La facture de la grande conférence sur le climat qui se tiendra au Bourget au mois de décembre 2015 devrait être salée : environ 170 millions d'euros selon le quai d'Orsay. Un cinquième de ce montant pourrait être apporté par le mécénat privé, ce qui inquiète les organisations non gouvernementales de défense de l'environnement.

Pierre-Henri Guignard, secrétaire général de la conférence Paris Climat (COP21), a dévoilé le montant de la facture que l'Etat devrait régler pour son organisation : "Nous travaillons globalement sur 170 millions d'euros de coût, dont 20 % devraient être financés - comme l'a souhaité Laurent Fabius - par le secteur privé". Un montant qui "peut sembler considérable", concède le responsable mais qui "de fait, pour une conférence de 15 jours, exceptionnelle par sa durée et le nombre de ses participants, n'est finalement pas très élevé", explique-t-il. "Le coût par jour et par personne est environ 10 fois plus faible que celui de l'organisation des sommets G8 et G20", a, de son côté, précisé le ministre des Affaires étrangères. En tout, 25.000 délégués provenant de 195 pays sont attendus au début du mois de décembre.

 

Différentes entreprises françaises et internationales seront donc sollicitées afin d'apporter les 34 M€ souhaités par le quai d'Orsay. Parmi elles, des grands noms de l'énergie comme EDF, Engie (ex-GDF Suez), ou ERDF, des acteurs de l'industrie des transports comme Renault Nissan ou Air France et du monde de la finance (Axa, BNP Paribas). "Ce partenariat est dû à deux grandes raisons : nous voulons assurer un haut niveau d'exigence environnementale à la conférence elle-même", explique Laurent Fabius. Les mécènes devront "aider à mettre en place des transports écologiques" ou contribuer "à l'optimisation énergétique des bâtiments", détaille-t-il. "La deuxième raison est financière", réduisant d'un cinquième la facture pour les pouvoirs publics. Pour l'heure, la moitié de la somme aurait déjà été réunie. "Il y a beaucoup d'entreprises françaises, il y a des entreprises internationales" et "toutes sont des amies du climat", a affirmé le ministre.

Les ONG dénoncent un financement par des champions de la pollution

Renault Nissan, par exemple, fournira 200 véhicules électriques et déploiera plus de 50 bornes de recharge à Paris et en périphérie, la conférence se déroulant au Bourget. De son côté, EDF s'est engagé à approvisionner le réseau en électricité décarbonée "grâce à son mix de production fondé sur le nucléaire, l'hydraulique et les autres énergies renouvelables", annonce Laurent Fabius. Quant à la gestion des déchets, elle sera confiée à l'entreprise Derichebourg.

 

Cette annonce de "sponsoring" a été vivement critiquée par les ONG environnementales qui détaillent : "Energéticiens fossiles et fissiles, compagnies aériennes, constructeurs automobiles : la liste des mécènes de la 21e conférence de l'ONU sur le climat comprend des multinationales françaises qui ne sont pas compatibles avec le climat". Les militants dénoncent "l'incohérence du gouvernement" et redoutent "que les négociations se retrouvent aux mains des pollueurs". La COP21 sera-t-elle une réussite sur le plan diplomatique avec la signature d'un accord limitant à 2 °C le réchauffement climatique, ou au contraire un coûteux fiasco transformé en opération de communication verte par quelques géants de l'économie ? Réponse en décembre.

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