CONJONCTURE. Le secteur de la construction métallique retrouve du dynamisme et entend faire valoir ses atouts. Avec la reprise économique constatée, les industriels admettent toutefois éprouver des difficultés à recruter. Roger Briand, le président du SCMF, expose leurs demandes.

La France n'est pas que le pays historique du béton, ni celui de la construction bois de grande hauteur. Non, c'est également celui de la construction métallique, un secteur dynamique qui emploie aujourd'hui plus de 15.000 salariés dans 800 entreprises différentes (bureaux d'études, fabricants d'éléments, sociétés d'assemblage sur site). Il enregistre, depuis 2016, une reprise de son activité en lien avec le regain économique, de l'ordre de +3 % en 2017 et de +4 % attendus pour l'an qui vient. Le chiffre d'affaires réalisé s'établit à 3,6 Mrds € dont seulement 9 % à l'export. Comme le note le Syndicat de la construction métallique de France (SCMF), "l'activité est essentiellement assurée par l'investissement privé, les investissements publics se faisant plus rares. Toutefois, le programme du Grand Paris et l'objectif des Jeux Olympiques en 2024 devraient redonner du souffle à la commande publique". Il souligne que le taux d'activité est étroitement lié à celui d'utilisation des capacités de production locales. Avec un taux systématiquement supérieur à 80 %, le syndicat constate un accroissement très net des investissements des entreprises manufacturières.

 

 

La production annuelle devrait atteindre, cette année, les 706.000 tonnes (+3 %). Hors ouvrages d'art, l'activité se répartit presque équitablement entre bâtiments industriels (25 %), agricoles (22 %), commerciaux (18 %) et logistiques (17 %). Les constructions pour le tertiaire (8 %) et les équipements de sport et loisirs (7 %) ne viennent qu'ensuite. Le SCMF rappelle que plus des trois quarts des bâtiments industriels sont réalisés en construction métallique et que l'essor du commerce en ligne a favorisé le marché des entrepôts logistiques. "Si la solution structure métallique n'est pas toujours retenue pour construire les très grands entrepôts, elle reste très compétitive sur le marché des tailles moyennes, comprises entre 2.000 et 5.000 m²", souligne-t-il. Le carnet de commandes des entreprises du secteur s'est donc rempli pour les sociétés qui enregistrent également plus de demandes d'études et de chiffrages sur la fin de l'année. Roger Briand, le président du SCMF, tempère toutefois : "Il reste à espérer que les prix de marché progressent afin de pouvoir continuer à investir dans nos entreprises et pour ainsi assurer l'avenir de la construction métallique française".

 

Des difficultés à embaucher et à décrocher des contrats publics

 

Les industriels du secteur rencontrent toutefois une difficulté : celle du recrutement, à tous les niveaux. Le secteur souffre d'une image dégradée et archaïque, alors que ses entreprises disposent souvent des lignes de fabrication automatisées, et que les chantiers d'assemblage présentent des caractéristiques zéro déchet, zéro gravats, zéro poussières, proches de celles de la construction bois. Afin de mieux faire connaître ses débouchés aux jeunes, l'Association pour le développement des formations aux métiers de la construction métallique propose un nouveau BTS intitulé "Architectures en métal : conception et réalisation". Sur son site, le syndicat a mis en place une bourse d'emplois et entend lancer un programme de promotion en 2018. Des "serious games" et autres outils pédagogiques multimédias à destination des collèges et écoles d'ingénieurs seront utilisés afin de créer des vocations.

 

 

La filière déplore la diminution du financement de son Centre technique de la construction métallique (CTICM) depuis 2012 à cause du plafonnement d'une taxe parafiscale collectée auprès des entreprises en fonction de leur volume de production en charpentes métalliques. Roger Briand reprend : "Alors que les pouvoir publics incitent les entreprises à participer aux plateformes régionales d'innovation, aux pôles de compétitivité, à investir en R&D pour ainsi mettre sur le marché des produits différenciés (…), nous sommes très surpris par l'attitude de ce même gouvernement qui vient paradoxalement dégrader les ressources du CTICM". Le syndicat souhaite également que les appels d'offres publics prévoient de privilégier l'allotissement plutôt que les marchés d'entreprises générales, y compris pour les plus gros projets. Car, souvent, l'acheteur public privilégie le confort d'avoir un interlocuteur unique et les lots se trouvent sous-traités par des entreprises étrangères. "Une mesure permettrait de régler ce problème : rendre nécessaire, pour les entreprises générales, d'indiquer dans leur offre les noms des entreprises sous-traitantes des lots principaux avec obligation de les conserver lorsqu'elles se voient attribuer le marché", fait valoir Roger Briand. Une règle qui aboutirait à un achat plus responsable économiquement, selon lui.

 

Le SFCM rappelle enfin les avantages de la construction métallique en termes de développement durable : il met en avant la proportion de produits mis en œuvre par les constructeurs de l'Hexagone sortant d'aciéries françaises (75 %) et les possibilités de réutilisation à l'infini du matériau. "En matière de recyclage, nous ne le dirons pas assez, l'acier est le matériau le plus vertueux", martèle le président.

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