Architecte et designer d’espaces fonctionnels, Charlotte Perriand (1903-1999) a oeuvré aux côtés de grands noms tels que Le Corbusier et Jean Prouvé. Le Centre Pompidou à Paris lui consacre une exposition monographique jusqu’au 27 mars 2006, avec plus d'une soixantaine de pièces originales.

La manifestation retrace chronologiquement les temps forts de la vie de Charlotte Perriand à travers neuf salles : «L'esprit moderne», «Le logement minimum», «L'engagement», «Le Japon», «L'équipement collectif», «L'art d'habiter», «Le Brésil», «La montagne» et «La maison de thé».
Plusieurs maquettes de projets non réalisés, des mises en situation d'espace, des documents écrits, des photographies d'époque et un film inédit ponctuent la présentation. La voix de Charlotte Perriand, extraite d'une émission radiophonique, accompagne le visiteur tout au long du parcours.

Dès ses débuts, après des études à l'École de l'Union centrale des arts décoratifs, Charlotte Perriand rompt avec la tradition et défend l'utilisation de matériaux nouveaux comme le métal. Elle en fait la démonstration avec son «Bar sous le toit» puis avec sa «Salle à manger».

En 1927 elle devient l'associée de Le Corbusier et de Pierre Jeanneret pour l'équipement de la maison, et à leurs côtés, elle décide de se battre contre l'académisme de certains salons. Elle fonde ainsi l'Union des Artistes Modernes (UAM) en 1929.
Charlotte Perriand collabore aux recherches avant-gardistes de Le Corbusier sur l'étude du logis minimum et elle les applique à des projets personnels comme la «Maison de week-end» ou le «Refuge Bivouac». L'étude porte à rendre l'espace le plus fonctionnel et le plus modulable possible.

Son engagement se poursuit pendant les années 30 : proche du Parti communiste, elle ne cache pas ses sympathies qui influencent sa réflexion sur l'architecture moderne, en particulier, la «Maison du jeune homme» en 1935 et différents photomontages comme la «Grande Misère de Paris» en 1936.

De 1952 à 1953, Charlotte Perriand réalise de nombreux programmes d'équipements collectifs, dans le cadre d'une collaboration avec les ateliers Jean Prouvé : en plus d'être fonctionnel, le mobilier se doit toujours d'être «discret et homogène face à l'architecture». Dans cet esprit, elle développe des unités de rangement dès 1948, étudie des cuisines intégrées dès 1947 et des cabines sanitaires dont des équipements suspendus en 1952.

Charlotte Perriand a également marqué l'histoire du design par sa personnalité. Femme libre et passionnée, elle a su intégrer son ouverture à d'autres cultures et son amour pour la montagne à ses réalisations.

Invitée au Japon en 1940, comme conseillère à l'Institut d'art industriel, Charlotte Perriand est très vite séduite par la culture japonaise qui confirme sa vision de l'occupation de l'espace. Dès 1941, elle propose une exposition «Sélection, Tradition, Création» dans les grands magasins Takashimaya à Tokyo et Osaka et, en 1955, elle organise à Tokyo une manifestation «Synthèse des arts» sur l'art d'habiter.
Par la suite elle présente à Paris la Maison Japonaise en 1957 et aménagera l'ambassade du Japon en 1966. La «Maison de thé» qu'elle réalise alors qu'elle a 90 ans, témoigne d'un esprit d'ordre et d'une recherche d'harmonie qui caractérisent l'ensemble de son oeuvre.

Au Brésil, Charlotte Perriand rencontre une autre culture qui la séduit par sa richesse, sa sensualité et son exubérance. Pour l'appartement de fonction de son mari, elle crée des meubles qui reflètent l'exotisme généreux du pays, dont une imposante bibliothèque en jacaranda et panneaux de jonc tressés, une table en forme en bois massif et une table basse circulaire cannée.

Enfin, passionnée de montagne, lieu pour elle d'équilibre physique et moral, Charlotte Perriand a collaboré pendant presque vingt ans, de 1967 à 1986, à la création des stations de ski «Les Arcs».
Intervenant au niveau de l'urbanisme, de l'architecture et de l'équipement intérieurs des appartements, elle privilégie les larges baies vitrées donnant sur l'extérieur, les cuisines ouvertes, les salles de bains préfabriquées en deux coques et une économie très étudiée de l'espace. L'ensemble souligne l'importance accordée à la relation intérieur / extérieur et sa recherche d'un rapport harmonieux entre l'homme et son milieu.

© Centre Pompidou / AChP 2005 - Adagp, Paris 2005

Dossier illustré à l'adresse Internet suivante :
http://www.centrepompidou.fr/education/ressources/ENS-perriand/ENS-perriand.htm

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