La plus grande opération d'urbanisme de la région parisienne des 20 dernières années est dans les starting-blocks. Le cabinet d'urbanisme G3A et la ville de Boulogne-Billancourt ont dévoilé les grandes orientations du projet d'aménagement des terrains laissés libre par le départ de l'usine Renault.

Le nouveau visage de Boulogne-Billancourt, la deuxième ville d'Ile-de-France après Paris, commence à se dessiner. Après avoir été contraint de renoncer à un premier projet rejeté par les riverains - sans compter la polémique lancée par Jean Nouvel dans le journal Le Monde pour dénoncer les manques d'ambitions du projets - Jean-Pierre Fourcade, sénateur-maire de la ville s'est associé au cabinet d'urbanisme G3A pour "mettre en cohérence" des différentes études concernant le vaste terrain Renault de Boulogne et les projets de l'île Seguin, soit quelque 70 hectares. "Nous ne sommes pas dans un champ de betteraves isolé", a expliqué M. Fourcade, dont l'intention est de faire de l'île Seguin "un pôle d'excellence" et de permettre aux habitants de "se retourner vers la Seine".

Rappelons que ce projet avait fait l'objet d'une consultation l'année dernière et que le jury avait retenu dernièrement l'équipe de Christian Devilliers, pour le secteur du pont de Sèvres, et celle de Patrick Chavannes et de Jacques Ferrier pour la rive Billancourt. François Pinault ayant, de son côté, chargé l'architecte japonais Tadao Ando d'édifier sa fondation d'art contemporain.

De grandes orientations ont d'ores et déjà été retenues comme le dédoublement de la RD1 (actuellement située en bordure de Seine), la reconfiguration de l'échangeur du Pont de Sèvres, le lancement de deux nouveaux franchissements pour relier l'île Seguin aux rives, la réalisation d'une ligne de tramways sur pneus, la création d'un parc de 7 hectares au coeur du nouveau quartier, l'amélioration de l'intégration du quartier du Pont de Sèvres dans la ville et l'édification de trois grands équipements structurants.

Plus d'un million de mètres carrés, dont la moitié de logements, devraient être construits à Boulogne et à Meudon, l'Etat ayant exigé qu'un tiers des logements soient de type "sociaux".

Autre assurance, la hauteur des bâtiments, dont celui de la fondation Pinault, déjà dessiné par l'architecte japonais Tadao Ando, sera limitée à 35 mètres. "Il serait absurde de faire des tours d'habitation", a expliqué le maire de Boulogne-Billancourt, selon lequel aucune ville n'a encore procédé à une telle concertation dans un projet d'urbanisme.

Tous ces projets sont donc rassemblés dans une exposition publique qui se tient jusqu'au 2 février 2002 à l'hôtel de ville de Boulogne-Billancourt, mais également sur internet. Le but de cette exposition est de recueillir les réactions et les suggestions des Boulonnais afin d'établir les projets définitifs. "L'objectif est de parvenir, en 2002, à des dossiers juridiquement solides, financièrement équilibrés et techniquement réalisables" indique t-on à la mairie.

Les travaux d'aménagement, ainsi que le tracé d'une ligne de tramway reliant Boulogne à la Défense démarreront en 2003. Ils devraient coûter 300 millions d'euros (2 milliards de francs). Quant aux premiers chantiers, et notamment celui du musée Pinault, ils ne devraient être terminés que fin 2005.

Jean-Philippe Defawe

Exposition "Aménager Billancourt"

Renault va céder quelque 40 hectares

Renault, propriétaire du terrain, a accepté une "cession progressive de l'ensemble des terrains", a indiqué son secrétaire général adjoint Michel Auroy. Après avoir vendu 4,5 hectares au groupe Cisco et à la Cogedim, et cédé 3,2 hectares à la future fondation Pinault, le constructeur automobile devrait céder une quarantaine d'hectares au consortium DBS (Développement Boulogne Séguin) regroupant trois promoteurs immobiliers : Nexicity, Vinci et Hines France.

Cette transaction se fera progressivement (sur une dizaine d'année) et devrait rapporter 610 millions d'euros (4 milliards de francs) au constructeur. Ce dernier, qui emploie encore 4.000 personnes sur place, se réserve toutefois quelques hectares pour construire un nouveau siège social à l'horizon 2010 et va conserver un bâtiment, le "54 métal", qui abritera un centre de communication.

Des vestiges de l'usine, qui employait jusqu'à 25.000 personnes, devraient être préservés, notamment les deux ponts métalliques, seuls accès actuels, le bâtiment X où fut installée la première direction générale et les portes de l'usine.

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