A l'occasion de la Biennale d'architecture de Chengdu, qui s'est déroulée du 29 septembre au 30 octobre 2011, Batiactu a rencontré le conservateur de l'exposition, l'architecte chinois, Zhi Wenjun. Ce dernier nous livre son point de vue sur l'évolution de l'architecture en Chine et son avenir. Interview.

Batiactu : La Chine a connu de grands bouleversements ces dernières années. Selon vous, où se situe l'architecture dans ce paysage ? Qu'est ce qui a changé fondamentalement ?
Zhi Wenjun * :
C'est une grande question. La Chine a été confrontée à la construction et la mise en place de nombreux projets sur une même période. On peut regretter que certaines rues et certains quartiers aient été préservés pour des raisons commerciales et non pas dans un but de laisser un héritage. Mais aujourd'hui, on entame une nouvelle ère, non pas en termes de quantité mais de qualité des immeubles puisque l'on s'attarde davantage sur l'esprit dans lequel on bâtit. Si auparavant, l'identité a pu être laissée de côté, aujourd'hui, on prend le temps de réfléchir aux constructions : culture historique, identité des programmes, etc. Il faut souligner qu'ici tout a changé : la vie a changé et par conséquent, on a besoin d'un nouvel environnement, de nouveaux bâtiments pour épouser cette nouvelle vie.

 

Batiactu : La thématique de la biennale de Chengdu est axée sur la notion de «cité jardin», comment est née cette idée ?
Zhi Wenjun :
En Chine, c'est le gouvernement qui est chef de l'architecture. C'est lui qui décide de tout. Il y a trois ans, le gouvernement a émis le souhait de faire de Chengdu «une ville jardin». Une manière de lancer un défi à travers un slogan. J'ai d'ailleurs beaucoup discuté avec le bureau de planification urbaine pour aider à la mise en place de programmes industriels (comme la zone High Tech) et la préservation des zones périphériques.

 

Batiactu : Pensez-vous que l'idée de «cité jardin» puisse répondre au défi des mégapoles chinoises en perpétuelle croissance ?
Zhi Wenjun :
Je pense que oui. Les recherches à ce sujet comme celles réalisées pour la Biennale sont utiles. En effet, les villes ne cessent pas de croître et on assiste à de nombreux déplacements : beaucoup de fermiers quittent les campagnes pour les villes et cela crée un développement urbain de grande ampleur. Je pense qu'il faut faire attention à préserver la situation naturelle des sites mais surtout à préserver l'environnement. Et c'est aux architectes de se montrer créatifs.

 

 

Batiactu : Quel challenge doit relever l'architecture chinoise dans les années à venir ?
Zhi Wenjun :
Celui de l'urbanisation. Actuellement, cette problématique a surtout une portée économique puisque les bâtiments poussent en quelque sorte pour «faire de l'argent». Par conséquent, les architectes ne doivent pas rester passifs. Au contraire, ils doivent faire entendre leurs voix et participer à l'élargissement des cités. La biennale est un premiers pas en ce sens. Une manière d'impliquer et de sensibiliser la population et le public à l'évolution des villes.

 

* ZHI Wenjun, Rédacteur en chef du magazine Time + Architecture, membre permanent de l'Académie d'Architecture de Shanghai, Professeur de la Faculté d'Architecture et d'Urbanisme de l'Université de Tongji

actionclactionfp