CONJONCTURE. Une remontée progressive des taux, dans les mois à venir, pourrait finir par entraver le processus de reprise engagé dans le secteur de la construction, d'après la Coface. Un "trou d'air" dans l'activité du logement neuf serait ainsi à prévoir.

La reprise dans le secteur de la construction est une réalité. Mais elle ne bénéficie pas à tous, et rien ne nous assure qu'elle sera toujours là en 2018. Voici, en résumé, l'analyse de la Coface sur la conjoncture dans le secteur du BTP. La société organisait une conférence de presse, le 21 avril à Paris, pour présenter et étayer ces observations.

 

Le marché du logement neuf reprend du poil de la bête depuis 2015, certes, mais jusqu'à quand durera cette embellie ? Pour la Coface, au moins jusqu'à 2017. Mais quid de 2018 ? "Ce segment d'activité est grandement dépendant de deux facteurs exogènes", explique Frédéric Wissocq, responsable de l'arbitrage branche construction à la Coface. "A savoir le niveau des taux d'intérêt et les incitations fiscales." Le maintien de ces dernières dépend, on le sait, des choix qui seront effectués par la future équipe gouvernementale. Quant aux taux, la Coface table sur une remontée de ceux-ci à 2,2% fin 2017 et à 3% en 2018 (la Banque centrale européenne devrait augmenter son taux de refinancement des banques au second semestre 2018). Or, d'après les chiffres de la Coface, à chaque fois que les taux gagnent 0,1%, les acheteurs doivent renoncer à 1,25m² de surface. "Ces derniers mois, il y a eu un effet d'aubaine de la part des acheteurs du fait des taux bas, et il y aura, à un moment donné, un trou d'air", explique Frédéric Wissocq. "La remontée des taux est déjà dans les esprits des acquéreurs." Même les meilleures choses ont une fin...

 

A cela s'ajoutera une baisse probable des prix de l'immobilier, visiblement surcoté à hauteur de 27% en France.

 

Les deux "oubliés" de la reprise : la rénovation et les travaux publics

 

La Coface insiste également sur le fait que cette reprise, assez fragile, ne bénéficie pas à tous les secteurs de la construction. Loin de là. "60% de l'activité du BTP est issue de l'entretien-rénovation", rappelle ainsi Frédéric Wissocq. "Or, ce marché reste stable, les particuliers étant attentistes." La Coface fait par ailleurs le même constat que la FFB : les très bons chiffres en termes de transactions immobilières en 2016 n'ont pas déclenché de travaux supplémentaires.

 

Les travaux publics sont les autres "oubliés" de la reprise. "Le frémissement d'activité est surtout lié aux grands travaux, notamment ceux du Grand Paris. Mais le fond du secteur, lié à la demande des collectivités, n'est pas aussi dynamique", explique Frédéric Wissocq.

 

Les TPE ont des difficultés d'accès au crédit

 

Enfin, qui dit reprise, dit financement de l'activité. Et là, les TPE souffrent particulièrement. "Une récente étude de la banque de France montre qu'elles ont actuellement des difficultés à accéder au crédit", observe Frédéric Wissocq. "Or, les entreprises du BTP sont majoritairement des TPE..." Une remarque qui rejoint les propos que nous tenait récemment Patrick Liébus, président de la Capeb : "Si on veut relancer la mécanique, il faut que les banques reviennent à leurs fondamentaux, auprès de nos clients et auprès des entreprises. Car une entreprise qui fait rentrer des chantiers, mais qui n'a pas de trésorerie, c'est une entreprise en danger."

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