Grenelle de l'environnement, Plan Bâtiment, éco-construction, développement durable… Autant de notions que l'artisan d'aujourd'hui doit intégrer pour exercer son métier dans les règles de l'art. Mais la portée de l'enjeu durable est-elle comprise de tous ? Comment les artisans appréhendent-ils les mesures du Grenelle ? Eléments de réponse avec l'étude CER France/Ipsos.

Le réseau associatif de conseil et d'expertise comptable CER France a confié à l'institut de sondage Ipsos la réalisation d'une enquête intitulée « Les artisans du bâtiment et l'éco-construction »*. Au programme, mettre en lumière les véritables enjeux du Plan Bâtiment et mesurer l'émergence de l'éco-construction. Lancé en janvier 2009, celui-ci - dont la mission est la mise en œuvre et le déploiement des mesures du Grenelle en matière de réduction des gaz à effet de serre et des consommations d'énergies - a modifié la donne de la construction dans son ensemble : réglementations, normes, financement, formations… Face à cela, les artisans ont pu se trouver démunis.

 

120.000 emplois d'ici à 2 ans
L'étude CER France/Ipsos révèle ainsi que 42% des artisans du bâtiment interrogés perçoivent les mesures du Plan comme une opportunité pour leur entreprise. Si certains envisagent des recrutements (22%), cela représenterait, d'ici à deux ans, une moyenne de 1.7 salarié supplémentaire, soit 120.000 emplois au total créés dans le secteur du bâtiment. Et c'est notamment les régions du Nord-Ouest (31%) et du Sud-Ouest (22%) qui seraient les plus dynamiques dans ce domaine. Embaucher implique investir : et côté coût d'investissement, les artisans interrogés estiment à 58% qu'ils seront faibles, contre 33% qui craignent qu'ils ne soient élevés.

 

Le Plan Bâtiment est donc en marche et a d'ores et déjà suscité des vocations et engendré des chantiers « verts ». Ainsi, l'étude CER France/Ipsos précise que 4 entreprises sur 10 réalisent déjà des chantiers « éco-construction ». En outre, 23% pensent en effectuer d'ici un ou deux ans, tandis que 28% des artisans préfèrent attendre « le plus longtemps possible » avant d'avoir à en accomplir un. Là encore, ce sont les régions du Nord-Ouest (45%) et du Sud-Ouest (45%) qui font figure de pionniers, alors que l'Ile de France les talonne avec 38% d'artisans déjà convertis à l'éco-construction, 36% dans le Sud-Est et 31% dans le Nord-Est. Une conversion à l'éco-construction qui se heurte néanmoins à trois obstacles principaux. En effet, les artisans interrogés ont noté une faible demande de la part des acheteurs (57%), de nombreuses difficultés à obtenir des aides financières (35%) et un manque crucial de formation et d'accompagnement (33%). Viennent ensuite la nécessité d'investir dans de nouveaux équipements (26%) et l'insuffisance des effectifs de l'entreprise (19%).

 

Le label: pas encore une évidence
Cependant, rien n'est perdu puisque 44% des artisans de l'étude estiment que le développement durable est une donnée importante, voire primordiale (25%), dans la pratique de leur métier au quotidien. Certains vont même plus loin et ont mis en place des actions concrètes comme le tri sélectif des déchets (88%), l'amélioration des conditions de travail et du bien-être des salariés (63%), la réduction des consommations d'électricité (54%) ou d'eau (44%)… Le passage à l'acte « durable » - s'il est réel dans les faits - n'en est encore qu'à ses débuts en matière d'obtention de labels ou de certification environnementale. L'étude indique que seuls 6% des artisans déclarent que leur entreprise en bénéficie, et que 17% envisagent d'en obtenir dans les deux prochaines années. En revanche, ils sont 75% à affirmer ne pas en vouloir à l'heure actuelle. Parmi les labellisations déjà prisées, Qualisol arrive en tête (28%), suivie de QualiPV (18%), Qualibois (12%) et Eco Artisan® (9%). Pour les entreprises qui envisagent prendre un label, Eco Artisan® est plébiscité (11%), de même que Qualibat (6%), Label Eco (6%) ou Qualisol (5%).
L'objectif in fine de CER France était de pouvoir donner du crédit à sa nouvelle offre dédiée aux artisans du bâtiment, qui sera disponible le 18 octobre prochain.

 


(*) Enquête téléphonique réalisée par Ipsos du 14 au 17 septembre 2010, auprès d'un échantillon national représentatif de 500 artisans du bâtiment d'entreprises de 0 à 5 salariés, selon la méthode des quotas.

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