D'après une directive européenne destinée à améliorer la qualité de l'eau, toutes les canalisations intérieures en plomb doivent avoir disparues au 25 décembre 2013. Avec 7,5 millions de logements concernés, le délai ne pourra pas être tenu. Les associations plaident pour un report de la date butoir. Explications.

Eradiquer le plomb dans l'eau potable. L'objectif de la Commission Européenne est louable mais pas vraiment réalisable dans le délai imparti. Via une directive réalisée d'après les recommandations de l'Organisation mondiale de la santé, elle laisse aux particuliers jusqu'au 25 décembre 2013 pour faire disparaître de chez eux les canalisations en plomb. Elle espère ainsi faire passer le taux de plomb dans l'eau de 25 microgrammes par litre à 10 microgrammes.

 

2.250 € de travaux en moyenne
Seulement voilà, la date butoir se rapproche à grands pas et beaucoup de propriétaires n'ont encore rien fait. D'après la CLCV, encore 7,5 millions de logements, dont plus de 800.000 uniquement à Paris, seraient encore équipés de canalisations en plomb. En cause : le délai trop court accordé aux copropriétés pour se mettre en conformité mais aussi le coût des travaux à réaliser jugé trop élevé. "Le coût des travaux est estimé en moyenne à 2.250 €. Il s'agit d'une dépense importante pour les copropriétaires qui ont souvent dû faire face à la rénovation des ascenseurs et qui sont amenés à se mobiliser sur la rénovation thermique", dénonce l'association dans un communiqué de presse publié ce jeudi 5 décembre.

 

Pour soulager les particuliers, elle insiste sur la nécessité d'accorder des aides financières. Aides qui pourraient, selon elle, être ponctionnées sur les "importants fonds" accordés aux agences de l'eau. A noter qu'une proposition similaire avait déjà été formulée en mars dernier par l'UFC Que Choisir.

 

La CLCV vient d'en faire part au Premier ministre via un courrier. Elle y réclame également le droit de pouvoir bénéficier d'un report de trois ans pour l'application, comme autorisé dans la directive.

 

Plaidoyer en faveur de la normalisation des tests au plomb
En attendant, les associations, l'ARC en tête, invitent les particuliers à ne pas céder à la panique. L'Association des Responsables de Copropriété rapporte en effet des cas où des locataires auraient assigné leurs bailleurs pour ne pas payer leur loyer sous prétexte que le taux de plomb dans leur eau dépasse le seuil de 10 microgrammes. "Il n'y a aucune sanction prévue, rassure-t-elle, ceci pour la bonne et simple raison que la mesure du taux de plomb dans l'eau est très compliquée et aléatoire". Un avis partagé par la CLCV : "Il faut préciser le protocole d'analyse d'eau que doivent réaliser les copropriétaires. Les résultats d'analyse varient en effet de manière importante selon le moment de la journée où est effectué le test. La normalisation est ici requise afin d'éviter une grande incertitude quant à la validité du test".

 

Autre argument avancé pour rassurer la population : "Il n'y a aucun risque sanitaire en dessous de 25 microgrammes, surtout dans les régions où l'eau est calcaire comme en Ile-de-France", assure l'ARC. Le seuil de 10 microgrammes est en effet jugé trop faible par l'association. Pour étayer ses propos, elle rappelle d'ailleurs que dans certains pays, comme les Etats-Unis, il est fixé à 15 microgrammes.

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