ETUDE. Selon une étude du ministère de l'Economie, les architectes réalisent moins de 5% de leur chiffre d'affaires à l'étranger. Or, elle constate que le positionnement à l'international est un enjeu important du développement économique des entreprises. Elle détaille alors les freins et les leviers à l'exportation. Détails.

Un document, publié en juin 2016, par la Direction générale des entreprises (DGE) du ministère de l'Economie, présente les résultats d'une étude économique sur le positionnement international des cabinets d'architectes. Le premier constat montre que moins de 5% d'entre eux réalisent leur chiffre d'affaires à l'étranger. Comment expliquer cela ? Plusieurs raisons peuvent expliquer cette situation.

 

Une question de taille

 

Selon l'étude, réalisée avec le concours de l'Ordre des architectes, l'ouverture à l'international dépend du secteur d'activité et de la taille des entreprises. Or, cela n'avantage pas les cabinets d'architectes français dont les structures sont souvent très petites. Plus de 80% des cabinets d'architectes de moins de dix salariés n'exportent pas, indique la DGE. Leur faible capacité à exporter s'explique avant tout par la taille moyenne relativement faible et peu adaptée à la conquête des marchés étrangers, ajoute-t-elle.

 

Cette faible taille et la faible capitalisation qui en découle s'expliquent en partie par le cadre légal encadrant l'exercice de l'architecture, explique aussi l'étude. En effet, "dans le souci de préserver l'indépendance des architectes et des sociétés d'architecture à l'égard des intérêts économiques des autres acteurs, la loi impose que le capital des cabinets soit détenu majoritairement par des architectes (ou par des sociétés d'architectures respectant ces contraintes) et que les membres du directoire, les gérants ou les membres du conseil d'administration soient également majoritairement des architectes", précise le document de la DGE.

 

Cependant, à l'inverse, dans les grands cabinets, la part des entreprises n'exportant pas est minoritaire. Ceci s'explique notamment par la création d'entreprises pluriprofessionnelles ayant pour objet l'exercice en commun, au sein d'une même structure, de plusieurs professions réglementées du droit et du chiffre qui a été rendue possible par la loi Macron, du 6 août 2015. Ainsi, en mutualisant leurs moyens et en offrant une gamme élargie de services, ces sociétés pluriprofessionnelles d'exercice (SPE) pourront constituer des outils de développement à l'export.

 

Les freins soulevés

 

80% des cabinets d'architectes interrogés, expliquent ne pas (ou peu) réaliser de prestations à l'étranger en raison du manque d'opportunité. Ils sont également plus de 30% à mettre en avant des capacités financières insuffisantes ou tout simplement déclarer que cela ne fait pas partie de leur stratégie.

 

Autres freins constatés par les professionnels, les différences de pratiques et de réglementations (46%). Ils sont 33% à estimer que les coûts de prospection constituent une entrave importante et 28% pensent que les coûts de prestations sont un frein. Alors que la barrière de la langue n'est évoquée que par 18% d'entre eux.

 

Enfin, ils pointent du doigt le "protectionnisme, la concurrence déloyale, la corruption, l'instabilité politique ou économique". Les actions de soutien à l'internationalisation des pouvoirs publics, des chambres consulaires ou des Ordres sont jugées insuffisantes ou trop cloisonnées par environ 22 % des cabinets.

 

Quels sont les leviers pour favoriser l'ouverture à l'international ?

 

L'étude révèle enfin que les stratégies pour s'ouvrir à l'international varient selon les professions. Ainsi, il est recommandé aux cabinets d'architectes de s'associer à des partenaires locaux déjà reconnus ou de collaborer avec des architectes locaux. Lier des partenariats avec des entreprises françaises ayant des projets à l'étranger peut constituer un atout. Autre possibilité, se spécialiser dans un secteur particulier et ainsi bénéficier d'une stratégie de niche.

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