Selon le Syndicat des entrepreneurs français internationaux (SEFI), fort des nombreuses acquisitions réalisées hors de l'Hexagone, les majors français du BTP devraient conforter leur position de champions du monde du secteur en 2001.

Les groupes français membres du SEFI - qui représentent la quasi-totalité du chiffre d'affaires international des sociétés françaises dans le domaine des infrastructures - réalisent désormais au moins 40% de leur chiffre d'affaires en moyenne à l'étranger, a souligné Jean Monville, président du SEFI (Syndicat des entrepreneurs français internationaux)et Pdg du groupe Spie.

L'année dernière, les majors français ont été particulièrement performants à l'étranger, avec une augmentation de 30% de leurs activités hors de l'Hexagone et un chiffre d'affaires de 19,4 milliards d'euros (127 milliards de francs), a précisé M. Monville. Une progression due pour moitié à l'achat de sociétés étrangères et pour l'autre à des participations dans des contrats locaux.

En 2001, la conjoncture plus morose devrait se traduire, selon les premiers éléments, par une stabilité de ce chiffre d'affaires international.
En revanche, pour 2002, M. Monville prévoit un repli des activités de construction dans le domaine industriel et le recul des projets d'infrastructure de télécommunications, qui avaient dopé le marché mondial au cours des dernières années.

Connus pour de grandioses projets comme la mosquée de Casablanca, l'université de Ryad ou le pont Vasco de Gama au Portugal, les groupes français de construction se sont toutefois rabattus depuis plusieurs années sur des chantiers plus modestes.

En effet, les financements manquent et les groupes français sont nettement plus prudents face aux risques financiers et politiques dans les pays en développement.

"Aujourd'hui, les entreprises comme Bouygues ou Vinci doivent de plus en plus rendre compte devant leurs actionnaires. Le retour sur investissement est regardé de très près" et elles ne peuvent plus se permettre de réaliser des opérations uniquement pour le prestige, indique-t-on au siège du SEFI.

Pour autant, leurs activités à l'international ne s'épuisent pas... bien au contraire. Ainsi, les groupes se sont adaptés et se révèlent principalement présents sur des marchés plus spécialisés, plus techniques et regroupant à la fois construction, exploitation et maintenance, a souligné M. Monville.
Quant aux pays en voie de développement, dont les grands projets d'infrastructures se réduisent comme peau de chagrin, le SEFI, soutenu par ses collègues étrangers, plaide pour la mise en place d'une formule de partenariat public-privé.

Parmi les régions les plus attirantes pour les entreprises françaises, on trouve en priorité l'Asie, l'Amérique du Nord et l'Europe de l'est. En revanche, la tendance est de réduire au maximum les risques en évitant de contracter de nouveaux projets au Moyen-orient et en Afrique.

En termes de répartition géographique, la zone Europe représente aujourd'hui près de 36% des activités, suivie de l'Amérique du Nord (19,2%), de l'Asie/Océanie (remontée à 14,2%), de l'Europe de l'Est (13,6%), de l'Afrique (9,7%). Les parts de l'Amérique Latine et du Proche et Moyen-Orient s'établissent respectivement à 3,5% et 3%.
En termes sectoriels, l'énergie, les routes et les autres infrastructures de transport bénéficient de la plus forte croissance, les autres activités restant stables.

Enfin, Jean Monville a tenu à évoquer les problèmes de transparence du fonctionnement des marchés, notamment publics en rappelant que le SEFI a édité récemment une brochure proposant des outils techniques, comme le "contract bond" permettant, grâce à l'intervention d'un tiers assureur, d'opérer une présélection objective et indépendante de participants à des appels d'offres, possédant toutes les qualifications requises.

"Le "contract bond" qui comporte une "garantie de faire" constitue en outre une sécurité pour le maître d'ouvrage pendant la période de réalisation" indique le SEFI qui salue la poursuite de l'élargissement des textes anti-corruption en cours à l'ONU après la convention OCDE et souhaitent une reprise rapide des négociations sur la transparence des marchés publics à l'OMC.

Jean Mondille a également indiqué que les membres du SEFI étaient favorables à ce que le respect des règles OCDE dans le pays des entreprises attributaires soit une condition de mise en place des financements bilatéraux et multilatéraux.

Jean-Philippe Defawe (avec AFP)


Attirer des fonds privés pour financer des projets de développement

Comment financer des besoins énormes d'infrastructure dans les pays en développement - 2.000 milliards de dollars sur 15 ans - sans risques financiers majeurs ? Pour résoudre cette équation, les entreprises de BTP militent pour une nouvelle formule de Partenariat public-privé (PPP) avec appel de capitaux privés.

Cette solution, qui fait aussi consensus auprès des entreprises anglo-saxonnes, a été défendue jeudi par les grands groupes de BTP français, réunis au sein du SEFI (Syndicat des entrepreneurs français internationaux), au cours d'une conférence de presse.

L'idée maîtresse des PPP est d'orienter les capitaux privés qui circulent actuellement sur les marchés financiers vers des projets d'infrastructure de développement, mais pour ceci, il faut que les projets soient parfaitement sécurisés au travers d'organismes multilatéraux type Banque mondiale, explique-t-on au SEFI .

L'objectif de ces PPP est de financer des projets de développement dans des pays émergents où le risque politique est important et qui ne seront rentables que sur le très long terme. Dans les pays "sûrs", ce type de formule n'est pas nécessaire car bien souvent les assureurs acceptent seuls de financer les contrats.

Mais ce sont les pays qui font partie des plus pauvres du monde qui sont privés de financement car les assurances ne sont pas suffisantes pour couvrir des aléas politiques ou économiques et les entreprises refusent d'investir dans des projets dont la rentabilité n'est pas immédiatement assurée.

Le seul moyen de résoudre ce dilemme est d'orienter les flux privés vers ces projets. Pour attirer les investissements privés, des montages financiers complexes sont proposés via des banques, mais ce mécanisme ne peut fonctionner que si le projet est parfaitement sécurisé et garanti par un organisme multilatéral, indique-t-on au SEFI.

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