La présidente Les Républicains de la région Île-de-France a déclaré "assumer" la mise en place de la clause Molière dans les chantiers publics de ce territoire, "pour assurer la sécurité". Elle a également dénoncé "un petit coup de communication" du précédent gouvernement qui avait déclaré cette disposition illégale.

Valérie Pécresse enfonce le clou. Malgré l'envoi d'une note interministérielle affirmant que la clause Molière imposant l'usage du français sur les chantiers, était illégale, la présidente de la région Île-de-France a réaffirmé son intention de la généraliser. Elle a dit "assumer" son inscription dans les appels d'offres de marchés publics dont la région est maître d'ouvrage, depuis la mi-avril 2017.

 

 

L'intéressée détaille : "Le précédent gouvernement a voulu faire un petit coup de communication en dénaturant la clause que nous avons votée en Île-de-France, et en faisant croire qu'elle excluait les travailleurs étrangers des chantiers". Pour elle, le dispositif "n'interdit pas de ne pas parler français sur les chantiers d'Île-de-France" mais permet au contraire "d'assurer la sécurité sur les chantiers, en exigeant qu'un traducteur soit recruté par la compagnie qui fait le chantier". Il y a deux semaines déjà, elle affirmait à Batiactu adopter cette clause pour des raisons de sécurité.

 

Mesure discriminatoire ou sécuritaire ?

 

 

Mais elle admet également : "Bien évidemment, cela renchérit le coût du travailleur détaché". Un surcoût qui aura pour conséquence (souhaitée) "que les PME d'Île-de-France soient incitées à recruter des salariés qui vivent en France et comprennent le français". De quoi "rétablir le coût relatif des salariés installés en France par rapport aux travailleurs détachés". Valérie Pécresse maintient également que la clause "n'est pas discriminatoire" et qu'au contraire elle "permet une fois de plus à la région de se montrer exemplaire en matière de sécurité des ouvriers".

 

En dehors de l'Île-de-France, cette clause a été adoptée par différents conseils régionaux, comme celui de la région Auvergne-Rhône-Alpes. Et elle suscite des avis mitigés. Vincent Giraudeaux, le président de la Fédération des acteurs de la prévention, par exemple, estime qu'il s'agit d'une bonne idée mais qu'elle ne permettra pas de résoudre tous les soucis liés à la sécurité sur les chantiers. Pour lui, il n'existerait pas de lien formel entre capacité à comprendre le français et respect des consignes de prévention des risques professionnels. Les syndicats sont en revanche totalement opposés à ce dispositif. Laurent Berger, le secrétaire général de la CFDT y voit "des relents de préférence nationale" et déclare : "On veut faire croire qu'on veut lutter contre le dumping social et on tape sur les salariés avec des fondements qui sont xénophobes". La polémique n'est donc pas terminée et ce sont les décisions du nouveau gouvernement qui scelleront l'avenir de cette clause.

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