L'annulation brutale du permis de construire de l'îlot Rivoli inscrit dans le projet de rénovation lourde de la Samaritaine continue de faire du bruit. Les juges de la Cour administrative d'appel de Paris, chargés d'examiner les recours contre les permis de construire, ont demandé aux dirigeants de la Samaritaine (LVMH) de leur fournir la maquette. Son responsable juridique apporte des éléments de précisions à Batiactu.

L'annulation, le 13 mai dernier, par le tribunal administratif de Paris du permis de construire de l'îlot Rivoli -partie fondamentale du projet de rénovation de l'ancien centre commercial La Samaritaine datant de 1852 - a donné pour le moment un coup d'arrêt brutal au projet. Depuis la période d'examen des recours entrepris au cours de ces trois mois par le juge de la cour administrative d'appel de Paris, beaucoup de rumeurs circulent dans une "certaine presse", signalent les dirigeants de la Samaritaine. "Un exemple, il est faux de dire que les juges ont saisi la maquette animée de la Samaritaine, exposée, jusqu'à aujourd'hui à la maison du projet, au 83 rue de Rivoli (1er) arrondissement de Paris, s'étrangle Ghislain Desmarest, responsable juridique de la Samaritaine, contacté par Batiactu, ce jeudi 4 septembre. Les juges nous l'ont tout simplement demandé comme élément de compréhension. Et effectivement, ils devraient la garder quelques mois pour comprendre tous les éléments du dossier."

Travaux stoppés

Cela étant, les travaux sur l'emprise Rivoli sont bien stoppés depuis mai 2014. Initialement prévue en 2013, repoussée à 2014, puis 2015, la réouverture de la Samaritaine pourrait ne pas intervenir avant 2016 ou 2017. "Dans ce contexte juridique, le projet est bien chamboulé", nous confirme Ghislain Desmarest. "Notre position n'a pas changé : le Tribunal n'a pas apprécié le caractère hétérogène de la rue avoisinant des bâtiments 1 et 3 de la Samaritaine, qui n'ont rien d'Hausmannien. On pense que le tribunal a fait une erreur d'appréciation dans le bâtiment de la rue Rivoli", précise-t-il. Désormais, les dirigeants de la Samaritaine et les porteurs du projet, l'agence japonaise Sanaa, attendent avec impatience la décision d'appel au fond qui sera jugée dans les 6 à 18 mois prochains, nous explique-t-on.

 

Pour rappel : lors de l'audience en mai 2013, le rapporteur public s'était prononcé pour le rejet de ce recours mais le tribunal n'avait pas suivi son avis. "Eu égard notamment à la nature et à la destination de cet immeuble, et en dépit de ses qualités architecturales intrinsèques, les requérants sont fondés à soutenir que le projet, sur l'artère où il est implanté, ne satisfait pas aux prescriptions ", du plan local d'urbanisme, affirme le jugement.

"S'intégrer au tissu existant"

Ce plan prévoit que "les constructions nouvelles doivent s'intégrer au tissu existant, en prenant en compte les particularités morphologiques et typologiques des quartiers [...] ainsi que celles des façades existantes." Alexandre Gady, président de la SPPEF*, y voit "une immense victoire pour tous les défenseurs du patrimoine."

 

Tel n'est pas l'avis de la Mairie de Paris, qui avait fait appel de ce jugement, en déplorant dans un communiqué qu'"à l'heure où les capitales européennes s'engagent dans une modernité urbaine respectueuse de leur patrimoine, cette décision est susceptible de priver Paris de la place qu'elle doit défendre sur la scène architecturale internationale". La Samaritaine fait également appel du jugement, mais il n'est toutefois pas suspensif.

 

 

Ghislain Desmarest conclut : "Dans cette bagarre juridique, nous sommes surtout contents que l'Académie d'architecture, l'Académie des Beaux-Arts le Conseil régional de l'Ordre des architectes d'Ile-de-France (CROAIF), l'Ordre des architectes, l'UNSFA, des architectes et maîtres d'ouvrages mais aussi riverains et Parisiens nous encouragent dans notre procédure."

 

*Les deux associations, la Société pour la Protection des Paysages et de l'Esthétique de la France (SPPEF) et SOS Paris avaient, en effet, déposé deux recours devant la justice pour contester les permis de construire accordés fin 2012 au groupe de luxe LVMH.

actionclactionfp