Paramètres de la relance des mises en chantier, les coûts de la construction sont régulièrement au cœur des débats. Comment les réduire ? A cette interrogation, architectes, bureaux d'études et maîtres d'ouvrage apportent des solutions techniques et technologiques. Néanmoins des freins persistent. Explications.

"Au Pays-Bas, les coûts de construction et de travaux sont 30 à 35% moins élevés, et pourtant les logements sont plus grands, et parfois mieux construits", lance Tania Concko, architecte urbaniste, lors du café urbain organisé par l'aménageur Sem 92, vendredi 28 mars.

 

Un constat partagé par Éric Noël, directeur associé chez Projex Ingénierie, un bureau d'études techniques, qui souligne que dans certains pays d'Europe, les coûts de construction sont moins importants grâce à un travail généré en amont des projets : "La co-conception qui consiste à réunir l'ensemble des acteurs dès le début d'une opération permet d'optimiser les recherches d'études et les coûts de travaux", précise-t-il, plébiscitant la conception-réalisation. Ce procédé est souvent évoqué par les acteurs de la construction, mais il provoque encore des réticences : "Cette méthode s'appuie sur la confrontation d'experts, et permet l'émulation. Toutefois, pour que cela fonctionne, le maître d'ouvrage doit être bien organisé et son programme bien défini afin de bénéficier au maximum des bienfaits de la procédure", note Eric Noël. Des commandes précises, travaillées, notamment avec les attentes des villes, tout en tenant compte de la réalité des marchés, voici l'étape préliminaire sur laquelle certains s'accordent et dans laquelle l'aménageur pourrait jouer un rôle d'intermédiaire et de liant. Ainsi, chacun doit apporter sa compétence et sa valeur ajoutée, "la création est partout", insiste d'ailleurs l'architecte Tania Concko.

 

Le Bim pour coordonner les opérations
Parmi les outils évoqués pour essayer de concilier les différents intervenants, on peut citer la maquette numérique puisqu'elle réalise la synthèse en continue de la conception. "Elle se positionne comme une plateforme collaborative avec un chef d'orchestre. Elle devrait permettre d'optimiser la matière grise en amont et par conséquent, d'abaisser les coûts en aval", souligne Pierre Paulot, directeur de l'architecture et du développement chez Immobilière 3F. Si la technologie commence à faire écho dans l'univers de la construction, elle ne fait pas encore partie du quotidien. Notamment par sa complexité. Si certains corps de métiers comme les architectes sont déjà familiarisés avec ce type d'outils, du côté des entreprises, des disparités risquent d'apparaître : "Les majors ont pris le train en marche, mais d'autres seront pénalisés par manque de formation et d'équipements, notamment les PME qui pourraient être privées de certains marchés", souligne Eric Noël. Et ce d'autant plus que la ministre du Logement, Cécile Duflot, a annoncé dans son plan "Objectifs : 500.000 logements", l'obligation de l'utilisation de la maquette numérique pour les marchés publics dès 2017.

Opter pour des systèmes constructifs pour aller plus vite

Enfin, au-delà de la conception, un travail sur la construction elle-même pourrait être effectué comme c'est le cas au Pays-Bas : "Il faut explorer toutes les possibilités de systèmes constructifs comme par exemple, le coffrage tunnel qui consiste à faire des coffrages et à couler du béton dans un laps de temps rapide. L'objectif est d'agir sur les délais", note l'architecte Tania Concko. Cette dernière évoque également la façon dont les logements sont livrés. Une manière de réduire les coûts et d'accélérer la production serait de jouer sur les travaux de finition, comme ne pas peindre les murs, etc. Si cet axe pourrait s'appliquer au secteur libre, ce serait plus compliqué à mettre en place sur le logement social. En mutation, la construction est face à de nombreux défis, dont le principal est l'adaptation et la formation aux nouvelles approches constructives.

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