INCOMPREHENSION. A la suite de l'annonce du doublement des plafonds de chiffre d'affaires pour les micro-entrepreneurs (ex-autoentrepreneurs), l'Union des entreprises de proximité (U2P) a à son tour exprimé son incompréhension et son inquiétude. De la même manière que de nombreux lecteurs de Batiactu.

Quelques jours après l'annonce, par le ministre de l'Economie Bruno Le Maire, du doublement des plafonds de chiffre d'affaires pour les micro-entrepreneurs (ex-autoentrepreneurs), la polémique ne désenfle pas. A la suite des réactions de la FFB et de la Capeb auprès de Batiactu, c'est au tour de l'Union des entreprises de proximité (U2P) de faire connaître sa position par communiqué de presse.

 

"L'U2P exige de toute urgence la tenue d'une réunion de concertation avec le ministre afin d'éclaircir et de préciser les intentions de Bercy", peut-on y lire. L'organisation professionnelle tire également un bilan très négatif du régime de l'auto-entrepreneur. "Alors qu'il était censé booster la création d'entreprise, il a mis un coup d'arrêt au développement des entreprises de droit commun. Alors qu'il avait vocation à relancer l'emploi en incitant chacun à créer son propre emploi, ce régime a, dans les faits, accéléré les suppressions d'emplois dans les entreprises victimes de concurrence déloyale. Souffrant d'un manque de transparence, le régime de l'auto-entreprise a suscité une multiplication des comportements frauduleux", assène l'U2P.

 

"Les entreprises de droit commun devraient aussi être exonérées de TVA"

 

L'organisation s'affirme également en opposition à "toute augmentation du seuil de franchise de TVA". "L'U2P exige le respect du principe d'équité car si une telle mesure devait se concrétiser les entreprises de droit commun devraient, au minimum, elles aussi être exonérées de TVA."

 

Les lecteurs de Batiactu ont également été extrêmement nombreux à réagir à la suite des annonces de Bruno Le Maire. Le ressenti de la majorité d'entre eux est que cette décision va porter un rude coup à l'artisanat en France. Pourquoi ? Car le doublement des plafonds devrait décupler l'effet de concurrence déloyale initié par le statut d'auto-entrepreneur. "Ce statut avait initialement été institué pour une augmentation du pouvoir d'achat et pour 'légaliser' du travail clandestin, pas pour devenir une concurrence supplémentaire aux entreprises artisanales", regrette ainsi Maryline Maussion, lectrice de Batiactu. "Autre souci : les micro-entrepreneurs paient peu de cotisations,ce qui représentera fatalement peu de prestations, et comme nous sommes dans une société de répartition, nous devrons encore faire des efforts pour permettre un niveau de prestation minimal garanti. Au final, nous sommes une poignée d'esclaves à s'éreinter au travail, à crouler sous les charges, sous les réglementations... Tout cela pour entretenir tout un pan de la société."


Un régime qui encouragerait le travail au noir


Un constat en partie partagé par d'autres lecteurs, comme David Hiribarne. "Comment voulez-vous mettre en concurrence deux entités ayant vingt points d'écart sur leur offre de prix avant même de connaître leurs prestations et leurs savoir-faire ?" "Nous savons tous très bien que la grosse majorité des autoentrepreneurs dans le bâtiment font du black a tour de bras", affirme pour sa part Eric Serin, qui se dit "artisan dégoûté".

 

Pour autant, d'autres lecteurs de Batiactu se disent satisfaits du régime de micro-entrepreneur. C'est par exemple le cas de Pascal Tellier, qui assure ne pas avoir recours au travail au noir. "Pendant neuf années j'étais en EURL, je n'y arrivais pas, comptabilité, RSI, etc. Aujourd'hui je suis micro-entrepreneur et je revis, tous mes comptes sont au vert. S'il fallait recommencer je n'hésiterais pas", affirme-t-il. Expérience comparable du côté de Vincent Rosello. "Je suis en micro-entreprise depuis maintenant quatre ans, après treize ans en SARL et EI et franchement je ne regrette pas du tout mon changement", avance-t-il. "Les gens parlent de travail au black : que l'on soit en micro ou autre, tout le monde en fait."

 

Enfin, remarquent de nombreux lecteurs, doubler les plafonds a un avantage évident pour l'Etat : récolter davantage d'impôts, calculés en pourcentage du chiffre d'affaires dans le cas de la microentreprise.

actionclactionfp