Les cités-dortoirs construites à la hâte en éléments préfabriqués à la ceinture des villes bulgares dans les années 60 vont faire peau neuve, une rénovation qui concerne 20% du parc immobilier du pays.

Sur les quelque 750.000 appartements préfabriqués hérités du communisme, 60% devront être rénovés faute de quoi ils seront détruits à partir de 2010, indique Atanas Zakhariev, directeur au ministère du Développement régional.

Une premier programme de rénovation va être mis en oeuvre cette année pour 3.000 appartements à Pernik, une ville minière située à 30 km de Sofia. Les systèmes de canalisation et de chauffage vétustes seront changés et les cadres de fenêtre seront remplacés pour une meilleure isolation.

L'Etat prendra en charge un tiers du coût des travaux - entre 5.000 et 7.500 euros pour un appartement de 60 m2 -, un tiers sera à la charge du propriétaire et un tiers sera couvert par des crédits à taux préférentiel, explique M. Zakhariev.

Les préfabriqués, pompeusement appelés "complexes d'habitation", ont été construits dans les années 60 pour pallier la crise du logement dans des villes qui s'industrialisaient à toute vitesse.

Les entreprises louaient pour une somme symbolique de petits appartements à leurs ouvriers et employés qui, par la suite, pouvaient devenir propriétaires à des conditions avantageuses.

Aujourd'hui, plus de 80% des Bulgares possèdent leur logement mais, pour la plupart, il s'agit de "boîtes à sardines". D'après le recensement de 2001, 82,5% des logements ont une surface habitable de moins de 60 m2, à peine un logement sur 33 dépasse les 90 m2 et près de la moitié des 1,2 million d'habitants de Sofia logent dans ces cités-dortoirs dont les immeubles décrépis se ressemblent tous : façades lézardées, balcons vitrés voire murés pour pouvoir être utilisés comme cuisine ou pour augmenter la surface d'habitation, escaliers couverts de graffitis, portes blindées et fenêtres grillagées au rez-de-chaussée pour prévenir les vols.

"J'ai du mal à développer le sens esthétique de mes enfants", déplore Ulia Alexandrova, un femme-médecin qui habite le "complexe" de Lulin, à l'ouest de la capitale. "Ils sont nés dans cette ambiance et la laideur finit par ne plus les impressionner. Moi-même je m'y suis habituée", ajoute-t-elle en se tournant vers le mont Vitocha, aux pieds duquel ont été construites de luxueuses maisons dotées d'une piscine pour les nouveaux riches.

Après la chute du communisme en 1989, la construction immobilière avait explosé mais une fois la demande des familles et des entrepreneurs capables de payer satisfaite, le marché s'est écroulé. Actuellement, à peine 14% des Bulgares ont les moyens de s'acheter un logement, selon un sondage de l'institut Mediana.

Dans les années 90, nombre de Bulgares avaient pré-payé au prix fort leur rêve d'accession à la propriété. Quelque 300 familles avaient ainsi été grugées par Solomon Angel, un entrepreneur bulgare qui a dilapidé l'argent qui lui avait été confié sans que la justice n'ait jamais réussi à l'obliger à rembourser.

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