CERTIFICATIONS. La construction basse consommation totalise près de 860.000 logements en France, qu'il s'agisse de BBC-Effinergie, BBC-Effinergie Rénovation, Effinergie+ ou des différents Bepos-Effinergie. En tout, huit labels déployés depuis plus de 10 ans, qui représentent un large éventail de performances. Panorama.

La construction basse consommation, symbolisée par les huit labels Effinergie, représente en tout 70.000 opérations sur tout le territoire, dont près de 69.000 opérations de logements pour un total de 860.000 logements et 1.666 opérations tertiaires soit 12,8 millions de mètres carrés de bureaux.

 

 

Le plus ancien de ces labels, "BBC-Effinergie" représente à lui seul 79 % de ces chiffres, avec plus de 682.000 logements répartis dans 66.000 opérations et 1.000 opérations tertiaires soit 6,6 millions de m². Rien de plus normal, puisque ce label est apparu voilà plus de 10 ans et qu'aujourd'hui "en maisons individuelles, 99 % des logements ont été livrés et certifiés". Les niveaux de performances demandés à l'époque représentent aujourd'hui le niveau de base de la RT2012. D'où le report sur des labels plus exigeants et plus récents.

 

Plus les performances sont élevées, moins le nombre de réalisation l'est

 

C'est le cas de "Effinergie+" qui concerne désormais près de 1.000 opérations d'habitations, soit plus de 45.100 logements. Comme l'annonce l'association, "depuis 2016, plus de 160 opérations ont déposé, chaque année, une demande de certification". En 2017, ce sont donc près de 11.000 logements collectifs qui ont été concernés par ce label. Dans le secteur tertiaire, près de 200 opérations représentant 2,4 millions de m² sont en cours de certification. L'Observatoire BBC note : "Elles sont à 82 % sous maîtrise d'ouvrage privée et se répartissent sur quatre régions : Île-de-France (49 %), Auvergne-Rhône-Alpes (14 %), Bretagne (8 %) et Hauts de France (8 %)".

 

Encore plus exigeante, la labellisation "Bepos-Effinergie 2013", lancée voilà 5 ans, regroupe une centaine d'opérations qui totalisent 2.800 logements. "Par ailleurs, l'année 2017 a été l'année qui enregistre le plus grand nombre de dépôts de dossiers dans le secteur résidentiel", note l'Observatoire. Concernant le tertiaire, ce sont près de 500.000 m² qui sont en cours de certification, soit 89 opérations. Huit ont été livrées en France. Les trois labels les plus récents, lancés au début de 2017, sont encore plus confidentiels. "Après un peu moins d'un an d'existence, deux bâtiments ont été livrés et certifiés", précise l'association. Il s'agit de la maison Ecolocost et des bureaux LowCal déjà évoqués par Batiactu. Au total, treize bâtiments dont deux maisons individuelles, représentant en tout 325 logements, sont concernés par ces labels "Bepos+ Effinergie 2017" (équivalent à E4C1 dans l'expérimentation E+C-), "Bepos Effinergie 2017" (E3C1) et "BBC Effinergie 2017" (E2C1). Dans le tertiaire, ce sont plus de 243.000 m² répartis dans 18 bâtiments qui sont engagés dans la démarche.

 

Mettre l'accent sur la rénovation plutôt que sur la construction

 

En rénovation cette fois, les labels "BBC-Effinergie Rénovation" et "Effinergie Rénovation" sont en cours d'attribution pour près de 130.000 logements, répartis dans plus de 2.000 opérations sur le territoire. Ces rénovations basse consommation concernent principalement des immeubles de logement collectif qui se composent en moyenne de 72 appartements. Dans le secteur individuel, le marché est porté par des maisons groupées (2.000) bien plus que par les maisons dans le diffus (200). "Avec 288 dossiers déposés, regroupant plus de 26.000 logements, l'année 2017 est de loin l'année qui a enregistré le plus de demandes de certification BBC-Effinergie Rénovation", commentent les auteurs de l'Observatoire. La moyenne annuelle se situait auparavant aux alentours de 14.500 logements rénovés par an. Du côté du tertiaire, ce sont près de 400 opérations représentent une surface totale de 3,4 millions de m² qui sont en cours de certification. Des projets de bureaux, situés principalement en Île-de-France et majoritairement sous maîtrise d'ouvrage privée (92 % des cas).

 

 

L'association Effinergie a d'ailleurs participé à la consultation lancée par le gouvernement autour du Plan Rénovation. Elle a formulé douze propositions afin de parvenir à massifier le nombre de ces opérations, tout en notant deux priorités : "Plutôt que d'annoncer une lutte contre la précarité, il faut lutter contre les passoires thermiques, quel que soit le public concerné (…) Effinergie insiste sur l'importance de rénover plutôt que de construire car l'impact carbone d'une rénovation est sans commune mesure avec celle d'une construction neuve surtout quand un on y ajoute la démolition préalable". Parmi ces propositions, l'association recommande d'instaurer un co-pilotage Etat-régions plutôt qu'un plan descendant verticalement et d'orient les soutiens techniques et financiers vers du BBC ou du BBC-compatible. Effinergie propose de s'appuyer sur son expertise et les retours d'expériences de son Observatoire pour définir cette dernière notion. L'objectif de toute rénovation - résidentielle ou tertiaire - devra être l'atteinte du niveau de consommations BBC Rénovation, au minimum. L'Anah pourra disposer d'un certain nombre de rénovations globales BBC tandis que les copropriétés bénéficieraient d'un accompagnement spécifique.

 

Autre proposition, qualifier les auditeurs et passeports de la rénovation en incluant un volet "ventilation" indispensable pour la qualité de l'air et pour éviter des pathologies. L'association estime que l'instauration d'un système de bonus-malus lors de la mise en vente d'un logement pourrait encourager les rénovations de biens peu performants thermiquement. Elle souligne également, et contrairement à ce que propose Philippe Pelletier du Plan Bâtiment Durable sur une marque ombrelle de la rénovation : "Plutôt qu'une marque, il est nécessaire de définir au préalable une stratégie marketing sur la rénovation. Toute communication doit être au service de cette stratégie et ne pas vouloir se substituer aux communications déjà existantes en régions". Enfin, Effinergie envisage que soit modifiée la réglementation thermique dans l'existant "afin d'avoir une seule méthode de calcul dans le neuf et la rénovation" mais en s'adaptant à la situation particulière de la rénovation. Le développement d'un réseau de conseillers en énergie partagés (CEP) est également souhaité par l'association qui note que ces acteurs pourraient apporter une expertise mutualisée aux collectivités pour diminuer leurs consommations énergétiques.

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