La Société Générale, le groupe Banque Populaire, Crédit Agricole SA et BNP Paribas réitèrent une proposition faite à plusieurs reprises au ministre des Finances : «généraliser la distribution du livret A à l'ensemble des établissements bancaires». L'objectif étant d'apporter de meilleures conditions de financement pour de nouveaux logements.

«La France souffre depuis plusieurs années d'un grave déficit de construction de logements destinés aux primo-accédants et aux populations défavorisées», constatent les banques dans un courrier adressé vendredi au Premier ministre Dominique de Villepin, et dont l'AFP a obtenu une copie jeudi.

Affirmant partager avec lui «la conviction qu'un grand programme permettant de construire, à des conditions de financements privilégiées, de nouveaux logements, est indispensable», la Société Générale, le groupe Banque Populaire, Crédit Agricole SA et BNP Paribas réitèrent une «proposition faite à plusieurs reprises au ministre des Finances : Généraliser la distribution du livret A à l'ensemble des établissements bancaires». Elles précisent que cela se ferait «dans les mêmes conditions de centralisation et d'emploi des fonds par la Caisse des Dépôts et Consignations, mais avec une commission de distribution ramenée à 0,8%». Selon les banquiers, à ce niveau de commissionnement des établissements collecteurs, le coût de financement des logements sociaux baissera de 10%.

Les fonds du Livret A, collectés par les Caisses d'Epargne et La Poste sont gérés par la Caisse des dépôts et servent à financer le logement social. En rémunération de cette mission, l'Ecureuil perçoit une commission de 1,1% et La Poste de 1,4%. Le ministère des Finances a indiqué jeudi à l'AFP que la commission des trois banques qui distribuent le Livret A et le Livret Bleu sera abaissée de 0,10% à compter du 1er novembre afin d'alléger le financement du logement social. Une annonce qui, selon une source bancaire, «ne répond absolument pas aux besoins» en matière de financement du logement social. «Ce que nous proposons, c'est d'abaisser le coût de la collecte, non pas de 10 centimes, mais de 30 centimes encore en dessous», souligne cette source.

Si le gouvernement ne retient pas la proposition des banques, c'est qu'il «a fait le choix de la banque postale (qui doit regrouper les activités bancaires de La Poste, ndlr) plutôt que celui de l'éradication des taudis», juge, amère, cette source. Car derrière l'argument du logement social, c'est en réalité l'exclusivité accordée aux Caisses d'Epargne et à La Poste qui irrite les banques qui n'ont eu cesse, depuis une quinzaine d'années, de dénoncer ce qu'elles considèrent comme une distorsion de concurrence. Et dans le contexte de la création prochaine de la banque postale, contre laquelle le Crédit Agricole a déposé plainte début septembre à Bruxelles, les couteaux sont tirés. Une deuxième source bancaire constate que «les Caisses d'Epargne, le Crédit Mutuel (distributeur exclusif du Livret Bleu, ndlr) et La Poste sont pleinement entrés dans le jeu concurrentiel». «Pourquoi dans cet univers concurrentiel où tout le monde doit lutter à armes égales, auraient-ils le monopole de la distribution d'un livret réglementé», s'interroge-t-elle.

Pourtant, distribuer le Livret A paraît peu avantageux: sur les 24 millions de Livret A de la Caisse d'Epargne, environ 72% ont un encours moyen égal ou inférieur à 1.500 euros. L'encours du Livret A, détenu par près de 46 millions de Français, était de 112,96 milliards d'euros à fin août 2005.

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