Dans son usine d'incinération de Massy (Essonne), Enoris a investi 8 M€ dans un nouveau système lui permettant de brûler du bois en "fin de vie", une ressource encore peu exploitée. De quoi alimenter en partie le troisième réseau de chaleur d'Île-de-France. Explications avec Ziad Nemr, le responsable du département Exploitation de l'entreprise.

La valorisation énergétique des déchets ménagers est largement répandue : elle permet de réduire le coût de traitement grâce au couplage des incinérateurs avec des réseaux de chaleur. C'est le cas à Massy où l'usine, construite en 1969, brûle plus de 87.500 tonnes d'ordures par an afin d'alimenter les 34 km de conduites d'eau chaude qui courent sous la ville et sous Antony. L'installation industrielle dispose de plusieurs chaufferies différentes adaptées à des combustibles variés. "Nous disposons de 2 x 11 MW pour l'incinération de déchets, de 2 x 32 MW pour le bois/charbon utilisés en appoint l'hiver, et de 2 x 22 MW pour le fioul domestique utilisables comme ultime secours", décrit Ziad Nemr, le responsable du département Exploitation d'Enoris (filiale de Engie).

 

Ainsi pourvue, l'usine fournit de l'eau chaude sanitaire et du chauffage à 230 sous-stations et 26.000 équivalents logements. "En tout, 259 GWh de chaleur sont produits ici", annonce-t-il. "Les chaufferie bois de l'usine sont maintenant alimentées au bois en fin de vie ou bois déchet. Il s'agit d'une ordure ménagère dont les fumées doivent être captées au niveau des incinérateurs. Constituée de bois compressé incorporant de la colle, il y a une libération de polluants qu'il faut piéger au moyen de filtres et par l'injection de réactifs, type urée ou ammoniac, et de gaz neutralisants comme le bicarbonate", poursuit le responsable. En tout, 8 millions d'euros ont été investis dans l'adaptation des installations de traitement des fumées et du poste de dépotage.

 

Une ressource abondante localement

 

"Les travaux ont débuté en avril et seront terminés en novembre, à temps pour la saison de chauffe", précise Ziad Nemr. Le bois fin de vie représentera environ 21 % du mix énergétique du chauffage urbain. L'unité de valorisation des ordures ménagères continuera, pour sa part, à assurer le gros de la production de chaleur (47 %), aux côtés du mix bois-charbon (46 %) et du gaz naturel (7 %). Le choix du bois déchet comme combustible permettra de limiter l'impact économique de la volatilité du prix des énergies fossiles et d'assurer un taux réduit de TVA à 5,5 % grâce à une bonne part d'énergies renouvelables et de récupération. L'opération est donc censée réduire à la fois le coût de traitement des déchets ménagers pour les adhérents du syndicat mixte, mais également de baisser le tarif du chauffage urbain pour les abonnés. Un choix judicieux en Île-de-France où la ressource est particulièrement abondante : ameublement, palettes et bois de chantier (étais) seront valorisés localement.

 

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Un impact environnemental sans cogénération

Incinération déchets
Incinération déchets © Grégoire Noble
En revanche, point de cogénération à l'usine de Massy. Ziad Nemr explique : "La technologie n'était pas compatible avec les chaudières, et l'investissement pour les changer était trop cher". En revanche, l'impact environnemental sera tout de même positif, avec entre 18.000 et 20.000 tonnes de CO2 évitées par an grâce aux différentes chaudières de l'unité de Massy.

 

Le réseau de chaleur Simacur :
• 34 km de réseau
• 26.000 équivalents logements alimentés fin 2015
• 68 % d'énergies renouvelables et de récupération (dont 21 % de bois fin de vie)
• 87.000 tonnes/an de déchets ménagers valorisés

Travaux en cours

Incinérateur déchets
Incinérateur déchets © Grégoire Noble
Les travaux d'adaptation de la chaufferie bois de l'usine sont en cours dans la partie "inox" de l'unité. Ils portent principalement sur la gestion des fumées, évacuées par la cheminée (à droite sur le cliché). Il s'agit de capter les polluants largués par les colles ajoutées au bois.

La partie la plus ancienne de l'usine

Incinération déchets
Incinération déchets © Grégoire Noble
La deuxième partie de l'usine, non concernée par les travaux, brûle toute l'année les déchets ménagers de la commune.