-D&B relève une amélioration des comportements de paiement, notamment sur les grands retards. "Si la fluidité des échanges économiques ne peut se satisfaire de moins d'un tiers (32%) de "bons payeurs", il est heureux de constater que les retards de plus de quinze jours (31,1%) reculent", souligne l'enquête.

 

Dans le paysage économique, ce sont les petites entreprises qui se montrent les plus ponctuelles tandis que les grandes tardent à payer. "Alors que près de quatre microentreprises sur dix (37,6%) payent leurs fournisseurs à la date prévue, elles sont moins d'une sur dix (8,5%) lorsqu'elles emploient plus de 250 salariés", détaille l'étude.

Des disparités selon la taille de l'entreprise

Thierry Millon, responsable des Etudes d'Altares-D&B, dresse une analyse de cette situation : "Les dirigeants de petites entreprises n'ont ni le temps ni les moyens de retarder les règlements des fournisseurs. Chez les Entreprises de taille intermédiaire (ETI) et grandes entreprises, la crise de 2008 a accéléré la mise en place d'une démarche de maîtrise des risques, en particulier fournisseurs. Pour des questions de performance financière mais aussi économique d'ordre organisationnel, géopolitique, environnemental ou de conformité, ces grands acteurs se sont dotés d'outils de gestion des risques fournisseurs. Or, ces bonnes pratiques imposent en particulier une rigueur 'administrative' de toute la chaîne de facturation ; un document non conforme suffit alors à bloquer le règlement".

 

Du côté des PME (10 à 250 salariés), elles semblent tirer leur épingle du jeu. Néanmoins, elles sont seulement 23,3% à payer leurs fournisseurs à l'heure. Dans le même temps, les "petits " retards, inférieurs à quinze jours sont plus nombreux sur ce premier semestre 2014 (43,7% contre 43,1% il y a un an), note l'étude. "Ces reports de quelques jours, peu visibles, chez le fournisseur sont sournois. Le fournisseur est généralement attentif à un retard de règlement excessif en valeur ou en délai mais n'accorde pas suffisamment d'importance aux petits retards dont la multiplication peut compromettre gravement sa santé financière", indique Thierry Millon.

Le bâtiment montre des signes positifs

Concernant les secteurs, les entrepreneurs du bâtiment font bonne figure. Ce sont les plus respectueux des délais de règlements : "44,8% payent leurs fournisseurs à l'heure, soit 2,4% de mieux qu'il y a un an. C'est, à la fois, le meilleur taux sectoriel et la plus forte amélioration du semestre", glisse l'enquête. Résultat : la moyenne des jours de retard tombe sous les 9 jours (8,9 jours). Dans le secteur de l'immobilier, seulement 25 % des professionnels respectent les délais. "Dans ce secteur, les trésoreries restent fragiles et plus d'une entreprise sur dix (11%) reportent ses règlements de plus de trente jours", souligne l'étude. Enfin, dans l'industrie manufacturière et dans les services aux entreprises, "à peine plus d'un quart (26,5%) des entreprises payent leurs fournisseurs à l'heure. En revanche, dans ces deux secteurs, la part des retards de plus de quinze jours diminue et tombe respectivement de 30% à 28,5% et de 37,9% à 37,5%".

 

"En France, le crédit interentreprises représente 600 milliards d'euros et 'coûte' des milliers de dépôts de bilan. Ces délais de règlement négociés ou subis pèsent lourdement sur les économies. Aujourd'hui encore, trop d'entreprises sont tentées d'attendre la relance du créancier avant de payer la facture ; et trop de créanciers attendent le reporting mensuel pour lister les retardataires", explique Thierry Millon. Et de conclure : "La France semble s'accommoder d'être championne d'Europe des petits retards de paiement. Pourtant, ces reports de moins de 15 jours privent les fournisseurs et sous-traitants des TPE et PME françaises des fonds nécessaires à leur croissance. La compétitivité se gagne aussi par la mesure de la qualité de la relation avec les fournisseurs".

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