Les magasins-entrepôts, qui défigurent les entrées des villes françaises depuis les années 70, ne sont pas prêts de se transformer en espaces commerciaux plus harmonieux, malgré de nouveaux projets encourageants et une bonne volonté affichée par enseignes et promoteurs.

Ces parcs d'activités commerciales (PAC) de périphérie sont apparus dans les années 70, sous l'impulsion surtout des enseignes d'ameublement à la recherche de locaux grands et bons marchés. Les professionnels surnomment "boîtes" ces bâtiments sommaires mais très rentables, qui ont poussé comme des champignons aux portes des villes, sans aucune unité.

L'Autriche, la Belgique et la France sont les trois pays d'Europe où les PAC sont les plus développés, avec plus de 220 m2 par habitant, selon une étude européenne du le cabinet immobilier international Cushman, Wakefield, Healey and Baker.

Leur présence varie considérablement en Europe, marquant presque un clivage culturel: l'Europe du Nord (sauf la Suisse) est inondée de "boîtes" quand l'Europe du Sud est presque épargnée, avec moins de 40 m2 par habitant, a expliqué le directeur général du cabinet immobilier, Christian Dubois, lors du congrès annuel des centres commerciaux à Paris

C'est en France que les PAC pèsent le plus dans le commerce global: 40% du commerce de détail français est réalisé dans les "boîtes" de périphérie contre 30% en centre-ville et 30% dans les centres commerciaux de périphérie (bâtiment unique regroupant de multiples enseignes).
En Allemagne, la proportion est inversée avec 60% du commerce en centre-ville et 40% en périphérie.

La France, riche d'abondantes terres agricoles constructibles, propose en effet des loyers alléchants : la différence y est la plus grande d'Europe (95%) entre les loyers de périphérie et ceux des rues de centre-ville.

Les PAC représentent un tiers de la surface commerciale française, dont 37% d'enseignes de bricolage, 22% de jardinage, 18% d'équipement de la maison, 13% d'electroménager et 10% d'équipement de la personne.
La Fédération du commerce spécialisé Procos a récemment recensé pour cette année encore 90 nouveaux parc projetés après les 61 créés en 2002.

Mais depuis quelques années le commerce en périphérie s'essouffle. Selon Procos, son chiffre d'affaires a même reculé en 2002. "Les rendements des parcs ont beaucoup baissé depuis quelques années et cette tendace va probablement continuer à moyen ou long terme", a confirmé Christian Dubois.

"Ce commerce cristallise un large consensus de critiques, surtout esthétiques. La laideur de ces zones a empiré au gré de la pauvreté des architectures, de l'obsolescence des bâtiments et de l'incohérence anarchique des enseignes et des panneaux publicitaires", a-t-il souligné M. Dubois.
Aussi depuis quelques temps les enseignes et les promoteurs veulent enfin améliorer les parcs, pour répondre aussi à des consommateurs devenus plus citoyens.

De nouveaux projets viennent d'apparaître, intégrant services, façades unifiées, rues piétonnes, restaurants et verdure, sur le modèle des "retail parks" à l'anglaise, mais ils se comptent encore sur les doigts de la main.

Quand aux parcs existants, la transformation semble hypothétique. "On peut faire des petites améliorations, en aménageant les voies d'accès ou en plantant des arbres, mais nous sommes encore "collés" avec ces paysages pour 50 ans", a pronostiqué Michel Pazoumian, délégué général de Procos, qui travaille sur ce thème avec des maires.

Les parcs d'activité sont en effet généralement détenus par une multitude de copropriétaires, ce qui rend extrêment difficile, voire impossible, une restructuration d'ensemble. Et ces propriétaires sans grande puissance financière ne sont pas près de vendre, vue la rentabilité de l'investissement.
Quand aux communes, elles auraient du mal à se passer de la taxe professionnelle des PAC.

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