Les différences culturelles entre les deux groupements ont finalement été plus fortes que la volonté des dirigeants de donner naissance à un groupe qui aurait pu rivaliser avec Point.P.

Près d'un an et demi après l'annonce officielle d'un "projet de rapprochement" entre les deux groupements, Bigmat et Gédimat ont finalement décidé faire marche arrière. "Nous avons élaboré un projet commun que nous avons ensuite présenté chacun à nos adhérents" explique Yves Martin-Delahaye, président du directoire de Gédimat. "Ce que l'on peut dire aujourd'hui, c'est qu'il n'y a pas eu la même acceptation de ce projet des deux côtés" poursuit-il.
"Nos deux groupements possèdent des cultures différentes et nous n'avons pas réussi à les rapprocher pour aller plus loin" a commenté de son côté Jean-Luc Leroy, directeur général de Bigmat International.

Différences de structures, divergences de vue en matière de stratégie internationale... les hypothèses vont bon train quant aux raisons du "divorce". Si personne ne conteste ces différences, il semble qu'il faille trouver ailleurs les raisons de ce revirement, et notamment dans les modes de fonctionnement des deux groupements. On comprend en effet qu'il soit difficile pour le patron d'un point de vente de changer des éléments aussi fondamentaux que le reversement des bonifications par exemple. "De ce point de vue, nos deux groupements ont une approche très différente" reconnaît Yves Martin-Delahaye.

Pour de nombreux observateurs, si ce rapprochement n'a pas pu avoir lieu, ce n'est que partie remise. "Les faits sont têtus : les négociants en matériaux indépendants ne subsisteront que s'ils forment un groupement pesant 20% du marché (soit un peu moins que le poids de Point.P)" déclarait Gérard Pillaud, président de Bigmat dans la dernière livraison de notre confrère Négoce.

A l'image des grandes surfaces de bricolage, le secteur connaît depuis quelques années un profond mouvement de concentration, principalement dû à la puissance d'acquisition du groupe Point P. La récente arrivée sur le marché des points de vente de Pinault Bois et Matériaux devrait confirmer cette tendance, même si son Pdg, Patrick Berard, déclarait à ses cadres réunis en convention ce vendredi 31 janvier qu'il était "quasi impossible" que son groupe soit vendu à un concurrent hexagonal.

Face à la menace des négociants intégrés, les groupements n'ont pas d'autre choix que de s'allier. C'est ce que pourrait être tenté de faire Bigmat International - non plus avec Gédimat - mais avec le groupe Socoda. Quelques faits le laissent en tout cas présager. Depuis plusieurs années, les deux groupements mutualisent certains achats (fourniture de bureau, assurances auto...) à travers une société commune, la SEAPS. Par ailleurs, le président de Bigmat, Gérard Pillaud, est également adhérent au groupement Socoda. Autre fait troublant : Socoda, qui n'est pas uniquement présent sur le marché du négoce en matériaux, envisage des rapprochements dans d'autres secteurs, comme l'électrodomestique avec Proxy. Enfin, Bigmat France vient récemment d'emménager dans des locaux parisiens dont le propriétaire - qui s'est réinstallé à proximité - n'est autre que... Socoda..

Jean-Philippe Defawe

Bigmat International
CA : 1,2 milliard d'euros
520 points de vente

Gédimat
CA : 1,2 milliard d'euros
380 points de vente


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